Prudhomme: "Il faut qu'on aille au bout"
Armstrong vous a-t-il surpris ?
"On n'aurait pas imaginé voici quelques semaines qu'il fasse des aveux publics. Mais, après les bruits, ce qu'il a dit ne surprend personne. C'est une confirmation. Après des années de dénégations, il a d'une certaine manière enfin dit oui. Mais on ne sait rien du système dénoncé par le rapport de l'Agence antidopage américaine (Usada) qui parlait d'un système accablant. Il faut qu'on en sache plus là-dessus, qu'on aille au bout des choses de telle manière que cela ne puisse plus se reproduire."
Comment l'avez-vous trouvé ?
"C'est un visage qu'on a toujours vu, l'air peut-être un peu plus pincé parfois, c'est tout. On aurait pu imaginer voir un visage différent. Le fait que les aveux soient découpés, qu'il y ait eu un battage phénoménal qui marche d'ailleurs remarquablement, c'est quelque chose qui est vraiment étudié à l'évidence avec ses avocats. On a eu droit à un exercice de communication millimétré avec des réponses à l'évidence étudiées. Il faut aujourd'hui qu'on aille au bout. On ne peut pas se doper comme il l'a fait pendant des années sans complicité. Le coureur ne doit pas être le seul à payer, nous le disons depuis longtemps."
Le Tour va-t-il demander des dommages-intérêts ?
"S'il dit +Oui, je me suis dopé+, il devrait de lui-même rendre l'argent, ça me semblerait assez naturel. Cet argent ne reviendra pas à l'organisateur mais (sera) dévolu à des activités antidopage ou à la formation des jeunes. Il y a eu préjudice sans aucun doute, mais il faut maintenant se tourner vers l'avenir. Armstrong, c'est clairement du passé, il est rayé des palmarès. Il faut se tourner vers l'avenir, mais il est nécessaire qu'on en sache plus, qu'il en dise plus."
Ce cyclisme -là a-t-il disparu ?
"Aujourd'hui la situation a beaucoup changé. Ce n'est pas un monde parfait, mais le monde parfait n'existe pas, ni dans le sport ni ailleurs. Les changements ont été bien réels avec le passeport biologique, les contrôles ciblés et récurrents. On a vu des coureurs d'importance tomber ces dernières années, ça veut donc dire que ça marche. Aujourd'hui, les tricheurs doivent savoir que, tôt ou tard, s'ils trichent, ils tomberont. Quand on voit les mensonges du passé et le cyclisme à venir, on peut être plein d'espoir."
Croyez-vous Armstrong quand il dit qu'il ne s'est pas dopé en 2009 et 2010 ?
"J'ai la conviction que les choses ont changé. En revanche, nous devons faire attention à ce qu'il dit. Il a menti pendant des années. D'un seul coup, il ne dit pas toute la vérité non plus. Je le répète, c'est une grande opération de communication millimétrée."
Faites-vous toujours confiance à l'UCI (Union cycliste internationale) dont les dirigeants de l'époque ont été mis en cause ?
"On ne sait pas encore ce qu'Armstrong a pu dire ou ne pas dire. On doit en savoir plus. Qu'a fait l'entourage d'Armstrong ? Il y a d'autres procès qui se préparen. J'aimerais bien savoir si le manager de Lance Armstrong (Johan Bruyneel) était au courant ou pas. J'ai ma petite idée là-dessus."
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