Puncheur ou sprinteur : qui pour s'offrir Milan - Sanremo ?
Comme chaque année, l’arrivée du printemps lance la première page des grandes classiques. Milan Sanremo (291 km), ou l’un des Monuments les plus indécis de ces dernières années. Du succès d’Arnaud Démare au terme d’un sprint massif (2016) à l’envolée solitaire de Vincenzo Nibali l’an passé dans le Poggio, en passant par Michal Kwiatkowski, vainqueur d’un souffle devant Sagan et Alaphilippe en 2017, cette Primavera 2019 n’échappe pas à son lot d’incertitudes. Entre puncheurs ambitieux et sprinteurs aux dents longues, les concurrents sur la première classique de l’année seront nombreux
Puncheurs : Alaphilippe tête de liste
Qui d’autre ? Vainqueur des Strade Bianche pour sa première participation avant d’enchaîner deux victoires d’étapes sur Tirreno-Adriatico, Julian Alaphilippe (Deceuninck-QuickStep) est le grand bonhomme de ce début d’année 2019 et, forcément, l’un des favoris à la victoire finale du côté de San Remo. "Milan-San Remo, j'entends parler que de ça. Je sais que je fais partie des favoris, mais j'essaie de m'en détacher" a confié Alaphilippe dimanche dernier sur La Chaine l’Equipe, lui qui s’était distingué il y a deux ans en terminant sur le podium de la Primavera derrière Kwiatkowski et Sagan.
S’il assure simplement vouloir simplement faire "la meilleure course possible", le Français aborde ce premier Monument de la saison au sommet de sa forme. L’air italien semble particulièrement plaire au coureur de 26 ans. S’il doit ses six victoires cette saison en grande partie à son talent de puncheur, il a aussi su montrer ses capacités à s’imposer au milieu des grosses cuisses du peloton, levant les bras au nez et à la barbe des sprinteurs pur jus du peloton sur la 6e étape du Tirreno. Sans réelle lacune, Alaphilippe sera évidemment très attendu si la course s’anime dans le Poggio, au sein d’une équipe Deceuninck - Quick Step (18 victoires cette saison) qui semble avoir oublié ce que le mot "perdre" voulait dire.
Si Peter Sagan apparaît comme l’un des principaux rivaux de Julian Alaphilippe (voir par ailleurs), quelques outsiders auront eux aussi leur carte à jouer en cas d'explosion dans le Poggio. A commencer par Vincenzo Nibali. Vainqueur l'an passé après un show magistral sur le Poggio, l'Italien sera-t-il capable de réaliser le doublé ? "Je sais que ce ne sera pas facile de réussir à nouveau comme l’an passé, mais j’essaierai à nouveau" a-t-il confié, alors que son équipe pourrait également être tentée de jouer la carte Sonny Colbrelli.
S'il a pris pour habitude de briller en avril sur les pavés, Greg Van Avermaet (CCC) est capable de tirer son épingle du jeu sur un parcours qui ne lui a pas toujours réussi (deux tops 10 en 11 participations). Michal Kwiatowski mènera lui l'équipe Sky pour tenter de briguer un deuxième succès sur la Primavera après 2016. Le champion du monde Alejandro Valverde (Movistar), longtemps incertain en raison d'une maladie contractée sur l'UAE Tour, sera lui aussi de la partie. D'autres hommes de Grand Tour seront présents comme Tom Dumoulin (Sunweb), qui n'a jamais fait mieux qu'une 15e place sur une classique (à Liège-Bastogne-Liège l'an passé), ou encore Romain Bardet (AG2R La Mondiale), venu avant tout pour "prendre du plaisir", six ans après sa première participation.
Sprinteurs : Sagan, Viviani et Ewan en embuscade
Comme chaque année, son nom ressort d’entrée quand il faut nommer les principaux favoris à la victoire finale sur Milan Sanremo. Capable de jouer les premiers rôles sur un sprint massif comme sur une arrivée décousue en cas d’attaque dans le Poggio, Peter Sagan (Bora-Hansgrohe) a un profil qui fait de lui le prototype parfait d’un vainqueur de Milan-Sanremo. Souvent placé (4 top 5 dont deux deuxièmes places en 2013 et 2017), il n’a pourtant jamais levé les bras sur la Primavera en huit participations. Une anomalie qu’il espère bien réparer dès samedi. La principale interrogation tourne autour de la forme du triple champion du monde. Avec une seule victoire en 2019 sur Tour Down Under, le Slovaque a démarré cette saison dans l’ombre des ogres du peloton. Diminué par un virus sur Tirreno-Adriatico, une course qu’il affectionne, Sagan n’a pas glané de bouquet mais a montré, même affaibli, qu’il était capable de rivaliser avec les meilleurs en terminant 2e et 5e des deux étapes réservées aux sprinteurs.
Quels sprinteurs pour rivaliser avec Peter Sagan en cas de sprint massif à Sanremo ? Si les prétendants sont nombreux, Elia Viviani (Deceuninck-QuickStep) et Caleb Ewan (Lotto-Soudal) n’ont pas hésité à clamer haut et fort leur ambition de s’imposer sur la Primavera. Derrière Julian Alaphilippe, Viviani est l’autre gros prétendant d’une armada Deceuninck - Quick Step prête à jouer sur tous les tableaux. "J'ai fait le plein de confiance ces dernières semaines. Je me sens bien et avec Tirreno dans les jambes, je suis prêt pour cette course", a confié celui qui a déjà levé quatre fois les bras cette saison dans des propos rapportés par La Dernière Heure. S’il n’a jamais été en mesure de s’imposer, avec une 9e place en 2017 comme meilleur résultat, l’Italien rêve plus que jamais d’une victoire sur ses terres.
Caleb Ewan a lui une revanche à prendre, après avoir réglé le sprint du peloton l’an passé, quelques mètres derrière le vainqueur Vincenzo Nibali. Une deuxième place au gout amer pour l’Australien, qui affiche clairement ses ambitions pour cette 110e édition. "C'est sûr que je veux faire mieux. (…) Je vais clairement viser la victoire." Vainqueur d’un seul succès cette saison sur l’UAE Tour et débordé par Groenewegen et Bennet sur Paris-Nice, l’Australien, qui a fait de Milan-Sanremo son "premier gros objectif de la saison", tentera d’offrir à l’Australie un troisième succès sur la Primavera après le doublé de Goss (2011) et Gerrans (2012).
Derrière les trois ogres, les outsiders sont nombreux. A commencer par Arnaud Démare (Groupama-FDJ), vainqueur en 2016 et 3e l’an dernier. Toujours à la recherche d’une victoire cette saison, le Français s’est rassuré sur Paris-Nice et arrive en Italie avec des ambitions. Un Paris-Nice où Sam Bennett (Bora-Hansgrohe) a brillé avec deux victoires d’étapes et qui, derrière Sagan, ressemble à bien plus qu’un plan B pour la Bora. Dylan Groenewegen (Jumbo-Visma), qui fait ses débuts sur la Primavera, le vainqueur de 2015 John Degenkolb (Trek-Segafredo), Michael Matthews (Sunweb), Fernando Gaviria (UAE), Matteo Trentin (Mitchelton-Scott), Sonny Colbrelli (Bahrein-Merida) seront eux aussi évidemment à surveiller.
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