Rodriguez, bientôt roi d'Espagne ?
Contador-Rodriguez: La cigale et la fourmi
Le duel annoncé entre Alberto Contador et Christopher Froome s'est transformé en mano à mano entre le "Pistolero" et Joaquin Rodriguez. "Purito" confirme ses progrès sur les épreuves de trois semaines après sa 7e place sur le Tour de France 2010, et surtout sa 2e place sur le Giro cette année, juste derrière (16 secondes) Ryder Hesjedal. Sur cette Vuelta 2012, le leader de la Katusha a trouvé un parcours idéal pour ses qualités de puncheur. Sur les forts pourcentages du Cuitu Negru, le coureur de la Saxo-Bank a encore échoué à décramponner son compatriote. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir tenter: "Alberto a attaqué combien de fois ? 32, 33 ?" ironisait Rodriguez à l'arrivée de la 15e étape aux Lacs de Covadonga. Mais sur ce Tour d'Espagne, une ombre plane sur Alberto Contador. Pas celle du dopage, plutôt celle d'une fourmi rouge arquée sur son vélo qui ne le lâche pas d'une semelle. Dans ce dernier Grand Tour de la saison, Rodriguez ne cherche pas à écraser la course. Peut-être ne le peut-il pas ? Toujours est-il que sa tactique n'a pas bougé d'un iota depuis 15 jours: coller aux basques de Contador et le crucifier pour aller chercher les bonifications distribuées à l'arrivée. L'efficacité est de mise pour un coureur plus fougueux que calculateur les années précédentes. En somme, "Purito" laisse à Contador le soin de dynamiter la course et récolte les fruits de son pragmatisme sur les lignes d'arrivée.
Revenu à la mi-août à la compétition, Alberto Contador reconnaît lui-même qu'il lui manque "ce petit quelque chose en plus" qui lui permettrait de s'envoler comme il avait l'habitude de le faire avant sa suspension. Manque de compétition? Six mois d'entraînements intensifs ne remplacent pas le rythme de la compétition. Surtout face à une concurrence bien décidée à faire chuter le "roi". Rodriguez, avec son fidèle lieutenant Dani Moreno, Froome et Valverde ont tous cherché à un moment ou à un autre l'affrontement direct avec le coureur de Pinto. Pourtant, Alberto est toujours là et pourrait profiter de l'avant-dernière étape et la terrible ascension de Bola Del Mundo pour remporter son cinquième Grand Tour et changer la morale de l'histoire.
Froome-Valverde: le lièvre et la tortue
Derrière les deux leaders, la lutte pour la dernière marche du podium a longtemps été indécise. Mais aujourd'hui, Alejandro Valverde a posé un pied sur la "boîte". Christopher Froome paye ses efforts du mois de juillet dans cette 3e semaine. Le 2e du Tour de France a cru pouvoir jouer la victoire mais sa première semaine dominatrice était un trompe l'il. Ironie de l'histoire, c'est Valverde, victime d'un mauvais coup de la Sky sur les routes de Valdezcaray, et en retrait au général depuis, qui a récupéré la place du "Kényan blanc". Nul doute que rien ne fait plus plaisir au Murcian que ce changement de physionomie. Pour Froome, le coup est rude. Deuxième de la Vuelta 2011 après avoir longtemps joué la carte Wiggins, deuxième du Tour de France 2012 alors qu'il semblait au moins aussi fort que son leader, il voit encore passer une occasion d'ouvrir son palmarès. Au courage et à l'abnégation, Valverde est revenu au niveau de Froome pour finalement le dépasser et jouir, à cinq jours de l'arrivée à Madrid, d'une avance confortable (2min 48sec). Rien ne sert de courir...
Le parcours: à saute-mouton vers Madrid
Les organisateurs en ont-ils trop fait ? Coup de cur pour certains, coups de gueule pour d'autres, le parcours de cette 67e Vuelta fait parler dans le peloton. Angelo Zomegnan, le controversé directeur du Giro 2011, avait été durement critiqué pour son parcours jugé inhumain par les coureurs et les suiveurs. Pourtant cette Vuelta 2012 n'a rien à envier à ce Giro de folie. Dix arrivées en altitude sur 21 étapes mais surtout des véritables murs comme le Cuitu Negru et ses trois derniers kilomètres à plus de 18% de moyenne ou encore le Bola del Mundo, qui servira d'ultime juge de paix du duel Contador-Rodriguez samedi, avec ses passages à 23%. Suffisant pour redorer l'image d'une course souvent considéré comme un lot de consolation pour les déçus du Tour, le parcours est pour beaucoup dans le spectacle exceptionnel offert par les leaders. Néanmoins, ASO et les instances internationales vont devoir répondre à une question: où est la limite ?
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