Tour de France. Panache et larmes : Romain Bardet endosse le maillot de meilleur vainqueur
Le Tour de France a vécu un moment de grâce. De ces instants qui font basculer des éditions médiocres en grands crus. De ces victoires qui propulsent des carrières vers les sommets. Romain Bardet n'a pas simplement remporté un succès de prestige ce vendredi sur le Tour de France. Il est entré dans l'histoire du Tour. Propulsé en quelques kilomètres de course en héros de cette 103e édition. Assurément, il y aura un avant et un après St-Gervais Mont Blanc dans sa carrière. Le Français a livré un récital pour s'imposer en solitaire. Une leçon d'opportunisme et d'envie. Une ode au cyclisme de la vieille école. Celui qui s'écrivait à coup d'offensives sans calcul. De tête dans le guidon et de chasse-patates effrénées.
Qu'est-ce qui différencie un grand coureur d'un champion ? Plus que son talent et son coup de pédale, c'est son panache qui marque les esprits. Ce grain de folie qui ne s'explique pas, ni ne se transmet, mais qui est gravé dans son ADN. A l'heure des oreillettes et des courses calibrées, Romain Bardet nous a offert lors de son récital un formidable bond en arrière dans le temps. Son attaque a été portée à l'instinct, sans préméditation, dans la roue de son coéquipier Mikaël Cherel. Une offensive sans retenue, sans prendre en compte les conséquences d'une éventuelle défaillance. La preuve que jouer le classement général ne doit pas brider les coureurs, mais au contraire les transcender. A l'arrivée de l'épreuve, Bardet comme Vincent Lavenu confirmaient : rien n'avait été calculé au briefing. Le Français n'a pas suivi de plan, il s'est laissé porter par son inspiration pour signer son épopée sauvage.
Prophète Bardet
Voir triompher Bardet ce vendredi, c'est se remettre à rêver que tout est possible sur le Tour. Que les courses ne sont pas condamnées à être cloisonnées du premier au dernier kilomètre. C'est une bouffée d'oxygène et d'espoir pour la suite de l'épreuve. Rien que ça. Il existe un chemin, que le prophète Bardet est capable de révéler à grands coups de pédalier.
Certes, le Français a profité de conditions météorologiques particulières en même temps que la chute de Chris Froome. Mais quand le Britannique rentrait sur le peloton de favoris après son changement de vélo, aucun autre prétendant n'a pris le risque de tenter le tout pour le tout. Quintana, Porte, Aru : tous ont attendu les deux derniers kilomètres pour tenter leur chance. Qu'espéraient-ils si ce n'est gratter quelques secondes au leader de la Sky ? Ce jeu de gagne-petit est incapable de faire s'extasier une foule. Il n'apportera pas de frisson et ne fera pas verser de larme. Au contraire, il suscitera les critiques.
Romain Bardet reconnaissait avoir été atteint par les nombreux « commentaires négatifs fait sur le Tour », affirmant que «la course était soporifique. » Sans vouloir lui manquer de respect, c'était pourtant le cas. Ce soir, toute cette frustration a volé en éclats. Et ce grâce à lui. Merci ! Demain, pour la dernière étape dans les Alpes entre Megève et Morzine, le Français va devoir composer avec son nouveau statut de dauphin. Il portera sur son dos le maillot du «meilleur vainqueur». Une tunique invisible qui devrait pourtant faire le plus d'envieux…
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