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Tour de France : Romain Bardet, un "vrai supplice"

Classé parmi les outsiders lors de cette édition, Romain Bardet vit sans doute son Tour de France le plus compliqué. Déjà largué au général, il a connu une grosse défaillance ce samedi, finissant cette 14e étape à 20 minutes et 19 secondes du vainqueur, Thibaut Pinot. Et cette contre-performance n'augure rien de bon pour la suite.
Article rédigé par Romain Bonte
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
 

Malgré sa déconvenue, Bardet a trouvé les mots pour décrire une situation bien compliquée. "Une ombre vagabonde. Cauchemardesque que je traîne depuis deux semaines à chaque coup de pédale", a-t-il écrit sur son compte Instagram. "Réaliser et admettre que je ne suis pas du tout au rendez-vous fixé est un vrai supplice, ce n’est pas le moment de se pencher sur les raisons, une autre course commence désormais et si les jambes ne peuvent me porter là où je devrais j’espère que le moral saura compenser", a expliqué le natif de Brioude avant de remercier ses coéquipiers.

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J'ai deux jours où je dois tout donner", avait indiqué, un Romain Bardet optimiste avant le départ de Tarbes. Mais il rappelait également dans la foulée que "la magie n'existe pas", et qu'il lui serait difficile de réaliser un exploit.

Déjà peu en verve lors des premières étapes, le leader d'AG2R-La Mondiale a donc littéralement craqué ce samedi. Lâché dans les derniers kilomètres de la Planche de Belles Filles, plus logiquement relégué à 2'26'' d'Alaphilippe dans le contre-la-montre, l'Auvergnat accusait 5'46 de retard sur le leader au départ du jour. Avec un tel retard, il était donc attendu dès les premières grosses ascensions. Mais c'est un tout autre scénario qui s'est dessiné lors de cette 14e étape.

Repris par des sprinteurs

Deuxième du Tour 2016, 3e l'année suivante, Bardet a connu une très grosse défaillance avant même l'ascension du Tourmalet. C'est en effet dans la deuxième difficulté du jour, le col du Soulor et ses pentes à 8 %, que le natif de Brioude a accusé le coup. En souffrance à quatre kilomètres du sommet de ce col de première catégorie, il a vu Mathias Frank, Tony Gallopin et Mickaël Cherel -bien plus affûtés que lui- venir à son secours. Les jambes de Bardet étaient si lourdes qu'il voyait même revenir sur lui des sprinteurs… Sa posture rappelait celle d'un Simon Yates en totale perdition sur le Giro l'an passé.

Manquant sans doute de fraîcheur avant le grand départ, il n'avait déjà pas montré un gros niveau lors de ses quelques apparitions. S'il assurait vouloir "être fidèle à ce (qu'il) a pu faire ces dernières années sur le Tour", Bardet n'est pour le moment pas en mesure de se relancer. Sa décevante dixième place sur le Dauphiné ne l'avait pas vraiment rassuré, lui et son équipe, même si cette dernière comptait sur un sursaut de son leader.

Cette septième participation est sans aucun doute sa plus difficile. Même lors de sa toute première participation, l'Auvergnat avait atteint une prometteuse 15e place. Cette fois, le top 10 n'est même plus envisageable. C'est un gros coup dur pour celui qui s'imaginait lutter pour le podium, d'autant que son calvaire aura duré jusqu'au bout. Il termine finalement en 66e position à 20'19'' du vainqueur du jour. Il restera bien à jouer une éventuelle victoire d'étape... Mais lui qui en a empoché trois sur la Grande Boucle, doit bien sentir que ses jambes actuelles ne lui laissent guère de possibilités lors cette édition.

Lavenu amer

Pour le manager de l'équipe Vincent Lavenu, c'est un constat amer. "Romain est très déçu par rapport à son investissement, à l'enjeu, l'investissement de l'équipe. Quand vous avez le leader qui coince comme ça à ce niveau-là, il y a plein de choses qui se passent dans la tête et le physique", a-t-il indiqué. "S'il s'était donné à fond, il n'aurait peut-être perdu que dix minutes et pas vingt. Ce n'est pas ce qu'il cherchait, Romain a débuté cette saison en se disant "c'est peut-être mon année", donc tomber d'aussi haut, évidemment c'est difficile à analyser. Il ne faudra pas prendre des décisions trop tôt", a-t-il souligné.

Cherel : "Une journée qui va marquer notre histoire"

Peu après l'arrivée, son coéquipier Mikaël Cherel employait des mots forts pour résumer la situation. "C'est une journée qui va sans doute marquer notre histoire. On a vécu une détresse collective. On a tenu à rester solidaire autour de notre leader parce qu'on a construit des victoires ensemble et aujourd'hui, on a perdu ensemble", a expliqué l'expérimenté coureur d'AG2R. "Il y a beaucoup d'incompréhension parce qu'on a beaucoup travaillé en amont, et comme les années passées, on a tous œuvré pour arriver au mieux ici, et Romain évidemment compris. (...) On a touché le fond aujourd'hui, à nous de rebondir maintenant", a-t-il assuré. Si ce Tour de France n'est pas encore terminé, Bardet en sortira forcément marqué.

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