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Shanghaï, Saitama : quand la saison cycliste se prolonge de l’autre côté du globe...

Nous sommes début novembre : la période dite de coupure pour le peloton cycliste professionnel, qui s’octroie trois semaines de repos bien méritées après dix mois à sillonner les courses. Tout le peloton ? Non, certaines de ses têtes d’affiche, à commencer par le vainqueur du dernier Tour de France Christopher Froome ou encore le Français Warren Barguil sont encore au départ de certaines courses… ou plutôt des critériums, de l’autre côté du globe, en Chine et au Japon.
Article rédigé par Mathilde L'Azou
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5 min
 

Alors que certains coureurs profitent de leurs vacances, d’autres continuent d’accrocher des dossards. C’était le cas de Marcel Kittel, Mark Cavendish ou encore Warren Barguil la semaine dernière, à l’occasion des Critériums de Shanghaï et de Saitama. Des « courses » qui ont pour but d’exporter le Tour de France là où celui-ci ne pourra jamais se déplacer en juillet… Mais aussi de continuer à soutenir la mondialisation du cyclisme, dont l’auteur du doublé Tour de France – Vuelta Christopher Froome, lui-même issu de cette internationalisation, est le porte-parole.

Les critériums, ​késaco ?

Les critériums, ou « critos » pour les connaisseurs, ne sont pas de réelles courses. C'est-à-dire que les organisateurs décident avant même le départ qui sera le vainqueur de l’épreuve. Les courses restent tout de même spectaculaires, les coureurs font bien souvent le show, mais cela donne lieu à des résultats pas forcément habituels pour les spécialistes du cyclisme : par exemple Chris Froome qui bat Marcel Kittel au sprint, ça n’arrive jamais en saison… sauf en critérium. A Shanghaï, la première édition a duré 60 kilomètres soit vingt tours de trois kilomètres. A Saitama (banlieue de Tokyo) quelques jours plus tard, à peine moins : 59 kilomètres, là encore en circuit. Pour étoffer un peu le programme au Japon, les coureurs ont réalisé un contre-la-montre par équipes, puis une course aux points. En Chine, une course amateur avait eu lieu en préambule, sur le même circuit.

Q​uand le Tour s’exporte, ses champions aussi

Le Critérium de Saitama a soufflé cette année sa cinquième bougie. Pour Shanghaï, il s’agissait de la première édition. Cette phrase prononcée par Jean-Etienne Amaury, président d’Amaury Sport Organisation, à la veille de la course, résume la situation : « Demain, les meilleurs coureurs du Tour et les coureurs chinois vont courir ensemble cette 22ème étape du Tour de France 2017 et nous en sommes très honorés ». Le Japon et la Chine n’accueilleront jamais (ou du moins pas avant longtemps) une étape de la Grande Boucle. Ces Critériums permettent néanmoins à ces pays de découvrir le temps d’une journée, l’ambiance qui règne sur le premier événement sportif annuel.

Le Tour et son organisation s’exportent donc à l’autre bout de la planète…Et ses cyclistes en font de même. Chris Froome a d’ailleurs reçu le trophée officiel de « premier champion du Tour à venir en Chine ». Le coureur britannique, originaire du Kenya et exemple-même de la mondialisation du cyclisme, a fait de ces critériums un vrai rendez-vous de fin de saison. « C'est une opportunité unique pour les cyclistes japonais d'avoir un petit goût du Tour, et pour nous c'est une bonne manière de finir la saison », avait-il résumé l’an passé. A ses côtés cette année, des grands noms du peloton tels que Marcel Kittel, Mark Cavendish, ou encore Rigoberto Uran… Mais aussi le Français Warren Barguil, 10e et maillot à pois du dernier Tour de France.

Cette année, c’est bien à Shanghaï et non à la Vuelta qu’Alberto Contador a participé à la dernière course de sa carrière. Face à lui et les autres stars du peloton international, les meilleures équipes chinoises et japonaises, pour qui ces critériums sont les épreuves les plus importantes de l’année.

Et plus que les coureurs, depuis l’an dernier, l’un des supporters les plus mythiques du Tour s’exporte également... El Diablo, jamais sans son costume et sa fourche, était en effet de la partie !
La ministre des Sorts, Laura Flessel, était également du déplacement en Chine, afin de donner le départ de la course, et célébrer « un magnifique exemple de collaboration franco-chinoise réussie ».

Un succès populaire, et médiatique

Chaque année, le nombre de spectateurs japonais qui envahissent les rues impressionne les coureurs qui prennent le départ. Ils sont généralement entre 100 000 et 200 000 à assister chaque année à cette journée festive. Traditionnellement organisée dans le centre de Saitama, la course avait cette année lieu sur un circuit construit à la manière d’un stade. La ferveur japonaise est telle qu’il arrive au maillot jaune Chris Froome de recevoir des cadeaux… pour son chat ! Mais aussi, pour des coureurs moins connus comme Perrig Quéméneur, de signer des cartes à son effigie. Voire pour John Degenkolb, ancien vainqueur de Paris-Roubaix, de recevoir des tablettes de chocolat avec son visage sur chaque carré. Bien souvent, les coureurs qui débarquent pour la première fois à Saitama disent « qu’ils n’ont jamais vu ça », même lors du mois de juillet.

De nombreux médias étaient également sur place pour couvrir les deux critériums, bien que l’enjeu sportif soit complètement nul. Pas moins de 32 télévisions ont diffusé celui de Shanghaï pour sa première édition, dont 13 en direct.

Le Tour fait découvrir sa culture, la Chine et le Japon en font de même

Outre les courses en elles-mêmes, une autre facette de ces voyages vient rendre particuliers ces deux Critériums. En se déplaçant à l’autre bout du monde, ASO fait découvrir son organisation, et surtout sa course de l’intérieur. Shanghaï et Saitama lui rendent la pareille, en proposant des activités locales aux coureurs présents. Par exemple, cette année, en Chine, les stars du peloton ont été invitées à enfiler des tenues traditionnelles pour participer à un cours de… Tai Chi, avant d’assister à une Danse du Lion, censée porter chance à la Grande Boucle pour ce périple asiatique.

Au Japon, pour sa cinquième édition, Saitama avait encore des choses à faire découvrir à ses prestigieux invités. Cette année, Barguil, Kittel ou encore Froome et Van Avermaet ont joué les Ninjas et les Samouraïs sur une grande scène, en apprenant des techniques de combat. Après cela, les coureurs se sont adonnés à un duel de pêche à l’anguille… à main nue, avant de cuisiner ce poisson.

Succès populaire et médiatique, les Critériums de Shanghaï et Saitama ont encore de beaux jours devant eux. La mondialisation du cyclisme, qui continue sa progression, devrait même leur permettre de voir d’autres courses de ce genre, voir le jour.

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