The Program, l'ascension et la chute de Lance Armstrong
Il y a un moment marrant dans "The Program". Dans le car de l’US Postal, Lance Armstrong et l'un de ses équipiers parlent du projet de film sur sa vie en préparation à Hollywood. Armstrong, allongé, est en train de récupérer. Détaché il évoque les noms de Matt Damon (Will Hunting, Jason Bourne) et Jake Gyllenhall (Zodiac, La rage au ventre) pour l’incarner à l’écran. Des noms qui suscitent l’enthousiasme de son coéquipier, qui assure qu’il est facile de l’incarner, il suffit de savoir pédaler. Et de se droguer, ajoute Floyd Landis. Ambiance…
Tout le personnage de Lance Armstrong est là : champion et tricheur. "Je ne sais pas si l’Histoire a jamais connu plus grand menteur", assure le réalisateur Stephen Frears. La vie de l’Américain était destinée à être portée sur grand écran. Les premiers projets ont commencé à germer au moment de sa grandeur. On retrouvait dans cette histoire tous les ingrédients d’une success-story dont Hollywood raffole : le jeune espoir qui voit son élan brisé par la maladie (cancer des testicules), la détresse, puis le renouveau et enfin le succès sur le destin et le vélo avec sept Tours de France. Les révélations sur la tricherie ont ajouté la dernière touche de dramaturgie à une histoire qui n’en manquait pas.
Impressionnant Foster
Le film retrace chronologiquement l’histoire. Elle débute après son sacre mondial à Oslo en 1993 sur les routes de Belgique où il dispute la Flèche Wallonne. On suit son parcours, ses rencontres (Johan Bruyneel, Michele Ferrari) et son basculement dans la tricherie et le système du dopage. Commence alors une fuite en avant qui ne prendra fin qu’en janvier 2013 lors d’une émission-confession chez la papesse des médias américains, Oprah Winfrey, où il avouera tout : le dopage, les magouilles, plus folles, les unes que les autres. Les transfusions sanguines en catastrophe, la moto qui apporte les produits dopants, tout cela est parfaitement montré. Si tous ces éléments ont été révélés au cours des différentes enquêtes, les voir à l’écran impressionnent.
Armstrong avait construit un incroyable réseau de dopage et régnait en maître incontesté sur le cyclisme mondial, du peloton aux plus hautes sphères de l’UCI (Union Cycliste Internationale). On était avec lui ou contre lui. La performance de Ben Foster est à souligner. Au-delà de la ressemblance – frappante par moments – l’acteur s’est dopé – littéralement – pour mieux rentrer dans la peau du personnage. Assoiffé de victoires, prisonnier du système qu’il a lui-même créé, Armstrong était devenu un monstre. Foster, avec le même sourire carnassier, épouse parfaitement les contours d’un personnage hors norme.
Des scènes de course ratées
L’autre personnage important du film est le journaliste David Walsh, l’homme qui a cherché à savoir ce qui se cachait derrière Lance Armstrong. Le film est directement adapté de son livre "Sept péchés capitaux : ma poursuite de Lance Armstrong". On suit son combat pour faire accepter l’idée qu’Armstrong n’est pas un saint, qui a vaincu la maladie, et a pris sa revanche sur le vélo. Sa lutte pour faire tomber l’idole est l’autre atout du film. Les scènes de vélo sont moins bien réussies.
Tournées à l’automne, elles sonnent un peu creux. Les routes du Tour, noires de monde en juillet, semblent vides. La mise en musique des courses sauve toutefois l’ensemble. A la décharge de la production, il aurait été difficile de réunir des millions de personnes. Des images d’archives de la course viennent agrémenter le film. Celui-ci slalome en permanence entre les ambigüités du personnage. Charismatique, charmeur, tricheur, tyran, Armstrong est tout ça à la fois. Décidément, il avait tout pour faire un bon personnage de cinéma.
Vidéo : la conférence de presse
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