Thévenet: "On a manqué de grimpeurs"
Etait-ce un Tour ennuyeux ?
Bernard Thévenet - Pour ceux qui ne s’intéressait qu’au classement général, c’est sûr que ce Tour a manqué de changements, mais en dehors de cela, je trouve qu’il y a toujours quelque chose d’intéressant à voir dans le Tour. Nous avons quand même eu cinq victoires françaises. C’est quand même extraordinaire la façon dont les Français se sont battus, les victoires de Thomas Voeckler. J’ai apprécié la manière dont Thibaut Pinot s’est battu hier par exemple. Il n’a cette fois pas gagné l’étape, mais il s’est bien battu. Il y a beaucoup de motifs de satisfactions dans ce Tour.
Qu’est-ce qui a manqué à ce Tour pour donné plus de suspense ?
BT - Sur le classement général, il aurait peut-être fallu un peu plus de grimpeurs, c’est sûr, mais on ne peut pas fabriquer une équipe comme ça du jour pour le lendemain. L’an prochain, il y aura certainement autre chose. Cela ne peut pas être chaque année le Tour du siècle ! Mais il n’y a qu’à regarder le nombre de spectateurs au bord des routes pour s’apercevoir que le Tour attire toujours autant de monde. Il y a toujours des motifs de satisfaction sur le Tour.
Avez-vous le sentiment que les Français sont devenus des meilleurs grimpeurs ?
BT – Je pense surtout qu’ils sont devenus plus combatifs par rapport aux autres années. Il n’y a plus les grimpeurs d’anthologie que l’on a connus. On ne peut pas vraiment dire que les Français soient devenus des meilleurs grimpeurs. On a en revanche découvert un grimpeur avec Thibaut Pinot. Un grimpeur, c’est un peu comme un sprinteur, ou un rouleur. Il y a des qualités physiques au départ que l’on peut améliorer, mais le profil reste le même. Un bon sprinteur, on n’en fera jamais un bon grimpeur. C’est comme dans tous les sports. En rugby, un pilier, on ne va pas en faire un trois-quarts. Mais avec Thibaut Pinot, on tient là un bon grimpeur.
"Il n’y a pas eu d’attaque d’envergure"
Quel coureur a dominé la montagne ?
BT – C’est tout l’équipe Sky qui a dominé la montagne. Il ne faut pas oublier qu’elle a de très gros moyens, et a pu embaucher des équipiers qui seraient leaders dans d’autres équipes. Bien sûr qu’elle est forte, mais cette équipe est composée de leaders qui ont bien voulu être équipiers. C’est difficile de juger ce qui s’est passé dans la montagne, parce que l’écart s’est fait par l’arrière. Evans n’a par exemple pas été un bon grimpeur cette année parce que cela montait très vite, et il a perdu du terrain par l’arrière. Il n’y a pas eu d’attaque d’envergure dans la montagne.
Est-ce qu’il n’a pas manqué un ou deux cols mythiques ?
BT - On a vraiment plus manqué de véritable grimpeur, que de véritable montagne. Quand on regarde bien, il y avait quand même de sacrés cols à passer. Il y avait de quoi faire pour un grimpeur, mais on n’a pas eu de beaux grimpeurs. On a eu deux bons grimpeurs qui s’appellent Froome et Wiggins. Ces deux là sont capables de gravir des cols, mais pas comme les grimpeurs d’antan lorsqu’il y avait des attaques par l’avant. Eux adoptent un train très soutenu et qu’ils peuvent maintenir pendant toute la durée du col.
Qu’attendez-vous pour l’an prochain ?
BT - L’année prochaine, on attend le retour des grimpeurs. Pour nous, ce serait mieux que Froome change d’équipe (il a indiqué qu’il resterait chez Sky, ndlr), pour qu’il devienne l’adversaire de Wiggins. La course serait alors certainement plus intéressante. Mais cela dit, on n’est pas sûr que Froome soit en excellent condition physique l’année prochaine. Et même cette année, on ne sait pas si il aurait finalement pu battre Wiggins.
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