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Cyclisme : Thibaut Pinot annonce qu'il va prendre sa retraite à la fin de la saison

Le grimpeur franc-comtois de 32 ans a annoncé, jeudi, qu'il comptait mettre un terme à sa carrière à l'issue de la saison 2023.
Article rédigé par Théo Gicquel, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Thibaut Pinot lors de la présentation de l'équipe Groupama-FDJ, le 9 décembre 2022. (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

Encore une saison, et il dira définitivement stop. Dans un long entretien accordé à L'Equipe, jeudi 12 janvier, Thibaut Pinot a annoncé qu'il allait mettre un terme à sa carrière, après douze années passées au sein du peloton professionnel. "Maintenant, je suis prêt pour la vraie vie", dévoile le grimpeur tricolore de 32 ans. Il lui reste dix mois pour garnir son palmarès déjà riche de 33 victoires, dont un Monument, le Tour de Lombardie en 2018.

Lui qui a remporté des étapes sur les trois grands tours se réserve une dernière cartouche pour la course qui lui a procuré ses plus grandes émotions, le Tour de France, où il pourrait être aligné en juillet prochain, après sa participation au Tour d'Italie en mai. Monté sur le podium final de la Grande Boucle en 2014, il se donne une année de plaisir avant de raccrocher. "Quand je courrai, on saura que c'est la dernière fois, avant que j'aille m'enterrer dans mon trou", précise le grimpeur franc-comtois.

Ses succès et ses échecs ont fait de lui l'un des coureurs préférés du public tricolore. À la fin de la saison, Thibaut Pinot laissera orpheline toute une génération de supporters.
Thibaut Pinot : un homme à part Ses succès et ses échecs ont fait de lui l'un des coureurs préférés du public tricolore. À la fin de la saison, Thibaut Pinot laissera orpheline toute une génération de supporters.

Dans cet entretien, Thibaut Pinot commence par revenir sur le point de départ de cette réflexion, germée en deux temps : le confinement lié au Covid-19, puis sa chute lors de la première étape du Tour de France 2020 à Nice. "Quasiment tout de suite après le confinement, il y a eu ma blessure, c'est comme si j'obtenais pas mal de réponses aux questions que je m'étais posées", analyse-t-il. Confiné chez lui à Mélisey (Haute-Saône), Thibaut Pinot a vécu un avant-goût de la liberté qui l'attendait ensuite. "Ça a été un déclencheur. Je me dis souvent que j'ai trop de pression en moi, je suis trop speed. Ces deux mois ont été une bouffée d'oxygène et ça m'a fait du bien", souligne le coureur.

Si je vais pouvoir mener la vie dont je rêve, c'est aussi parce que je n'ai pas gagné le Tour. Ma vie aurait beaucoup trop changé, c'est pour ça que je ne regrette pas. Je n'ai jamais voulu de cette vie de champion.

Thibaut Pinot

à L'Equipe

Le grimpeur revient ensuite sur sa conception du cyclisme, sa lutte contre le dopage, ses accomplissements, ses envies, et ses frustrations, comme le Giro 2017. "Les moments où j'ai été à 100 % et sans aucun pépin, ça se compte maximum sur les doigts des deux mains, sur quatorze ans. J'ai toujours eu une merde. Si ça se trouve, le Giro 2017, si je ne tombe pas malade comme un chien pendant dix jours, je dois le gagner [il finira 4e, à 1'17'' de Tom Dumoulin]. C'est passé inaperçu, mais pour moi je suis plus proche là que dans le Tour 2019."

Le Tour de France 2019 justement, qui frustra une grande partie du public lorsque le coureur de la Groupama-FDJ fut contraint à l'abandon lors de la 19e étape, alors qu'il n'avait jamais été si proche de l'emporter, ne reste pas pour lui une cicatrice vivace. "Peut-être que ça a été un mal pour un bien, peut-être que je n'aurais pas supporté de gagner le Tour de France. Mais sur le coup, non ça ne hantait pas mes nuits", dévoile Thibaut Pinot.

Il se projette également sur sa dernière saison, où il a déjà annoncé qu'il prendrait le départ du Tour d'Italie, son grand tour préféré, où il visera une étape. "Même si je ne l'ai disputée que deux fois, ça restera la plus belle course pour moi. Je ne peux pas finir mon histoire avec le Giro avec un abandon dans l'ambulance. L'objectif sera de gagner une étape", poursuit celui qui quittera le peloton après une autre épreuve italienne, le Tour de Lombardie, le 7 octobre prochain.

Je suis serein, je n'ai aucune peur d'une petite mort ou ce genre de choses. Depuis que j'ai pris ma décision, je me sens beaucoup moins nerveux et plus libre.

Thibaut Pinot

à L'Equipe

Une fois le Tour d'Italie terminé, il rêverait d'une dernière danse sur les routes de France, qui lui ont procuré des émotions, souvent contrastées, plus que des victoires. Mais avec David Gaudu, et peut-être Arnaud Démare, la concurrence s'annonce rude, même quand on s'appelle Thibaut Pinot. "Pour ma dernière année, j'ai envie d'y aller, ça me ferait chier de le manquer. Le Tour a été dur, mais c'est aussi lui qui m'a donné les plus belles émotions. À moi d'être le meilleur grimpeur après David (Gaudu), d'être très bon au Giro, de faire mes preuves. J'irai vraiment dans l'optique d'aider David", explique le futur retraité.

Le 8 octobre prochain, Thibaut Pinot devrait donc définitivement raccrocher, sans amertume, pour se dévouer à sa seconde vie, dédiée à sa ferme, ses animaux, et la nature, après une première consacrée à un régime draconien et des déplacements toute l'année. "Quand tu pars en course, tu ne t'occupes de rien. C'est pour ça que j'ai toujours voulu avoir une autre vie à côté, avec la ferme, qui me ramène à la vraie vie. Et puis quand j'étais au verger, à la pêche ou à la ferme, j'étais beaucoup plus détendu. La nature me calme, m'apaise", conclut-il.

Un titre de champion de France pourrait repousser l'échéance

La seule chance de voir Thibaut Pinot poursuivre en 2023-2024 serait une victoire aux prochains championnats de France sur route, qui auront ont lieu du 22 au 25 juin à Hazebrouck et Cassel, dans le département du Nord. "J'ai fait un pari avec quelques copains de l'équipe. La seule possibilité que je continue six mois, ce serait d'être champion de France pour porter le maillot bleu-blanc-rouge pendant un an. On va dire que ce serait la seule condition pour que je puisse peut-être continuer en 2024", a-t-il déclaré samedi sur RMC Sport. Le coureur de la Groupama-FDJ a été champion de France du contre-la-montre en 2016, mais n'a jamais gagné la course sur route.

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