Sur ce Tour, Thibaut Pinot a renversé des montagnes
Thibaut Pinot et Romain Bardet ne se quittent plus. Battus tous les deux à Mende, ils ont tous les deux eu leur revanche dans les Alpes. Le grimpeur d’AG2R-La Mondiale à St-Jean-de-Maurienne et son alter ego de la FDJ à l’Alpe d’Huez. A choisir, Pinot en pinçait fort pour le mythe isérois et ses 21 virages. « C’est la plus belle, celle que tout le monde veut accrocher », avance-t-il. Et c’est désormais la sienne, quatre ans après Pierre Rolland et deux ans après Christophe Riblon. Les Hollandais en avaient fait leur montagne grâce à leurs huit victoires en treize arrivées. Les Français en sont à trois consécutives. Pour Pinot, au-delà du symbole, ça couronne un Tour de souffrance et de courage. « Je me suis battu tous les jours, explique-t-il. Des fois c’était moins bien car je n’avais pas de supers sensations mais je n’ai rien lâché. Depuis la première journée des Pyrénées j’ai toujours été à l’attaque. Pour le général c’était plié mais je me suis fait plaisir malgré les galères. C’est ce qui pouvait nous arriver de mieux à moi et à l’équipe. » A Pau, la crainte d’un abandon était réelle. Entre douleur au genou et coup du la tête, il aurait pu craquer. Plus ce Pinot-là. « J’ai montré que j’avais du tempérament. »
Plus chaud qu'au Parc des Princes
L’envie d’en claquer une a été plus forte de que le reste. La frustration de Mende a peut-être aussi servi de détonateur même si, à force de tenter, Pinot commençait à trop s’éparpiller. Sa dernière chance, c’était un numéro dans l’Alpe d’Huez au terme d’une étape courte (110,5 km). « Il a fallu attendre le dernier jour. C’était in extremis mais je n’ai pas de mot pour décrire ma joie. » En contre derrière son coéquipier Alexandre Geniez, le Franc-Comtois a répété ce qu’on avait vu sur le Tour de Romandie et le Tour de Suisse. Seul avec Hesjedal, ils ont fondu sur Geniez. Un moment emmené par son coéquipier, Pinot a tout d’abord résisté à une attaque du Canadien. Son attaque à lui était la bonne dans la fureur et le bruit. « C’était plus fort que le Parc des Princes car il y avait le feu. Je crois que c’est dans le virage des Hollandais où il y avait le plus de bruit que je lâche Ryder Hesjedal, ajoute Pinot, supporter du PSG. Je me sentais poussé par la foule. »
Trois kilomètres en apnée
Dans son élément, Pinot trouvait la réponse à son courage. Aidé par une température plus clémente que les chaleurs qui ont accompagné le Tour depuis Utrecht, il fendait la foule. « C’était impressionnant. Je vais revoir les images mais c’était fou. Je ne savais pas toujours où j’allais, c’était un peu dangereux mais c’était surtout beaucoup de frissons. » La chair de poule et la peur de tout perdre à cause d’un Nairo Quintana parti à la conquête du maillot jaune. Malgré un superbe effort, le Colombien était trop court pour les deux. Pinot vivait lui une fin de course palpitante. « Je n’avais pas l’oreillette tellement il y avait de bruit. J’ai été au courant à trois kilomètres qu’il revenait fort sur moi. Je me suis retourné plusieurs fois mais je ne voyais pas grand chose. Quand Yvon est remonté à ma hauteur pour me le dire, je savais qu’il ne fallait pas que je traîne. C’est la trois kilomètres les plus longs de ma carrière. Je dis ça à chaque fois que je gagne mais c’était vraiment long. C’était chaud mais quand j’ai vu aux 500 m que la voiture (d’Yvon Madiot) était encore derrière moi, je savais que c’était gagné. » Finalement, Thibaut Pinot aura beaucoup appris sur ce Tour des extrêmes.
VIDEO : La grande joie de Thibaut Pinot à l'arrivée
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