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Sur ce Tour, Thibaut Pinot a renversé des montagnes

C’est l’histoire d’une résurrection. Passé quasiment d’un extrême à l’autre, Thibaut Pinot finit le Tour de France en boulet de canon. Le leader de la FDJ ne jouait plus le classement général mais il s’est offert le prestige avec une victoire au sommet de l’Alpe d’Huez, une montagne bientôt plus Française que Hollandaise.
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
 

Thibaut Pinot et Romain Bardet ne se quittent plus. Battus tous les deux à Mende, ils ont tous les deux eu leur revanche dans les Alpes. Le grimpeur d’AG2R-La Mondiale à St-Jean-de-Maurienne et son alter ego de la FDJ à l’Alpe d’Huez. A choisir, Pinot en pinçait fort pour le mythe isérois et ses 21 virages. « C’est la plus belle, celle que tout le monde veut accrocher », avance-t-il. Et c’est désormais la sienne, quatre ans après Pierre Rolland et deux ans après Christophe Riblon. Les Hollandais en avaient fait leur montagne grâce à leurs huit victoires en treize arrivées. Les Français en sont à trois consécutives. Pour Pinot, au-delà du symbole, ça couronne un Tour de souffrance et de courage. « Je me suis battu tous les jours, explique-t-il. Des fois c’était moins bien car je n’avais pas de supers sensations mais je n’ai rien lâché. Depuis la première journée des Pyrénées j’ai toujours été à l’attaque. Pour le général c’était plié mais je me suis fait plaisir malgré les galères. C’est ce qui pouvait nous arriver de mieux à moi et à l’équipe. » A Pau, la crainte d’un abandon était réelle. Entre douleur au genou et coup du la tête, il aurait pu craquer. Plus ce Pinot-là. « J’ai montré que j’avais du tempérament. »

Plus chaud qu'au Parc des Princes

L’envie d’en claquer une a été plus forte de que le reste. La frustration de Mende a peut-être aussi servi de détonateur même si, à force de tenter, Pinot commençait à trop s’éparpiller. Sa dernière chance, c’était un numéro dans l’Alpe d’Huez au terme d’une étape courte (110,5 km). « Il a fallu attendre le dernier jour. C’était in extremis mais je n’ai pas de mot pour décrire ma joie. » En contre derrière son coéquipier Alexandre Geniez, le Franc-Comtois a répété ce qu’on avait vu sur le Tour de Romandie et le Tour de Suisse. Seul avec Hesjedal, ils ont fondu sur Geniez. Un moment emmené par son coéquipier, Pinot a tout d’abord résisté à une attaque du Canadien. Son attaque à lui était la bonne dans la fureur et le bruit. « C’était plus fort que le Parc des Princes car il y avait le feu. Je crois que c’est dans le virage des Hollandais où il y avait le plus de bruit que je lâche Ryder Hesjedal, ajoute Pinot, supporter du PSG. Je me sentais poussé par la foule. »

Trois kilomètres en apnée

Dans son élément, Pinot trouvait la réponse à son courage. Aidé par une température plus clémente que les chaleurs qui ont accompagné le Tour depuis Utrecht, il fendait la foule. « C’était impressionnant. Je vais revoir les images mais c’était fou. Je ne savais pas toujours où j’allais, c’était un peu dangereux mais c’était surtout beaucoup de frissons. » La chair de poule et la peur de tout perdre à cause d’un Nairo Quintana parti à la conquête du maillot jaune. Malgré un superbe effort, le Colombien était trop court pour les deux. Pinot vivait lui une fin de course palpitante. « Je n’avais pas l’oreillette tellement il y avait de bruit. J’ai été au courant à trois kilomètres qu’il revenait fort sur moi. Je me suis retourné plusieurs fois mais je ne voyais pas grand chose. Quand Yvon est remonté à ma hauteur pour me le dire, je savais qu’il ne fallait pas que je traîne. C’est la trois kilomètres les plus longs de ma carrière. Je dis ça à chaque fois que je gagne mais c’était vraiment long. C’était chaud mais quand j’ai vu aux 500 m que la voiture (d’Yvon Madiot) était encore derrière moi, je savais que c’était gagné. » Finalement, Thibaut Pinot aura beaucoup appris sur ce Tour des extrêmes.

VIDEO : La grande joie de Thibaut Pinot à l'arrivée

La grande joie de la FDJ à l'arrivée de Pinot

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