Tour de France : Thibaut Pinot et la FDJ face au verrou Ineos-Jumbo Visma
A 30 ans, Thibaut Pinot ne peut plus se cacher : le Franc-Comtois de la Groupama-FDJ - qui a de nouveau frôlé la catastrophe samedi - fait partie des grands favoris à la victoire finale sur le Tour de France. Après un Tour 2019 où il semblait le plus fort avant d’être contraint à l’abandon, le Français revient mieux armé, déterminé et... un brin chanceux. Car pour gagner la Grande Boucle, être prêt ne suffit pas. Sa chute à l'arrivée de la première étape samedi a rappelé qu'il fallait de la chance, aussi. Mais face à lui, la concurrence s’est accrue.
Ineos et Jumbo, les deux armadas
Lors de la décennie 2010, l’équipe Sky (devenue Ineos aujourd’hui) a lentement étouffé la concurrence et cannibalisé le Tour. Ainsi, depuis la victoire de Wiggins en 2012, Ineos n’a laissé filer qu’une édition en 2014 à Nibali (Astana), lorsque Froome avait abandonné sur chute dès la deuxième étape. Intraitable, imbattable, la machine Ineos n’a laissé que des miettes et un maigre espoir de victoire à ses adversaires. Sans Froome et Thomas cette année, elle semble peut-être moins redoutable pour la première fois, quoique toujours surarmée. Mais surtout, Ineos n’est plus la seule armada.
En quelques mois, l’équipe néerlandaise Jumbo-Visma a enfilé le costume d'épouvantail du peloton, forte de ses leaders Roglic et Dumoulin, malgré l’absence de Kruijswijk, et de coéquipiers du luxe (Van Aert, Kuss, Gesink, Bennett, Jansen, Martin). Le Tour 2020 pourrait donc vite tourner au choc de titans entre Ineos et Jumbo. Derrière, la longue liste de prétendants (Miguel Angel Lopez, Nairo Quintana, Romain Bardet, Rigoberto Uran, Mikel Landa…) va devoir s’organiser, mais comment ?
A la tête de ce groupe de chasseurs, Thibaut Pinot craint une course fermée par les deux armadas : “Je crains que la course soit cadenassée comme au Dauphiné. Si Roglic n’avait pas abandonné… Après sur trois semaines c’est très long, il va arriver beaucoup de choses à beaucoup de coureurs. Je pense que le début du Tour sera assez fermé”.
Deux premières semaines cadenassées ?
Interrogé avant le départ sur le niveau de son collectif par rapport à Ineos et Jumbo, Pinot a rappelé avant le grand départ : “Je le place en premier, tout simplement (rires)”, avant de préciser sa pensée : “Il y a deux grosses armadas on va être honnête : Ineos et Jumbo. Après, nous on est juste derrière. Que ce soit en montagne ou sur le plat, on part avec nos forces et nos qualités. Justement, on n’aura pas les poids de la course. Jumbo et Ineos l’auront, et dès demain ils auront la responsabilité de maintenir l’écart avec les échappées. On va les voir rouler en tête de peloton pour protéger leurs leaders. A nous d’avoir une autre tactique qu’eux, ça se fera au fur et à mesure des étapes.”
Pour Laurent Jalabert, il n'y a pas d'autres alternatives pour Pinot : "Il est bien entouré, mais il n'a pas non plus une équipe pour durcir la course. Ineos me semble avoir un temps de retard, alors que Jumbo est vraiment la grosse formation qui fait figure d'épouvantail. Pour Pinot comme pour les autres, il faudra attendre de voir comment se comportent les équipes, les leaders, s'il y a des chutes ce qui fait partie de la course. Il ne pourra pas aller au casse-pipe, car attaquer si une équipe est en place, et on a vu que la Jumbo ne s'affole pas, c'est lâcher des forces sans aller au bout. Il va falloir attendre la bonne fenêtre de tir, attendre que les leaders soient isolés."
La tactique du leader de la Groupama-FDJ devrait donc consister à attendre la troisième semaine et à ne pas trop s’exposer avant, même si la patience n’est pas son fort. En effet, les quatre étapes alpines suivies du chrono de la Planche des Belles Filles seront les juges de paix de cette édition. Encore faut-il y arriver dans les temps. D’ici là, les meilleurs alliés de Pinot seront peut-être ses concurrents directs issus des équipes jugées plus faibles que les deux géants, comme Pogacar (UAE), Quintana (Arkea-Samsic), Angel Lopez (Astana), Bardet (AG2R La Mondiale), Landa (Bahrain-McLaren) ou encore Buchmann (Bora-Hansgrohe). A moins qu’un solide puncheur ne mette le feu au peloton en prenant la tête du général, comme Julian Alaphilippe l’an passé. Justement, le Français vise le jaune dès la deuxième étape ce dimanche. Avant de le céder à Pinot ?
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