Tour de France : Thibaut Pinot (Groupama-FDJ) encore et toujours maudit
Le visage fermé, énervé, râlant auprès de ses coéquipiers qui l'avaient attendu pour passer la ligne. Thibaut Pinot a le visage des mauvais jours. Jusque-là, le leader de la formation Groupama-FDJ avait pris bien soin d'éviter toutes les embûches d'une étape particulièrement marquée par les chutes. Mais sur la Promenade des Anglais, en pleine ligne droite, dans un peloton lancé vers la ligne d'arrivée avec les équipes de sprinteurs qui imposaient un rythme d'enfer sur une route détrempée, une chute collective s'est produite devant lui. Il n'a pas pu l'éviter. A terre, il prend le temps de se relever, de s'étirer, le maillot déchiré sur l'épaule droite. Rien de grave semble-t-il, mais un nouvel accroc dans sa planification. Peut-être pas encore dans sa carrière, déjà parsemée de désillusions.
"L'une des pires journées de ma carrière"
A l'arrivée, le Franc-Comtois a rejoint le bus de son équipe sans dire un mot pour quitter l'aire d'arrivée. "Cela fait partie de la course", a réagi, dépité, le patron de l'équipe française, Marc Madiot. "Thibaut a évité les chutes jusqu'aux trois bornes. Puis, ça a dû se mettre en travers et il a été pris. Il va comme un garçon qui vient de faire une chute", a ajouté le manageur. "Il était agacé, énervé. Mais, avec une bonne nuit de récupération, ça devrait rentrer dans l'ordre". Un peu plus tard, le coureur revenait sur cette fin d'étape : "C'était une journée difficile, sûrement l'une des pires de ma carrière, un peu comme tout le peloton", a déclaré en soirée le leader de l'équipe Groupama-FDJ. "C'est clairement comme si on roulait sur du verglas. Les coureurs tombaient même lorsque la course était neutralisée". Le coup est d'autant plus rude qu'il ne s'agit pas du premier.
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Il ne faut pas remonter bien loin pour trouver trace de sa série noire. Voici quinze jours, alors qu'il avait profité de l'abandon de Primoz Roglic pour devenir le leader du Critérium du Dauphiné au matin de la dernière journée, il n'a pas pu suivre le rythme infernal d'une étape de folie, alors qu'il avait chuté deux jours avant. L'année dernière, sur la Grande Boucle, alors qu'il avait survolé l'étape mythique au Tourmalet en décrochant celui qu'on croyait invincible en montagne, Egan Bernal, il abandonnait à deux jours de l'arrivée, souffrant d'une blessure musculaire contractée deux jours avant en heurtant le cadre de son vélo avec son genou. Il était alors 4e du classement général.
L'année d'avant, en 2018, c'est sur le Tour d'Italie qu'il est contraint au retrait, victime d'une pneumopathie alors qu'il occupait la 3e place du général à deux jours du terme du Giro. Et ce ne sont là que quelques exemples...
Une édition 2020 taillée pour lui
Si une carrière de sportif est parsemée de contrariétés, de défaites et de déceptions, Thibaut Pinot a payé son tribut plus que beaucoup d'autres. Talentueux depuis toujours, il semble toujours lui manquer quelque chose pour atteindre les sommets auxquels il aspire. A 30 ans, son podium sur le Tour 2014 semble si loin. Et en même temps, rarement il a rarement été aussi bien placé dans les pronostics d'une édition 2020 presque taillée pour lui, avec beaucoup de montagne et un seul contre-la-montre, individuel, chez lui, à quelques kilomètres du village de ses parents, sur la Planche des Belles Filles.
En chutant dès la 1re journée de ce Tour, et pour la 3e fois ce mois-ci, le protégé de Marc Madiot a ouvert, bien malgré lui, la possibilité de subir un contre-coup dans les journées à venir. Surtout avec une étape de dimanche montagneuse, et deux cols de 1re catégorie à gravir.
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