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Tour de France : Thibaut Pinot, l'échec de trop ?

Très attendu cette année pour prendre sa revanche sur le Tour de France, Thibaut Pinot a dit adieu à ses chances de victoire finale dès la première étape de haute montagne, ce samedi entre Cazères-sur-Garonne et Loudenvielle. Sur la ligne d’arrivée, le Français a parlé “d’un tournant dans sa carrière”, lui qui n’a plus terminé un Tour de France depuis 2015.
Article rédigé par Andréa La Perna
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3 min
  (MARCO BERTORELLO / AFP)

Aujourd'hui, c'est peut-être un tournant dans ma carrière. J'ai toujours dit que le vélo, c'était se battre, gagner des courses et prendre du plaisir. Mais il y a trop d'échecs pour moi en ce moment”. Pas de larmes déchirantes, ni d’adieux forcés. A l’arrivée à Loudenvielle, franchie 19 minutes après le groupe des favoris, Thibaut Pinot était blasé ce samedi, visiblement fatigué de passer systématiquement à côté de ses objectifs sur le Tour de France. 

La lassitude pour nouvelle tristesse

Après des années de galère, il avait noué de folles promesses l’an dernier, prouvant qu’il pouvait être le plus fort en montagne. Sur un tracé pourtant taillé pour lui, avec un seul contre-la-montre (chez lui et en côte), le Franc-Comtois était très attendu pour prendre sa revanche. Fort d’un Critérium du Dauphiné très satisfaisant car bouclé à la 2e place, devant tous ses futurs opposants, il était un candidat plus que légitime pour parader en jaune sur les Champs-Elysées. C'était lui qui semblait le plus proche pour succéder à Bernard Hinault, 35 ans après. Ce ne sera pas encore pour cette année.

On a réussi à masquer les choses pendant plusieurs jours. Quand on arrive dans les premières difficultés, comme celles d'aujourd'hui, ça ne suffit pas”, a admis son manager Marc Madiot. Encore une fois, Pinot n’a pas été battu à la pédale, mais il a encore dû s’incliner face à son corps, meurtri après sa lourde chute lors de la première étape à Nice. Dans le Port de Balès, on l’a vu se tortiller sur sa selle pour tenter de domestiquer la douleur, se touchant le bas du dos à de nombreuses reprises. "J'ai tellement mal dans le dos que je n'avais pas la force de pédaler", a précisé le coureur à l'arrivée.

Pourtant la veille, Thibaut Pinot avait passé avec mention l’épreuve des bordures, celles qui l’avaient tant frustré l’an passé. On avait même vu le Franc-Comtois en tête de groupe écraser les pédales pour faire mal aux rivaux mal placés. Derrière le masque, on pouvait deviner un sourire. Comme souvent avec lui, en 24 heures tout a basculé. Sur le Giro 2018, alors qu’il venait de récupérer une place sur le podium du général, le grimpeur de la Groupama-FDJ a été rattrapé par une pneumopathie dans la dernière étape de montagne.

Un tournant, mais vers quoi ?

Mais c’est bien avec le Tour de France que l’histoire de Thibaut Pinot est la plus compliquée. Depuis sa 3e place en 2014, l’homme de Mélisey n’a plus jamais réussi à franchir le palier qu’il semble pourtant être en mesure de passer. L’édition 2015 reste la dernière qu’il a réussi à conclure sain et sauf (16e) et depuis, il n’a plus jamais réussi à rallier Paris (abandons en 2016, 2017 et 2019). S’il a insisté sur le fait qu’il n’a “en aucun cas” pensé à abandonner ce samedi, l’ex-vainqueur du Tour de Lombardie n’a déjà plus grand chose à espérer sur ce Tour.

A chaud, le Français a tout de même parlé de "tournant" dans sa carrière, ce qui n'est jamais anodin. Mais un tournant vers quoi ? Va-t-il oublier définitivement ses ambitions de sacre sur la Grande Boucle ? Va-t-il retenter sa chance sur un autre grand Tour ? Rien n'est sûr. Mais en insistant sur sa difficulté à digérer le trop plein d'échecs, tout en faisant comprendre qu'il ne prenait plus le même plaisir en course, Pinot a parlé comme un coureur en fin de carrière. C'est étrange, voire déroutant, quand cela sort de la bouche d'un athlète de 30 ans, encore dans la fleur de l'âge.

"Le Tour continue, on va essayer de se battre. L'équipe est très forte de toute façon. J'espère que les mecs vont aller chercher une victoire d'étape parce qu'ils le méritent, je croise les doigts". Dans ses réactions, Pinot n'évoque logiquement plus aucun objectif personnel à court terme. Sa priorité sera d'encaisser au mieux les prochaines étapes et de se refaire une santé. Reste à savoir s'il sera prêt pour ce qui devait être sa prochaine échéance : les Mondiaux d'Imola, prévus dans trois semaines.

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