Tour de Lombardie : "Je ne réalise pas vraiment que ça s'arrête", confie Thibaut Pinot avant la dernière course de sa carrière
De son propre aveu, Thibaut Pinot n'aime pas être au centre de l'attention. Mais à l'heure d'accrocher son dernier dossard, sur le Tour de Lombardie 2023, et quand bien même Tadej Pogacar et d'autres grands noms prendront le départ, le cyclisme tricolore n'aura d'yeux que pour lui samedi 7 octobre. Quoi qu'il se passe sur les routes lombardes entre Côme et Bergame, cette date restera dans l'histoire.
Pas seulement parce que le Tour de Lombardie est un des cinq Monuments du cyclisme, mais parce qu'il s'agit du dernier jour de course de Thibaut Pinot. Ce que le grimpeur franc-comtois de 33 ans avait encore du mal à réaliser, vendredi, lors d'un point presse à l'hôtel de la Groupama-FDJ, dans les environs de Côme. Diminué ces dernières semaines, le Français avait visiblement hâte d'en finir, non sans faire vibrer une dernière fois le public.
Vous allez prendre votre dernier départ demain. Dans quel état d'esprit êtes-vous ?
Thibaut Pinot : Dire que ça va ce serait mentir. J’ai plus de stress que d’habitude. C’est un évènement particulier, c’est dur de trouver du plaisir. Je suis pressé que la course commence pour lâcher tout ça. Ces dernières semaines n’ont pas été faciles. J’aurais préféré être capable de jouer un rôle sur ce Lombardie. Ces cols me plaisent, ce parcours me correspond bien. C'est toujours frustrant sur une belle course comme ça de ne pas peser. Après, on ne sait jamais, sur une très bonne journée, même sans être au top, je peux être là quand même. Depuis ma chute au Poitou, j'ai accumulé les pépins de santé. Il me manque une dizaine de jours [de récupération] pour être bien.
Avez-vous peur de ne pas terminer votre dernière course ?
J’y pense, oui, parce que ces courses italiennes ne pardonnent pas. Des cinq Monuments, le Lombardie est le plus dur à finir. Si tu lâches à l’avant-dernière ascension, ça va. Si tu lâches à la sortie de San Pellegrino, il reste 90 bornes et tu sais que c'est mort. Sur un jour sans, il y a cette crainte. J’essaie de ne pas trop y penser. Les cols sont durs. Les descentes sont techniques et dangereuses.
Tout le monde parle de votre retraite à l'issue de cette journée, mais quel est votre objectif ?
Je suis quand même dans l’optique de finir ma saison correctement, de faire ma course de la plus belle des façons possible. J’ai quand même envie de faire un résultat. Tout le monde me dit de prendre du plaisir, mais le plaisir est là quand tu te bats avec les meilleurs, donc c’est là que je vais aller le chercher.
Vous réalisez ce qui est en train de se passer ?
Je ne réalise pas vraiment que ça s'arrête samedi. Beaucoup disent qu’on réalise quand on ne reprend pas après les vacances d’octobre. Quand je verrai la pluie, le brouillard et que je n’aurai pas besoin de remettre le cuissard, là je réaliserai vraiment. Je reçois beaucoup de messages. On verra à partir de dimanche pour répondre à tout le monde. Je reste focus sur ma course. Avec tout le monde qu’il y aura, tout l’engouement... Quand tu es sportif de haut niveau, tu as juste envie de peser sur la course, de faire un résultat, de faire vibrer les gens. On va voir au réveil et les sensations au départ. A la signature, au bout de 200 mètres, je sens si ça va ou pas.
Qu'espérez-vous que le public retienne de Thibaut Pinot ?
Qu’on retienne le coureur que j’ai été, mes victoires et mes défaites, mes défauts et mes qualités.
Qu'allez-vous faire ensuite, dès lundi ?
La première chose, ce sera d’aller faire le tour de mes animaux. Je suis parti depuis dix jours, mais j’ai l’impression que ça fait un mois. C’est la plus longue semaine de ma vie... Je n’aime pas être au centre de l’attention et j’y suis. Plus les années passent, moins je me sens à l’aise avec tout ça. C’est aussi pour ça que ça se termine. Si je m’enferme dans ma ferme, on va vite m’oublier. Je n’ai pas envie d’oublier ceux que j’ai côtoyés pendant 15 ans, donc j’irais les voir dès que je pourrais. Mais la vie continue.
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