Tony Gallopin doit-il rêver plus grand?
Tony Gallopin n’est décidément pas du genre à perdre le nord. Encore groggy dans la foulée de sa première victoire d’étape sur un grand Tour, mercredi à Oyonnax, l’Essonnien (5e à 3’12 au général) expliquait qu’un "podium pour l’équipe avec Jurgen Van den Broeck" suffirait amplement à faire son bonheur dans dix jours à Paris. Dans la forme de sa vie, décomplexé, le coureur de la Lotto-Belisol ne peut-il vraiment pas se permettre de revoir ses ambitions à la hausse?
Cet été, le Français semble décidé à rester cantonné à son rôle de soutien de Van den Broeck (10e à 4’18 de Nibali) pour ne se libérer que sur les étapes dites de transition, où puncheurs et baroudeurs aiment pointer le bout de leur guidon. "En ce qui concerne les Alpes et les Pyrénées, je ne me fais pas d’illusion", annonce-t-il. Car c’est là tout le problème des coureurs polyvalents de la trempe de Gallopin : ils sont bons partout sans exceller nulle part.
"Il a compris qu'il faut être maigre pour gagner"
"Sur un grand tour, il est quand même limité en haute montagne, reconnaît son ami Samuel Dumoulin (AG2R-La Mondiale). C’est un domaine de spécialistes". Cela s’est vu dans l’ascension de la Planche des Belles Filles, lundi, où pour défendre son maillot jaune, Gallopin a été "au-delà de la souffrance". En vain : 33e, il n’avait pas pu tenir la comparaison avec Vincenzo Nibali et le groupe des meilleurs grimpeurs français (Bardet, Péraud, Pinot).
"Il se développe encore, tempère à son tour le manager général de la Loto-Belisol, Marc Sergeant. Par exemple, il a beaucoup maigri pour le Dauphiné et le Tour et on voit clairement qu'il monte beaucoup mieux qu'avant. Il a compris qu'il faut être maigre pour gagner des courses comme ça". De quoi rêver d’un destin à la Chris Froome, qui n’est devenu aussi à l’aise en montagne qu’après avoir réglé ses problèmes de poids ?
Vers plus de responsabilités
"Avec lui, on a pris le temps, raconte son oncle Alain Gallopin, directeur sportif chez BMC. En minimes, c’est vrai qu’il était un peu rond. (…) Il est intelligent, il commence à bien mûrir. Il a l’instinct du gagneur". Celui-là même qui lui a permis de piéger le peloton, puis le trio Sagan-Kwiatkowski-Rogers, mercredi dans le final de la onzième étape. Celui-là, aussi, qui lui permet d’être aujourd’hui le seul coureur français en activité à avoir remporté une classique (la San Sebastian, fin juillet 2013).
Tenace 18e sur les pavés, 5e à Sheffield, 3e à Nancy, vainqueur à Oyonnax, Gallopin est capable de s’en sortir sur tous les terrains, même les plus hostiles. Son oncle voit en lui un coureur capable d’aller chercher le titre de champion du monde, même s’il aimerait aussi bien le voir jouer le général d’un grand tour. Même Sergeant, interrogé à ce sujet, reconnaît que cette perspective commence à le travailler. "Pour le futur peut-être, oui, sourit-il. Pourquoi pas". Il n’y en a plus qu’un à convaincre.
Vidéo : la folie Tony Gallopin
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