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Tour de France 2017 : faut-il oublier les bonnes manières pour gagner un sprint ?

Gagner une étape du Tour de France au sprint, c'est tout un art. Dans lequel les coureurs peuvent bien souvent oublier les bonnes manières pour devenir des "voyous".
Article rédigé par franceinfo: sport avec AFP
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3min
Le sprint de la 4e étape à Vittel avait été houleux (DE WAELE TIM / TDWSPORT SARL)

A Vittel mardi, Arnaud Démare, le vainqueur, l'avait senti. "On savait que ça allait être un sprint où ça allait frotter (...) C'était sûr que ça allait être un sprint qui pouvait être très sale", a-t-il dit après l'étape. Il ne croyait pas si bien dire: deux chutes dont la dernière après un coup de coude du champion du monde Peter Sagan sur l'homme aux 30 victoires d'étapes, Mark Cavendish. Deux coureurs considérés comme des "bad boys". Le premier a été exclu, le second, qui a fini dans les barrières, a dû abandonner, l'omoplate droite fracturée. La dernière exclusion pour comportement dangereux dans un sprint remontait à 2010. L'Australien Mark Renshaw avait été puni pour... des coups de tête répétés au Néo-Zélandais Julian Dean.

"Montrer qu'on n'a peur de rien"

"C'est comme en foot. Il y en a qui mettent la semelle et d'autres qui ne la mettent pas", sourit Marc Madiot, manager de la FDJ de Démare. Dans ce moment d'adrénaline pure, les coureurs, lancés à 60 kilomètres/heure, ne pensent qu'à une chose, lever les bras. Qui plus est sur le Tour de France. Et sans se soucier de la bonne éducation. "Dans un sprint, on est obligés de se faire respecter et, oui, parfois il faut montrer qu'on n'a peur de rien, parfois mettre le coude", souligne l'ancien coureur Sébastien Chavanel. "Est-ce que Sagan n'a pas fait ça pour faire comprendre à Cavendish +il n'y a pas de place, pourquoi tu t'engages ?+. Et dans l'autre sens, Cavendish y va pour dire +je suis là+", poursuit l'ancien "lanceur" de Bryan Coquard ou Nacer Bouhanni.

"Un peu marlou, un peu voyou"​

Quitte à être un "voyou" ? Le terme avait été utilisé en 1991 par le Belge Johan Museeuw pour qualifier l'attitude de Djamolidine Abdoujaparov dans le sprint final de l'étape Dijon - Reims. Surnommé l'"Express de Tachkent", le coureur ouzbek, vainqueur de 9 étapes dans la Grande Boucle, était connu pour faire des vagues dans les dernières lignes droites. Impliqué dans plusieurs chutes, il avait notamment été à l'origine de celle restée célèbre lors de l'arrivée du Tour sur les Champs-Elysées en 1991. "Les sprinters évoluent dans le chaos mais je crois qu'aucun ne veut véritablement tricher. On est parfois un peu marlou, un peu voyou (...) Mais on se fixe quand même des limites à ne pas dépasser : donner un coup de tête, un coup de coude, faire un gros écart pour provoquer une chute", assure l'ancien sprinteur Frédéric Moncassin dans Libération jeudi. "Il n'y a pas de limite", poursuit pour sa part Chavanel, "la seule, c'est l'accrochage".

Fan d'Abdoujaparov, le frère de Sylvain juge que "dans le sprint, on est que sur de l'émotion. C'est difficile de dire je suis un enfant calme, on pense qu'à une chose, c'est gagner. Donc à un moment donné, c'est pas possible de dire +tout va bien+." Mais "heureusement, il y a plein de sprints où il n'y a pas grand chose à dire", estime Yvon Sanquer, le manager de Cofidis dont le sprinteur Nacer Bouhanni estime que sa route a été coupée mardi par Démare à Vittel. Enfants de choeur ou voyous ? Vendredi, à Nuits-Saint-Georges, après le dernier sprint prévu de la semaine, le bilan pourra être fait.

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