Tour de France 2017 : Froome confirme, Uran surprend, Bardet s'affirme et Quintana coule
Froome puissance quatre
Maillot jaune pendant deux semaines, le désormais quadruple vainqueur du Tour de France n'a cédé sa précieuse tunique qu'à son coéquipier Geraint Thomas en début de Tour, et à Fabio Aru pendant deux jours. Moins souverain que sur les Tours précédents, Christopher Froome ne s'est pas offert de victoire d'étape de prestige, de folle montée de col pour assommer le Tour de France. Il a pourtant remporté cette édition dès la première étape, sous la pluie de Dusseldorf. Avec 39 secondes d'avance sur Bardet et 51 sur Uran c'est bien là, et non dans la haute montagne, que le Britannique a fait la différence. Dans les cols il s'est en effet contenté de s'appuyer sur la supériorité de son équipe, pourtant privée de Geraint Thomas, pour s'économiser et garder de l'énergie pour anéantir chaque tentative d'attaque. Une petite défaillance dans la montée finale vers Peyragudes lui a coûté le maillot jaune, qu'il a vite repris à Rodez à la faveur d'une cassure qui a emporté Fabio Aru. La mission Tour de France est accomplie pour le leader de la Sky, qui se rapproche un peu plus des légendes quintuples vainqueurs du Tour que sont Meckx, Anquetil, Hinault et Indurain.
Uran, la surprise du chef
« Il n'a pas mis un coup de pédale, il me fait les bonifications. » La réplique un peu dépitée de Romain Bardet après la 17e étape symbolise assez bien le Tour de France de Rigoberto Uran, qui a surpris tout le monde, y compris lui même. Personne n'attendait le grimpeur colombien à ce niveau, pas même sa propre équipe, et le leader de la Cannondale a donc joué avec ses armes. Et si sa façon de grimper, solidement accroché à la roue de Romain Bardet ou de Chris Froome, a pu agacer, il faut tout de même lui rendre hommage : il a tenu à chaque fois le rythme imposé par le train Sky et les attaques de Bardet, n'a jamais été distancé contrairement à Aru, Quintana ou Contador. Dans le contre-la-montre final, le Colombien est repassé devant Romain Bardet pour terminer à 54 secondes du vainqueur. A 30 ans, l'ancien Sky deux fois deuxième du Giro réalise, de loin, sa meilleure performance sur le Tour. Au moment où on l'attendait le moins.
Bardet, la confirmation
Il a porté les espoirs d'un pays qui attend son vainqueur du Tour depuis 32 ans pendant trois semaines sans jamais craquer ou presque. Sur ce Tour de France 2017, Romain Bardet a regardé dans les yeux les meilleurs du monde, Chris Froome compris. S'il n'a pas pu remonter le retard pris sur le vainqueur lors du chrono inaugural ce n'est pas faute d'avoir tenté : A Peyragudes pour sa victoire d'étape, dans le Galibier et l'Izoard pour tenter de reprendre du temps à Froome, Bardet a fait honneur à sa réputation de coureur offensif. Christopher Froome était sans doute encore un peu trop fort, mais le leader d'AG2R s'est affirmé sur ce Tour comme l'un des meilleurs du monde. Il s'est fait très, très peur dans le contre-la-montre de Marseille, sauvant sa place sur le podium pour une petite seconde. Mais il termine sur le podium pour la deuxième fois consécutive, après avoir animé la course et fait vibrer le public pendant trois semaines.
Aru pas vernis
C'est peu de dire que la saison de Fabio Aru a été marquée par la malchance. Blessé au genou il avait du déclarer forfait pour le Giro, qui partait de sa Sardaigne natale. Après un beau Dauphiné le leader d'Astana semblait d'attaque pour animer ce Tour de France, et il a tenu parole. Formidable attaquant, vainqueur à la Planche des Belles filles, le champion d'Italie est même le seul a être parvenu à renverser le monopole Sky sur le maillot jaune, à la faveur d'une attaque dans la montée vers Peyragudes. Privé de ses deux lieutenants pour la montagne Dario Cataldo et Jakob Fuglsang, blessés sur une chute bête lors d'un ravitaillement, il n'a pas pu tenir la distance. En permanence isolé très tôt dans les étapes de montagne, il a fini par marquer le pas dans les deux étapes alpestres, au point de perdre sa place sur le podium.
Contador à l'attaque
Alberto Contador n'a plus les jambes pour jouer le podium du Tour de France. On s'en doutait un petit peu mais l'édition 2017 a confirmé que les meilleures années du grimpeur espagnol sont désormais derrière lui. Mais même affaibli, Contador reste un coureur de panache qui n'a pas son pareil pour animer une étape. Parti très le premier col dans la très courte étape du 14 juillet, il n'a pas pu empêcher Warren Barguil de l'emporter mais a enflammé le public. Rebelote dans les Alpes lors de la dix-septième étape, avec une attaque au pied de la Croix-de-Fer. Neuvième du général, le leader de la Trek n'est pas parvenu à claquer une étape, mais il a quand même réussi à marquer ce 104e Tour de France.
Quintana K-O
Nairo Quintana ne peut pas en dire autant. Le leader de la Movistar s'était embarqué dans une tentative audacieuse, pas réussie depuis 19 ans : réaliser le doublé Giro-Tour de France. Viser le classement général lors de deux grands tours consécutifs semble impossible à l'ère moderne et les performances de Quintana sur le Tour vont dans ce sens. Jamais dans le coup, lâché très rapidement par les meilleurs lors de chaque ascension, Quintana termine ce Tour à une anonyme 12e place, à plus de quinze minutes du vainqueur. Il a certes perdu son lieutenant de luxe Valverde dès la première étape, mais il n'a jamais semblé en mesure de lutter avec les prétendants. Une édition à oublier.
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