Tour de France 2018 - Fernando Gaviria, la jeunesse déjà au pouvoir ?
« On essaye de le tenir calme. » Patrick Lefevere, le manageur de l’équipe Quick-Step, parle ainsi de sa nouvelle perle du sprint, Fernando Gaviria. « On sait que chez les Sud-Américains, le sang peut être chaud », sourit le technicien belge. Or, le sprint est une affaire de sang-froid. De gros cœur aussi. Et des grosses jambes. Il a déjà tout ça. A 23 ans, le jeune homme s’est offert deux étapes dans ce Tour de France 2018. Son premier.
Avant d'arriver sur la plus grande épreuve du monde, le Colombien s’est fait les dents ailleurs. « On l’a préparé avec le Tour de Californie. Iljo Keisse est resté tout le temps avec lui. » Pour le guider, le tempérer, lui faire toucher du doigt les subtilités de la course. Fernando Gaviria vient, comme d’autres « coureurs de Colombie ou d’Australie, de la piste », glisse le Belge. « L’expérience, il l’a acquise là ». C’est aussi ce qui lui donne cette puissance, et aussi ce « jump » qui lui a permis de retrouver de la vitesse face à Peter Sagan alors que le Slovaque l’avait dépassé dans le sprint de la 4e étape. Un geste rare. Double champion du monde sur piste en omnium, l'homme s'est déjà attiré les louanges de ses pairs: "Il est bien plus jeune que moi. C'est la relève", constate ainsi Sagan.
Cavendish le voit comme le futur sprinteur le plus rapide du monde
Après avoir dirigé Mark Cavendish, Marcel Kittel ou encore Tom Boonen, Quick-Step ne s’est pas trompé à l’heure de choisir un successeur pour les sprints. « Il peut amener un sprint depuis les 200m, ou depuis les 20m », insiste son manageur. Et c'est un ancien de la maison qui l'a pratiquement adoubé: "On l’avait découvert en Colombie, ensuite il a battu Cavendish à deux reprises en Argentine (au Tour de San Luis, en 2015). La première fois, Cavendish était furieux, la deuxième fois, il avait dit il faut le prendre, il va devenir le plus rapide du monde."
Mais ces deux succès ne font pas oublier ce par quoi le sprinteur colombien est passé. « Quitter son pays à 21 ans pour partir à 10 000km, ce n’est pas facile », glisse Patrick Lefevere. D’un naturel timide, presque introverti, Fernando Gaviria s’est ouvert peu à peu. Il a appris l’anglais, pour mieux communiquer avec ses coéquipiers. « Il est gourmand sur le vélo : il veut gagner », souligne son patron. « Il est impatient. Quand il ne gagne pas, il est malheureux. » Il a eu le maillot jaune lors de la 1re journée, il rêve maintenant du vert.
De notre envoyé spécial
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