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Tour de France 2018 : KM28, le peloton suffoque

Le Tour de France a été neutralisé après une manifestations d’agriculteurs et la présence de gaz lacrymogènes. Une drôle d’expérience pour un peloton déjà sous tension.
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Le Tour de France neutralisé après des gaz lacrymogènes (YORICK JANSENS / BELGA MAG)

Et la course reprit ses droits. Dans un Tour à la recherche d’air pur, le peloton n’eut droit qu’à un gaz toxique. Ce moment irrespirable de la Grande Boucle, on ne l’attendait pas là. Le peloton non plus. « Je n’ai pas compris ce que c’était », raconte Guillaume Martin, le leader de Wanty-Groupe Gobert, touché par une substance dont il n’a pris connaissance qu’à l’arrivée à Luchon. « Les gaz lacrymogènes, c’est une première pour moi. Une nouvelle expérience mais je ne pensais pas que j’en prendrai sur le Tour de France. Je me doutais bien que c’était une manifestation. Je me suis dit que mai 68 revenait avec un peu de retard. » Juillet 2018, un collectif d’agriculteurs (Pour que Vive La Piège, NDLR) avait décidé de faire une action coup de poing en disposant ses barricades version ballots de paille sur la route du Tour après la côte de Fanjeaux, le premier « MG » du jour. 

Mai 68 avec un peu de retard

L’affrontement était inévitable avec la vingtaine de manifestants. « Face à l'hostilité de certains qui refusaient de dégager la route, les forces de l'ordre ont repoussé et écarté les intéressés sur les bas-côtés pour dégager les obstacles », a précisé la préfecture de l’Aude. Une opération menée spray à la main dont les principales victimes ont été les coureurs, lancés à vive allure et sur zone quelques secondes plus tard. « On avait eu l’info quelques kilomètres avant qu’il y avait une manifestation d’agriculteurs, raconte Julien Jurdie, directeur sportif d’AG2R-La Mondiale. On a rapidement vu du mouvement avec des CRS paniqués. On s’est dit que ça allait être un peu chaud. Un manifestant nous a cassé un rétroviseur. On est sorti de la voiture pour voir les dégâts et on a senti qu’il y avait un gaz à l’extérieur. »

Caisse de résonance

Vu la quantité de lacrymogène utilisé, personne n’a pu y échapper. Les oreillettes ont alors crépité de partout. « Pas mal de gars dans le peloton ont été touchés, raconte Nicolas Portal le DS de la Sky. On a même entendu quelqu’un qui vomissait. » « On est tous passés au milieu du nuage », confirme Guillaume Martin. Pour le bien des coureurs, ASO a stoppé la course un peu plus loin. Collyre pour tout le monde. « C’était très désagréable, reprend Martin. Au niveau des yeux et surtout au niveau des bronches et du nez. J’étais pas mal pris et ça a duré plusieurs kilomètres après qu’on soit reparti. C’est surement lié au fait que je suis asthmatique. » La neutralisation a duré une quinzaine de minutes avant une reprise de la course en douceur. « S’arrêter d’un coup en plein cagnard c’est compliqué. On a plaisanté et on a essayé de récupérer. La course est repartie et on a fait abstraction de cela. » Plus de peur que de mal. Une péripétie de plus dans l’histoire du Tour de France. Des grèves et de manifestations, Marc Madiot en a déjà connu sur le Tour. Il a pris la chose avec son flegme habituel. « C’est le Tour. Ça arrive de temps en temps. Ça fait partie du jeu. » Le jeu d’un évènement à forte résonance. « Ça peut inciter certaines personnes à manifester au bord de la route, abonde Jurdie. J’espère qu’on ne verra plus ça jusqu’à la fin du Tour. » Ça c’est pas gagné.

De notre envoyé spécial

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