Tour de France 2019: Groupama-FDJ, de l'ombre à la lumière du chrono par équipes
Il y avait une ambiance particulière. De la nervosité, bien sûr, de la sérénité aussi, et énormément de concentration. Ce dimanche matin, sur la place des Palais à Bruxelles, l'atmosphère n'était pas habituelle autour du bus de l’équipe Groupama-FDJ. "Le contre-la-montre, c’est toujours une ambiance spéciale", soulignait Sylvain Chavanel, ancien champion de France de la spécialité et désormais retraité du peloton. "Tout le monde est très tendu." Ici comme ailleurs.
Le silence avant de faire parler les jambes
Mais en d’autres temps, la formation française aurait simplement eu la pression pour limiter la casse par rapport aux meilleures. Pas cette fois. Cela fait un moment que cette deuxième journée du Tour de France 2019 est cochée sur le planning de l’équipe. Ce matin, aucun contact avec la presse. Pas un mot. Et ce n’est pas dans les habitudes de ce collectif. Au retour de l'ultime reconnaissance matinale, Thibaut Pinot arrivait serein, glissait quelques mots à son mécanicien, avant de s'engouffrer dans le bus. Petite collation, puis échauffement avec des ventilateurs pour maintenir les corps à bonne température, le programme était millimétré.
Avec le renfort du Suisse Stefan Küng, l'une des références du chrono mondial avec notamment quatre podiums au championnat du monde par équipes ces quatre dernières années avec la BMC dont un titre en 2015, avec les progrès de Thibaut Pinot dans l’exercice, et la présence de Matthieu Ladagnous ou de William Bonnet, gros moteurs dans les épreuves du chrono, Groupama-FDJ avait de l’ambition.
Thierry Bricaud, l’un des directeurs sportifs, ne voulait pas en rajouter : "Quand on voit la débauche d’énergie, de stress, pour un gain minime…" Une façon de dédramatiser cette étape, au lendemain d’une entrée en lice toujours nerveuse pour les coureurs. Tout en sachant qu'un bon temps peut donner des ailes à une équipe. D'ailleurs, le recrutement de Küng répondait à une logique: "Stefan a énormément d’expérience. Il apporte énormément, et c’est bénéfique à tout le groupe surtout dans les chronos par équipes", glissait le technicien.
12 secondes perdues sur Thomas, 47 gagnées sur Bardet
Il ne restait plus qu'à le transformer sur le bitume, dans les rues de Bruxelles. Cela a été fait, avec la manière. Une fois la ligne d'arrivée franchie, Thibaut Pinot expliquait la source de cette performance collective de premier plan: "On a fait un stage spécial pour ce chrono par équipes. C'est assez rare. C'est important de récolter les fruits de notre travail. C'est bien."
Très bien même, car le leader de l'équipe n'a concédé que 12 secondes sur Geraint Thomas et Egan Bernal (Ineos), 11 secondes sur Julian Alaphilippe (Deceuninck). Des miettes presque en forme de victoire. "On a bien travaillé", se réjouissait Stefan Küng. "On a fait des erreurs à l'entraînement justement pour mieux en comprendre l'importance." Et de l'autre côté, il a gagné 4 secondes sur Vincenzo Nibali (Bahrein), 9 sur Jakob Fuglsang (Astana) et sur les frères Yates (Mitchelton), et 47 secondes sur Romain Bardet (AG2R-La Mondiale).
Comme le disait Stefan Küng dans notre podcast "Dans l'oreillette" pour résumer ce qu'est un contre-la-montre par équipes: "Pour simplifier les choses, c’est aller de A à B le plus vite possible, mais après beaucoup de choses derrière font qu’on réussit. Si on gère parfaitement la course, on passe la ligne d’arrivée avec plus rien dans les jambes". Cela a été le cas aujourd’hui pour Groupama-FDJ, avec une belle récompense à la clé. "J'ai dit qu'on avait une des meilleurs équipes au départ du Tour, et on le montre", constatait fièrement Pinot. L'équipe est sortie du bois. Elle est maintenant en pleine lumière derrière son leader.
De notre envoyé spécial
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