Tour de France 2019 - L'ennui grand absent de la Grande Boucle
Ne pas ennuyer les coureurs et les spectateurs. Le leitmotiv de Christian Prudhomme, patron du Tour de France, et de Thierry Gouvenou, grand penseur du parcours, est connu. Les organisateurs proposent et les coureurs disposent entend-on pourtant chaque année. Les promesses de la présentation du parcours fin octobre à Paris ne sont pas toujours confirmées en juillet. Mais quand les bonnes idées du tracé rencontrent les velléités audacieuses des coureurs, vous obtenez un feu d’artifice quasi quotidien.
Qui peut dire que la première partie du Tour de France l’a ennuyé ? Sans les Pyrénées et les Alpes avant la première journée de repos, départ très au Nord oblige, la tâche des traceurs n’était pourtant pas simple. Oubliez les lancinantes premières semaines et leurs accumulations de sprints. Si cinq étapes sur dix ont terminé par une explication entre grosses cuisses, l’impression est différente cette année. Le tout grâce à la multiplicité des profils proposés.
La plus belle première moitié de Tour du XXIe siècle
Une étape de plat à Bruxelles, un chrono par équipes, une arrivée pour puncheurs, du plat, de la moyenne montagne, de la haute montagne, du plat puis deux profils casse-pattes et pour finir du plat, il y avait de tout pendant dix jours. Tant et si bien qu’il n’est pas interdit de considérer la première moitié du Tour 2019 comme la plus belle du XXIe siècle.
L’édition 2014 est sans doute la seule à tenir la comparaison avec en prime un scénario fou et les abandons de Chris Froome et Alberto Contador. En 2018, le Tour avait proposé un programme de choix aux coureurs, passant notamment par la Bretagne pour une déception au final. Ce qui tendrait à démontrer la maxime “les organisateurs proposent, les coureurs disposent”.
Alaphilippe, le Tour lui dit merci
Est-ce que parce qu’il est Français que Julian Alaphilippe passe pour le grand animateur de la première semaine ? Pas seulement. Son statut de numéro un mondial auréolé de succès de prestige cette saison (Strade Bianche, Milan-San Remo, Flèche Wallonne), lui confère une place particulière dans le peloton.
A Épernay, on l’attendait pourquoi pas dans la dernière bosse, Alaphilippe avait une autre idée. A La Planche des Belles Filles, on le pensait seulement capable de "survivre", il a fait mieux. Enfin, vers Saint-Étienne, on se demandait s’il allait reprendre son maillot jaune, Alaphilippe a répondu par l’affirmative avec un talent certain, prenant Thibaut Pinot sur le porte-bagages. Bilan, un succès d’étape et cinq jours passés en jaune.
Si Deceuninck-Quick Step a brillé, que dire de la Jumbo-Visma ? En Belgique, les Néerlandais ont volé la vedette aux locaux. Le surprenant Mike Teunissen d’abord pour un vent de fraîcheur sur le Tour puis le collectif ensuite sur le contre-la-montre par équipes, le weekend bruxellois a été bon pour les coéquipiers de Dylan Groenewegen qui a lui levé les bras à Chalon-sur-Saône avant que Wout van Aert ne l’imite à Albi. Quatre succès mais jamais le même vainqueur, ce n’était plus arrivé depuis 1997 et Festina.
Si la première partie du Tour a enthousiasmé coureurs et suiveurs, jusqu'au sublime coup de bordure de lundi, la deuxième a les moyens d’être à la hauteur. Sur les onze étapes restantes, seules trois devraient tomber dans le museau des sprinteurs. Voilà de quoi promettre encore du spectacle, si les coureurs le veulent.
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