Tour de France 2021 : Le col du Portet en juge de paix ?
Au regard de l’histoire de la Grande Boucle et de ses 107 éditions, le col du Portet n’est rien. Ou presque, puisqu’il n’a figuré qu’une fois sur le parcours. Un petit nouveau donc à l’échelle historique, mais déjà un grand, voire un géant du Tour, quand on regarde son profil. Présent au sein du peloton lors du premier passage à son sommet en 2018, Yoann Offredo se souvient : "J’avais peur. J’étais très, très stressé. Et je n’étais pas le seul. Ce col nous effrayait, on avait vraiment peur de ne pas rentrer dans les délais. J’avais interpellé Luke Rowe, à l’époque chez Ineos, pour lui dire ‘J’espère que vous n’allez pas rouler trop vite, sinon on est foutus' ". Deux ans plus tard, le col du Portet revient sur le Tour de France, avec l’arrivée de la 17e étape jugée à son sommet. Et ce, à quatre jours de la fin du Tour.
Plus haut que le Tourmalet
Étymologiquement déjà, le col du Portet pose le décor puisque son nom peut s’interpréter comme « le col du col ». Ni plus, ni moins. Perché sur les hauteurs de la station de ski de Saint-Lary-Soulan, la route y serpente entre les prairies, offrant des images aussi spectaculaires que sublimes, entre les spectateurs et la foule. "Je l’avais reconnu en entraînement avec Guillaume Martin, c’était magnifique de base. Mais ça l’était encore plus avec le monde. Les derniers kilomètres étaient réservés aux piétons. Il y avait une vue somptueuse et une ambiance incroyable", se remémore Offredo. Il faut dire que le cadre a de l’allure, sur cette ancienne route de berger, bitumée en 2018 pour la Grande Boucle.
Les spectateurs en prendront donc plein la vue sur le bord de la route et devant leur TV, mais pas seulement grâce aux paysages. Sur le plan sportif aussi, il y aura de quoi se réjouir puisqu'il s'agit quand même d’une étape de montagne, et pas n’importe laquelle. Déjà, parce qu’avant de s’attaquer au Portet, le peloton, après deux premières étapes pyrénéennes, aura avalé le col de Peyresourde et celui de Val Louron-Azet dans le dernier tiers de l’étape. "Ça va se faire dans le Portet, avant, ça sera un échauffement pour passer à l’attaque dans le Portet", prévoit Thomas Vœckler. Difficile de contredire le sélectionneur de l’équipe de France quand on jette un œil au profil du col : 16 km à près de 9% de moyenne, avec des pointes à plus de 10% en début et fin d’ascension. Bref : un gros morceau.
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Vœckler présente les lieux : "Au pied du Portet, il y a la fameuse station de Saint-Lary-Soulan. Ensuite les coureurs emprunteront le prolongement qui a été fait en 2018. C’est une petite route mais très propre, avec un bon revêtement. L’ascension comprend beaucoup de virages, ce qui aura son importance". Pourquoi ? Il explique : "Un virage, ça peut permettre de récupérer dans un col, si on le prend à l’extérieur. Et surtout : cela fait qu’on voit les adversaires devant, mais aussi derrière. Ça ajoute de la tension". Et comme si tout cela ne suffisait pas, la route grimpe à 2215 mètres d’altitude. "Dès qu’on passe les 2 000 mètres, ça change tout. Forcément à cette altitude, on peut s’attendre à voir des Colombiens briller", parie Offredo, qui se souvient de la victoire de Nairo Quintana sur cette route en 2018.
Ce jour-là, outre la victoire du grimpeur colombien, ce qui avait marqué Thomas Vœckler, c’était surtout la passation de pouvoir chez Sky : "C’est là que Geraint Thomas avait lâché son coéquipier Christopher Froome, et que la hiérarchie s’était faite pour la victoire finale. C’est un col où on ne peut pas se cacher, où les meilleurs seront devant". A fortiori à quatre jours de l’arrivée : "A ce moment du Tour, soit la messe sera dite et un coureur tentera un dernier coup pour le général ou pour sauver son Tour, soit on aura une vraie bataille entre les grimpeurs pour le maillot jaune. Ce sera une de leurs dernières chances", annonce Vœckler. En effet, il ne restera ensuite qu’une étape de montagne avant une autre de plaine et le second contre-la-montre. Yoann Offredo acquiesce : "Un grand grimpeur s’imposera en haut du Portet, sauf si la Jumbo-Visma verrouille la course. Mais ce col est suffisamment long pour provoquer des coups de moins bien, des défaillances". Autrement dit, pour faire basculer le Tour de France.
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