Tour de France : abandons, forfaits, chutes, les favoris au jeu du poker menteur
A la table des favoris, ils sont trois à ressortir. D'un côté, Primoz Roglic, leader slovène de la formation surpuissante Jumbo-Visma. De l'autre, Egan Bernal, tenant du titre et prédestiné à un règne long au vue de son jeune âge (23 ans) avec l'équipe Ineos-Grenadier habituée à finir en jaune sur les Champs-Elysées (7 fois sur les 8 dernières années). Et enfin, Thibaut Pinot (Groupama-FDJ), pour faire frémir l'instinct cocardier, héros malheureux de la saison passée et à qui le parcours montagneux de cette édition 2020 peut parfaitement correspondre. A ce trio, on peut encore ajouter un Nairo Quintana (Arkéa-Samsic), pour les mêmes raisons que le Français, ou un Emanuel Buchmann (Bora), 4e l'an dernier sans que la liste ne soit exhaustive.
Quel est leur point commun ? Ils ont tous soit chuté, soit abandonné, soit les deux ensemble, lors du terrible et sélectif Critérium du Dauphiné. C'était un peu l'automne au mois d'août dans cette ultime répétition de la Grande Boucle, conclue 13 jours avant le départ de Nice. Mais tous n'ont pas participé à la dernière étape dantesque autour de Megève.
Egan Bernal, qui souffrait du dos, a abandonné au matin de la 4e et avant-dernière étape. Primoz Roglic s'est arrêté le soir, au lendemain d'une bonne chute, tout comme Emanuel Buchmann,. Thibaut Pinot, lui, tombé à terre à la 3e étape a tenu bon pour finir à la 2e place du classement général, totalement exténué. "J'ai rarement fini une étape en étant aussi fatigué", disait-il à l'arrivée. Le leader de la formation de Marc Madiot avait ensuite préféré faire l'impasse sur les championnats de France. Enfin, Nairo Quintana, auteur d'un début d'année tonitruant, a abandonné lors de la 5e et dernière étape, évoquant une douleur au genou consécutive à une chute à l'entraînement début juillet en Colombie.
Le bluff de Roglic, l'absence de prise de risques pour tous
Mais ces retraits ou forfaits étaient-ils subis ou réfléchis ? En clair, certains ont-ils préféré ne pas continuer pour mieux se préparer pour LA course la plus importante de l'année ? Certains, comme le Slovène Roglic, ont ménagé le suspense de leur participation jusqu'à deux jours du départ. Intox ou réalité ? "Là c'est du bluff", estime Laurent Jalabert, notre consultant France Télévisions au sujet du leader de la Jumbo. "C'était peut-être pour faire naître un espoir chez ses adversaires, et leur donner un petit coup sur la tête. Mais personne n'y a cru. Pour moi, cela ne sert à rien. Il voulait peut-être s'enlever un peu de pression, mais à partir du moment où il est au départ, il l'a la pression. Et quand on a vu son coup de pédale même après sa chute..."
Arrivé "en grande forme très tôt", peut-être trop tôt, le Slovène a impressionné ses rivaux. Cela a peut-être pesé sur la décision de certains de se retirer avant le terme de la course : "Il ne faut pas oublier que cette année, il n'y a que deux semaines d'écart entre le Dauphiné et le Tour au lieu des trois semaines habituelles. Cela a sans doute poussé certains à prendre des décisions qu'ils n'auraient pas prises normalement. Il y a sans doute eu une volonté de ne prendre aucun risque." C'est notamment le cas d'Egan Bernal, forfait au matin de la 4e étape pour des douleurs au dos : "Il a sans doute vu qu'il ne gagnerait pas. Et il n'a peut-être pas voulu tirer sur son dos."
Pour Laurent Jalabert, ces chutes ne devraient pas avoir de conséquences sur leur Tour : "Pour tous, l'important était de ne pas arriver au départ trop diminué. Quinze jours, c'est suffisamment long pour se remettre d'une chute. Certains ont peut-être constaté que les voyants se sont allumés lors de ce Dauphiné très dur. Alors, ne pas aller au bout, c'est gagner un peu de récupération." Et la récupération, dans un Tour de France planté au début d'une saison raccourcie, cela peut-être l'élément déterminant pour voir la vie en jaune.
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