Tour de France : aux grands maux, les grands remèdes, le Tour plonge dans la bulle sanitaire
Si le grand départ du 107e Tour de France aura lieu samedi, les coureurs participants à la Grande Boucle sont priés de rejoindre Nice, ville-hôte du grand départ, dès ce jeudi. Au programme pour tout le peloton : les traditionnels tests PCR, par le nez. Un rituel qui deviendra vite une habitude puisque les coureurs devront s’y soumettre tous les jours.
Un labo mobile innovant
Pour limiter la propagation du virus, les organisateurs ont misé sur l'innovation. Le Tour de France, toujours un pionnier dans l’innovation médicale, s’est ainsi dotée d’un laboratoire mobile qui accompagnera les coureurs durant toute l’épreuve. Ce laboratoire permettra d’avoir les résultats des tests PCR quotidiens rapidement. "Les résultats des tests seront donnés dans les deux heures maximum, parfois même une heure. En tout cas, ce n'est pas le lendemain qu'on aura les résultats, on les aura très vite", confiait Christian Prudhomme, directeur du Tour de France, en conférence de presse.
Pour Roger Rua, médecin du sport, la mise en place d’une telle infrastructure est un atout majeur pour les organisateurs. "Le laboratoire va être contrôlé et agréé, il va donner aux organisateurs la possibilité d’avoir des résultats quasi immédiats et donc d’agir rapidement."
Pour le grand départ, donné cette année à Nice, le public ne pourra pas excéder 500 personnes. Les chanceux devront se faire connaître via le site de la ville de Nice et seront tirés au sort. Les organisateurs n’excluent pas des décisions de dernière minute concernant le protocole sanitaire pour préserver la santé de tous. Lors des étapes de montagne, un filtrage sera mis en place pour avoir accès au col. Une décision qu’explique le directeur du Tour. "Sur les routes du Tour, en juillet, il y a 20 % d'étrangers, dans certains cols, parfois jusqu'à 50% d'étrangers qui regardent passer le Tour, mais malgré ça, dans une vingtaine de cols ou de cotes, un filtrage sera mis en place par les forces de sécurité. Il faudra parfois monter à pied, à vélo ou avec les navettes, les cars, les transports collectifs mis en place par les collectivités pour avoir accès aux cols."
Enfin, Christian Prudhomme, ainsi que Christian Estrosi, le maire de Nice, ont appelé les spectateurs à "faire preuve de bon sens" en portant un masque.
Une bulle sanitaire synonyme de risque 0 ?
Si les organisateurs ont sans doute fait le bon choix en prenant des mesures radicales, le risque 0 n’existe pas. Ainsi, coureurs et staff devront être vigilants à l’issue des étapes. "Le principal risque reste la transmission par les mains, les coureurs devront donc se désinfecter les mains régulièrement, détaille Roger Rua, il faudra prendre des précautions lorsqu’ils seront dans des espaces clos comme dans les bus. Les coureurs devront porter le masque et respecter une distanciation sociale lors des briefing et autres réunions d’équipe."
Toujours selon le médecin du sport, le risque de contamination est également de mise dans les pelotons. "Selon une étude américaine, il y a bien un risque de contamination. Le premier coureur brise l’air par rapport à ses poursuivants, créant ainsi une bulle d’aspiration qui va aspirer les gouttelettes du premier coureur. Celles-ci seront ensuite remises devant les poursuivants comme s’il n’y avait pas de résistance."
Une sorte de "mur de contamination", selon les termes de Roger Rua, peut donc se créer. Le risque est donc un peu plus important pour les suiveurs. "Il existe un risque jusqu’au 4e ou 5e suiveur selon l’étude, après le risque s’estompe. C’est un risque spécifique au cyclisme qui ne reste pour l’instant qu’expérimental", conclut Roger Rua.
Des risques pour la santé mentale des coureurs ?
Si le risque de propagation du virus devrait être diminué par la bulle sanitaire, la santé mentale des coureurs pourrait en faire les frais. "Pour tous les sportifs l’impact se ressent. Les réactions seront plus naturelles", rappelle Roger Rua. Avant d’ajouter, "pour les cyclistes qui ont un effort d’une concentration extrême, les débuts seront perturbants. Mais, une fois qu’ils auront démarré le Tour, ils rentreront vite dans leur ‘bulle’ à eux".
À quelques jours du départ, les doutes sont nombreux chez les coureurs. Hugo Hofstetter, qui disputera son premier Tour de France, appréhende déjà. "On ne pourra pas voir nos familles lors des journées de repos. Déjà avec l'enchaînement entre le Tour de l'Ain et le Dauphiné, je n'ai pas eu l'occasion de le faire. Ça ne pourra pas continuer comme ça la saison prochaine, j'espère qu'on trouvera une solution, un vaccin ou quelque chose dans ce genre. A terme ça pourra mener à des dépressions."
Une pression mentale à laquelle Guillaume Martin, leader de l’équipe Cofidis, préfère ne pas penser. "Je ne suis pas d'un naturel angoissé. Je ne vais pas passer mon temps à penser aux éventuels problèmes que ça pourrait poser." À 26 ans, et dans la forme de sa vie, Guillaume Martin est déjà dans sa bulle.
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