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Tour de France : Démare-Pinot, la cohabitation est-elle encore judicieuse ?

Neuvième des derniers championnats d'Europe à Alkmaar, Arnaud Démare s'est confié au Parisien sur sa saison en demi-teinte : quatre victoires dont une sur le Giro, mais absent du Tour de France. Le Picard a fait son choix : il veut être au départ de la Grande Boucle en 2020. Mais sera-t-il judicieux de l'aligner avec Thibaut Pinot, qui n'a jamais été aussi proche de remporter le Tour avant son abandon ?
Article rédigé par Théo Gicquel
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
 

Sur le Tour, Marc Madiot n'avait jamais réellement tranché : jouer le classement général ou les étapes sur le Tour de France ? Pour ne pas avoir à choisir , il a souvent décidé d'emmener les deux : Arnaud Démare et Thibaut Pinot, comme en 2014, 2015 et en 2017.

En 2018, le manager avait scindé : Démare sur le Tour, Pinot sur le Giro. En 2019, il a fait l'inverse. Et la symétrie des résultats lui a donné raison : une victoire pour Démare (Pau sur le Tour 2018, Modène sur le Giro 2019) et un Pinot à la lutte pour la victoire avant son abandon (5e sur le Tour 2019, 3e sur le Giro 2018).

"Ma place doit être sur le Tour de France"

Pourtant, 2020 pourrait bien casser cette dynamique de partage. Dans une interview au Parisien, Arnaud Démare explique son amertume d'observer à distance un Tour si ouvert, malgré un bon Giro en mai, avec une victoire et une deuxième place au maillot cyclamen.

"La décision avait été prise au mois de décembre, j'avais fait une croix sur le Tour pour disputer le Giro, explique-t-il. Mais j'avoue qu'en regardant les sprints, j'étais frustré, je me disais : J'aurais dû y être… J'ai compris que, dans les années à venir, ma place doit être sur le Tour de France."

Une place sur le Tour de France en 2020 signifierait sans doute être aligné auprès de Thibaut Pinot. Le Franc-Comtois, meurtri de son abandon lors de la 19e étape, a trop vibré sur ce Tour pour ne pas retenter sa chance l'année prochaine. Mais une association Démare-Pinot pourrait-elle fonctionner ?

Le partage des objectifs a permis à la Groupama-FDJ de compartimenter l'équipe. Avec un seul leader et un seul objectif, Madiot a pu mettre sept hommes au service d'un seul. Ramon Sinkeldam et Jacopo Guarnieri en Italie, David Gaudu ou Sébastien Reichenbach en France. Aligner les deux ramènerait l'ancienne méthode, à savoir ne pas choisir. Et donc priver chacun des deux leaders de la moitié de ses soutiens. 

Pinot ne vise plus que le Tour

"Il y a des équipes qui jouent sur deux tableaux, nous, on a les coureurs pour le faire, assure Démare. Mais on aura le temps d'en discuter en interne. Je pense déjà à réussir ma fin de saison. "

En juillet, Pinot s'est surtout reposé sur Gaudu, Molard et Reichenbach en montagne. Mais Bonnet, Küng et Roux ont été d'une aide précieuse sur le plat. Ne lui laisser que trois équipiers en 2020 fragiliserait ses chances - que 2019 a montré réelles - de remporter le Tour de France.

"J'ai compris qu'il n'y a que le Tour qui compte. Même si j'aime beaucoup le Giro et la Vuelta, les frissons et l'émotion que j'ai eus, il n'y a que le Tour qui me les donnera. Ma carrière va passer vite maintenant, l'année prochaine j'aurai déjà 30 ans. Je vais me consacrer au Tour parce que pour moi maintenant, le vélo c'est le Tour.", expliquait-il le lendemain de son abandon dans notre reportage "Avec Thibaut".

Avec un Thibaut Pinot dans ses meilleures années, l'aligner auprès de Démare est un risque à prendre. Mais le Picard a aussi montré qu'il concurrençait les meilleurs, surtout dans un plateau de sprinteurs sans leader incontestable. Sa présence facilite grandement les chances de victoire d'étape, signe d'un Tour réussi pour la Groupama-FDJ. Mais peut-elle désormais s'en satisfaire après avoir entrevu brièvement le Graal ?

Marc Madiot risque donc d'affronter une casse-tête : malgré leur bonne volonté, Démare et Pinot sont irrésistiblement attirés par les lumières de la Grande Boucle. Il faudra contenter ses deux leaders, alors même que la meilleure stratégie collective a sans doute été de les séparer pour mieux les faire gagner.

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