Tour de France: En attaquant dans la descente, Froome était-il dans une opération séduction ?
Que n’a-t-on pas entendu sur Chris Froome, ce tyran sans sentiment et ses coups de butoirs systématiques sur la première arrivée en altitude ? Le Tour de France 2016 n’a toujours pas connu d’arrivée au sommet digne de ce nom et pourtant le double vainqueur du Tour de France a déjà marqué son territoire. Un contre-pied à la fois surprenant et rafraîchissant dans un cyclisme moderne aux scénarios parfois trop écrits à l’avance. « C’est une surprise pour moi aussi, a avoué Chris Froome. C’est la première fois que j’essayais d’attaquer dans une descente ». Une première fois qui forcément pose question : pourquoi un double vainqueur du Tour prend autant de risques pour engranger 13 petites secondes sur ses adversaires ? Si l’entreprise est à saluer, on peut se demander si Chris Froome n’était pas dans une opération séduction ?
Une position bluffante
Chacun se souvient du Tour compliqué vécu par la Sky en 2015. Un jet d’urine au visage pour Froome, un coup de poing pour Richie Porte, des insultes, des crachats, des critiques et une suspicion à outrance. Si le Tour de France n’aime plus les vainqueurs trop faciles – jurisprudence Lance Armstrong - le style Froome et de la Sky en général sont aussi souvent invoqués quand il s’agit de les montrer du doigt. Un constat que Froome et son entourage ont sans doute fait comme nous. Est-il décidé à faire des efforts pour gagner l’amour du public ? On le voit déjà répondre en français la plupart du temps et même pour ses détracteurs, difficile de ne pas apprécier le numéro du jour. Après une accélération dans la montée du dernier col de la journée, Froome a surpris ses adversaires en mettant une nouvelle couche au sommet avant de se lancer dans une descente d’équilibriste assez dangereuse : « ce n’est que notre travail », a-t-il tempéré. Ce scénario incroyable n’est que renforcé par la position de Froome dans la descente : allongé sur le cadre tout en pédalant. Une image rare. « C’est un geste que j’ai essayé à l’entraînement quand avec mes coéquipiers on joue dans les descentes », a expliqué le nouveau maillot jaune du Tour de France.
Chris avait des "Froomey" dans les jambes
La question que tout le monde se pose ce soir est la suivante : ce coup de poker était-il prémédité ? Chez Sky, plusieurs sons de cloche, Nicolas Portal, le directeur sportif, explique qu’il avait raconté à son coureur que Contador avait repris du temps à Quintana dans une descente à la Route du Sud 2015 alors que Dave Brailsford, le manager, prétend qu’il n’avait « rien vu venir ». Chris Froome lui reconnaît qu’il avait cette attaque dans un coin de la tête. Un coup de poker prévu à l’avance donc mais un coup de panache quoiqu’il arrive. Chose rare voire inexistante lors des deux succès sur la Grande Boucle. En avait-il seulement besoin ? En avait-il réellement besoin entre Pau et Bagnères-de-Luchon ? La réponse est sans doute non. « Ça fait du bien », a seulement lâché le patron du Tour. A nous aussi et au vélo aussi sans doute.
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