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Tour de France : Grand Colombier, Col de la Loze, Planche des Belles Filles... Les étapes à ne pas manquer

21 étapes, 3 484 km parcourus en 23 jours et 4 arrivées au sommet : la 107e édition du Tour de France s’élance ce samedi de Nice sur un parcours peut-être plus relevé que jamais. Commentateur de la Grande Boucle, Alexandre Pasteur dévoile les étapes à ne pas manquer.
Article rédigé par Adrien Hémard Dohain
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 8 min
Le peloton lors de l'ascension du Grand Colombier pendant le Tour de France 2017. (DE WAELE TIM / TDWSPORT SARL)

• Etape 4 : Sisteron - Orcières-Merlette

A peine quatre jours après le Grand départ, et déjà une arrivée en altitude. Deux jours après la deuxième étape et ses 4 000m de dénivelé, cochée par Julian Alaphilippe, la quatrième donnera le ton de ce Tour très montagneux, avec 5 difficultés au programme. Après trois cols de 3e catégorie et un de 4e, le peloton attaquera la montée finale d’Orcières-Merlette : pas la plus dure du parcours, avec ses 7,1km à 6,7% de moyenne, mais un premier moment de vérité pour les grimpeurs.

L’œil d’Alexandre Pasteur : “Une première arrivée en altitude dès le 4e jour, ça faisait longtemps qu’on n’avait pas vu ça. En même temps en partant de Nice, on arrive vite dans la montagne. Certes on arrive à 1850 m, mais la montée finale n’est pas très dure, et ce qui précède est usant mais pas infaisable. Ce n’est pas encore étape de haute montagne, elle ne sera pas forcément décisive, mais ce sera spectaculaire. Comme vainqueur, je vois bien un Alejandro Valverde, mais pas un leader du général”.

• Etape 6 : Le Teil - Mont Aigoual

Sixième jour de course, le Tour s’invitera dans le Massif Central, dans une volonté des organisateurs de mettre en valeur les massifs français secondaires, après les Alpes et les Pyrénées. Et pour le coup, le choix est justifié à la vue du profil de l’étape. Au-delà de l’arrivée en altitude au Mont Aigoual, c’est surtout le col de la Lusette (1re catégorie) qui la précède qui sera à suivre. Le tout dans un final avec quatre ascensions dans les 40 derniers kilomètres : une étape taillée pour un baroudeur ?

L’œil d’Alexandre Pasteur :J’espère que les coureurs auront bien reconnu le col de la Lusette, qui est inédit sur le Tour, et qui est un vrai piège. Ceux qui l’ont repéré le disent : il va faire des dégâts avec ses pourcentages à 10-11% sur une route qui ne rend pas du tout. Je vois plutôt une échappée après un début d’étape très animé. Encore une fois, ce ne sera pas décisif pour le général mais très animé.”

• Étapes 8 et 9 : l’enchaînement pyrénéen

Après une semaine de course, le peloton arrivera dans les Pyrénées pour deux étapes ardues mais pas insurmontables. Le premier jour, entre Cazères-sur-Garonne et Loudenvielle (141km), les coureurs avaleront le Col de Mente (1re catégorie), le Port de Balès (hors catégorie) et le Col de Peyresourde (1re catégorie). Des noms qui sentent bon les bagarres de grimpeurs, même si la fin d’étape en descente devrait calmer les ardeurs des leaders, pour cette fois. Même chose le lendemain entre Pau et Laruns, avec 5 difficultés en 153 km, dont les cols première catégorie de la Hourcère et de Marie Blanque. Encore un terrain de jeu idéal pour un baroudeur-puncheur qui viserait le maillot à poids.

L’œil d’Alexandre Pasteur :Le port de Balès, c’est un des cols les plus durs des Pyrénées. Mais vu le profil de la 8e étape, avec les 50 premiers kilomètres tout plats, c’est taillé pour une échappée. J’imagine mal une bagarre intense entre leaders vue le profil de l’arrivée. Le lendemain, ce sera la même chose. Je pense que les organisateurs n’ont pas voulu trop relever les Pyrénées cette année, vu la difficulté de la première semaine puis des Alpes. Ce sera animé, spectaculaire, mais les leaders ne feront pas la différence là, en théorie…

• Etape 10 : île d’OIéron - île de Ré 

Sur le papier, c’est sans doute une des étapes les moins flamboyantes d’un point de vue sportif. D’un point de vue patrimoine et paysages en revanche, cette journée le long des côtes de Charente sera un régal. Mais justement : le peloton longeant l’océan Atlantique toute la journée, il sera exposé aux vents et donc aux "bordures". Victime de l'une d'elles l'an passé, Thibaut Pinot peut le confirmer : ces cassures provoquées par le vent et le sens tactique d’équipes spécialisées en la matière peuvent renverser la donne de ce Tour 2020. Alors, tous aux abris ?

L’œil d’Alexandre Pasteur :On a que du littoral sur les 100 derniers kilomètres. Cela peut être intéressant, surtout qu’on nous annonce du vent plus soutenu en septembre qu’en juillet. Il y a donc un grand risque de bordures, d'autant que le peloton empruntera quatre ponts exposés au vent, ça peut mettre un beau bazar. Après, les bordures, quand on les annonce, il n’y en a pas, et quand on ne s’y attend pas, il y en a. En tout cas, cette 10e étape peut être rock’n’roll !

• Etape 13 : Châtel-Guyon - Puy Mary

Sur les traces de Romain Bardet, le peloton repassera par l’Auvergne pour l’étape 13, celle avec le plus gros dénivelé de ce Tour 2020 : plus de 4 400 m. Et pour cause, 7 difficultés répertoriées seront au programme, dont une arrivée au sommet de Puy Mary (1ere catégorie). Un enchaînement d’ascensions qui pourrait surprendre les coureurs, qui ont peu repéré les lieux, se concentrant davantage sur les cols alpins et pyrénéens. Mais attention : le maillot jaune pourrait se jouer dès ce passage par l’Auvergne.

L’œil d’Alexandre Pasteur : “On va entrer dans le dur là, avec sûrement la première grosse explication entre favoris. Cette étape sera très usante et peut vraiment être très, très difficile puisqu’il n’y aura pas un seul mètre de plat. Le tout sur les routes difficiles du Massif Central, et avec un final très pentu dans le Puy Mary et ses passages à 15%. Si une équipe veut faire exploser le peloton, elle peut le faire là.

• Etape 15 : Lyon - Grand Colombier 

Après deux semaines de course, le Tour arrivera dans les Alpes pour sa dernière semaine : la plus importante, évidemment. Et pour l’entamer, quoi de mieux qu'une arrivée au sommet du Grand Colombier, col hors catégorie ? Pour corser le tout, les coureurs l’auront déjà emprunté en milieu d’étape par la Selle de Fromentel et ses passages à 22% (!), avant d’avaler le col de la Biche et de revenir sur le Grand Colombier, qui accueillera une arrivée à son sommet pour la première fois. Tout cela à la veille de la deuxième journée de repos : on peut donc s’attendre à des attaques des cadors, et à de gros écarts à l’arrivée.

L’œil d’Alexandre Pasteur :C’est peut-être l’étape clé du Tour 2020. On a une concentration de difficultés incroyable dans le final, avec des cols méconnus, sur le sud du massif du Jura, des cols pas très longs mais qui vont faire très mal, notamment l'enchaînement Selle de Fromentel et col de la Biche. Il va y avoir du dégât. Le Tour de l’Ain a emprunté le même final d’étape début août, et Roglic avait terminé devant Bernal en haut du grand Colombier sans qu’il n’y ait beaucoup d’attaques. Mais là, il faut s’attendre à ce que ça parte dans tous les sens.

• Etape 17 : Grenoble - Méribel-Col de la Loze

Après un jour de repos et la 16e étape taillée pour les baroudeurs-grimpeurs entre la Tour-du-Pin et Villard-de-Lans, les favoris seront de retour aux affaires entre Grenoble et le terrible col de la Loze. Nouveau venu sur la Grande Boucle, ce dernier est sur toutes les lèvres du peloton depuis la présentation du parcours : un monstre de 21,5 km, avec un final à 20% sur les hauteurs de Méribel. D’autant qu’en amont, les coureurs auront affronté un autre col hors catégorie : la Madeleine. Si le Tour de France ne sera pas gagné en haut de la Loze, il sera perdu pour beaucoup.

L’œil d’Alexandre Pasteur : Ce sera la deuxième immense bagarre pour le général, et un patron du  général s’imposera. L’étape sera contrôlée par les équipes de pointe, cadenacée par Ineos ou Jumbo Visma probablement, avant l’enchaînement de ces deux géants hors catégorie. Le col de la Loze, excusez mon langage, mais ce sera une vraie "saloperie" avec des passages à 20% sur la fin : pour nous, ce sera un grand moment, une belle fête. En plus c’est un col purement cycliste, les voitures n’ont pas le droit d’y rouler : je pense qu’il va très vite devenir mythique dans les années à venir, ça va devenir une référence”.

• Etape 18 : Méribel - La Roche-sur-Foron 

Avant de quitter les Alpes, les organisateurs ont dessiné une dernière étape alpine classique, donc intéressante. Au lendemain de la Loze, les perdants de la veille auront des envies de revanche et un terrain de jeu idéal pour, avec le Cornet de Roselend et le col des Aravis (1re catégorie), entrecoupés d’autres difficultés et avant la difficile montée du plateau des Glières (hors catégorie), suivie de son chemin de pierres sur deux kilomètres. Un terrain propice aux rebondissements.

L’œil d’Alexandre Pasteur :Sur le papier, c’est une étape très difficile et longue, comme le Cornet de Roselend. Le tracé est bien casse-pattes, avec très peu de vallée, c’est un bel enchaînement. Puis le plateau des Glières est un vrai mur, mais peut-être situé un peu loin de l’arrivée. Malgré ça, c’est sûr que des coureurs tenteront quelque chose pour le général”.

• Etape 20 : Lure - la Planche des Belles Filles 

Du sur-mesure pour Thibaut Pinot. Avec un seul contre-la-montre, qui plus est montagneux, les organisateurs ont taillé un parcours idéal pour le Français. Et comme si cela ne suffisait pas, cet unique contre-la-montre aura lieu sur les terres de Pinot, sur la Planche des Belles Filles qu’il connaît mieux que personne. Mais attention, si ce chrono sera décisif à la veille de l’arrivée sur les Champs-Elysées, il faudra y arriver en position de vainqueur potentiel après presque trois semaines de courses.

L’œil d’Alexandre Pasteur : “C’est le seul chrono, il fait 36km mais ce n’est pas qu’un contre-la-montre de côte. Avant la Planche des Belles Filles, il y a 30 km de plat sur lesquels il faudra envoyer avant les 6km de montée. Aucun doute : ce sera un rendez-vous décisif pour la victoire finale, surtout lorsqu’on voit les faibles écarts en tête du Tour ces dernières années. Stratégiquement, on devrait voir tous les favoris changer de vélo au pied de la Planche. Plus qu’un expert du chrono, le vainqueur sera celui qui sera le plus en forme, le plus frais, après ce parcours très éprouvant. C’est vrai que pour Pinot, c’est du cousu main, il ne sera pas dépaysé, mais il faudra qu’il soit dans les clous au départ. Si c’est le cas, il sera porté par la foule”.

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