Tour de France : "impatients" et "fiers", ces "bleus" qui vont découvrir la Grande Boucle
Ils ne sont plus qu’à quelques heures d’entrer dans le tourbillon du Tour de France, cette machine médiatique surpuissante, plus grand événement sportif et populaire de l’année dans l'hexagone. Loin de la treizième Grande Boucle que va débuter Alejandro Valverde, le coureur le plus expérimenté de cette édition 2020, le Tour de France charrie son lot habituel de néophytes. Ils seront 42 ce samedi au départ de Nice, loin des 61 novices de 2010, mais 11 Français, soit le contingent tricolore le plus important depuis 2011 (15 débutants).
"On sait pourquoi on fait ces sacrifices"
À l’approche de la plus grande course du monde, les sentiments débordent chez les différents coureurs. Entre fierté, joie et impatience, ces néophytes ont vécu une semaine particulière depuis leur sélection pour la Grande Boucle. « Il y a quelques mois, je n’aurais jamais pu imaginer ça, c’est énorme pour moi », confie le benjamin du Tour, Maxime Chevalier (21 ans et 3 mois), passé professionnel depuis fin février seulement. Le jeune grimpeur ne sera pas le seul novice de l’équipe B&B Hotels-Vital Concept puisque Quentin Pacher et Cyril Barthe découvriront également le Tour de France. « Quand j’ai appris ma sélection au téléphone, ça a été une fierté car c’est la vitrine du cyclisme, ça te donne un petit boost, on sait pourquoi on s’entraîne, pourquoi on fait ces sacrifices », se réjouit Cyril Barthe, 24 ans, avec son accent chantant du Béarn.
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Le Tour de France vampirise tellement la planète vélo que certains coureurs sont prêts à tout pour y participer. Hugo Hofstetter (26 ans), par exemple, a préféré changer d’équipe en fin de saison dernière pour pouvoir être aligné sur la grande boucle. « Si mon départ a été difficile avec la Cofidis, c'est parce que je voulais faire le Tour l'année dernière », explique le sprinter de l’équipe Israël-Start Up Nation, qui a notamment coché la 19e étape à son agenda. Pour sa première participation, il rêve de lever les bras à Champagnole, sur ses terres.
Malgré un peu plus d’expérience que ceux précédemment cités, Nans Peters (26 ans) ne cache pas non plus sa joie avant de débuter son premier Tour de France. « J’ai hâte d’être au départ, de découvrir cette course si exceptionnelle qui fait rêver tous les cyclistes, quand j’étais petit et que je faisais du vélo, je ne connaissais que cette course. » « Une épreuve que tout le monde connaît, suit, même les non-passionnés de cyclisme », continue Clément Russo, 25 ans et premier grand tour en perspective.
Supplément de pression sur le Tour de France
Mais au bonheur de passer enfin de l’autre côté de l’écran, s’ajoute aussi une pointe de stress avant un événement de cette envergure. « J’étais content mais j’ai un peu aussi d’appréhension, avoue Nans Peters. Est-ce que je vais être à la hauteur? » Un sentiment partagé par Maxime Chevalier qui n’a participé qu’à deux courses de niveau World Tour, les Strade Bianche et le Dauphiné. « J’appréhende un peu parce que c’est la première fois que je vais participer à une course aussi longue, et pas des moindres. C’est la plus belle course au monde mais aussi la plus dure. »
Pour d’autres, les courses de trois semaines ne sont pas une nouveauté. Mais rien de comparable avec un Tour de France où « tout est un peu décuplé », observe Nans Peters, une Vuelta et un Giro sur lequel il a glané une victoire de prestige à Anterselva/Antholz lors de la 17e étape en 2019, sa seule et unique chez les professionnels. « Pour un Français dans une équipe française, c’est tout en plus grand et on le ressent. Mon portable n’arrête pas de vibrer, je reçois des messages de tout le monde, je ne les ouvre même pas parce que je connais même pas l’expéditeur », rigole le natif de Grenoble.
"Sur le Tour de France, tout est amplifié"
Cyril Barthe, une Vuelta au compteur avec une 7e place d’étape pour meilleur résultat, sait aussi que ce qui l’attend sur le Tour de France n’a pas d’égal. « J’entends les échos des coureurs qui ont de l’expérience autour de moi, on me dit toujours que sur le Tour de France, tout est amplifié. »
Arrivés mercredi à Nice, théâtre du grand départ de ce Tour de France 2020, les coureurs sont plongés dans leur bulle, sanitaire mais aussi sportive. Les pensées se tournent désormais toutes vers le départ de cet après-midi. « Il faut réussir à penser à autre chose, confesse Cyril Barthe. J’essaie de me diversifier les idées avec de la lecture, des films. » Pas simple pourtant avant de débuter la plus grande course du monde.
Evidemment, aucun de ces débutants n’aborde le Tour de France dans la peau d’un leader mais les objectifs diffèrent tout de même selon les équipes. Comme Cyril Barthe, Maxime Chevalier sera au service de ses deux leaders, Pierre Rolland et son idole de jeunesse Bryan Coquard. « Il y aura quelques étapes où j’aurais le droit de lâcher les chevaux, imagine-t-il. En espérant prendre l’échappée. »
Pour Clément Russo et Nans Peters, l’équation sera un peu différente dans deux formations qui visent le classement général avec respectivement Nairo Quintana et Romain Bardet. « Cela donne un surcroît d’envie et de motivation », exprime Clément Russo. Nans Peters voit lui un peu plus haut : « L’objectif c’est d’essayer de me mettre en position de gagner, de saisir les opportunités. C’est un rêve de gagner sur le Tour mais il faut l’aborder avec humilité. »
L’humilité, il en faudra pour ces 42 coureurs à l’assaut de trois semaines harassantes de course sur un profil particulièrement montagneux. Drôle d’année pour découvrir le Tour de France.
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