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Tour de France : Ineos prêt à tourner la page Froome... et Thomas ?

C'est un séisme qui vient secouer la planète cyclisme ce mercredi. Pas tellement sur la forme mais au moins sur le fond. Christopher Froome et Geraint Thomas, cinq Tour de France au palmarès à eux deux, n'ont pas été retenus par leur formation Ineos pour disputer la Grande Boucle qui démarre dans dix jours (29 août au 20 septembre). Un choix motivé par la méforme des deux hommes depuis la reprise, mais aussi une volonté de promouvoir une nouvelle génération de leaders. Une page s'apprête à se tourner.
Article rédigé par Clément Mariotti Pons
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3 min
  (OLI SCARFF / AFP)

La décision communiquée ce mercredi matin par l'équipe Ineos marque assurément la fin d'un cycle. Alors que le Tour de France débute dans tout juste 10 jours, la formation britannique a annoncé son groupe de huit coureurs, ceux-ci ayant pour mission de porter, comme l'an passé, Egan Bernal en jaune sur les Champs-Élysées. Parmi eux, pas de trace de Chris Froome, quadruple vainqueur de la Grande Boucle (2013, 2015, 2016, 2017), ni de Geraint Thomas, qui a triomphé en 2018.

Un écrémage de leaders justifié par leur méforme depuis la reprise des compétitions. Et, peut-être plus inquiétant pour les deux Britanniques, une décision longuement réfléchie par leur manager Dave Brailsford dans un souci de performance : "Nous avons regardé comment nous pouvons gagner cette course, peut-être avec une approche légèrement différente de celle du passé, mais nous avons un bon plan de marche et ce sont les gars pour y parvenir". Avec la sélection de Richard Carapaz, vainqueur du Giro l'année dernière, ou de Pavel Sivakov, 9e du même Tour d'Italie pour sa deuxième participation à une course de trois semaines, c'est un nouveau chapitre qui s'ouvre pour Ineos.

Froome pour boucler la boucle sur la Vuelta

Il faut dire que les récentes sorties de "Froomey" et Thomas, notamment sur le critérium du Dauphiné la semaine passée, n'avaient rien pour rassurer. Respectivement 71 et 37e au général, ils ont semblé de nouveau hors du coup après un Tour de l'Ain qui laissaient déjà pointer de sérieuses difficultés. Même si leur éviction du Tour de France par Ineos relève de deux logiques différentes.

Froome traîne encore l'accident survenu l'année dernière sur le Dauphiné comme un boulet impossible à enlever. Miraculé, le coureur de 35 ans a d'ailleurs confessé dans une vidéo qu'il ne se sentait "pas capable d'apporter l'aide nécessaire" sur la Grande Boucle mais davantage sur la Vuelta (20 octobre au 8 novembre). Un aveu de lucidité de la part du Britannique en même temps qu'une façon de boucler la boucle avec sa formation, lui qui rejoindra l’équipe Israël Start-up nation à la fin de la saison. Car c'est sur le Tour d'Espagne que Froome s'est révélé en 2011, sous les couleurs de Sky, empochant son premier grand Tour pour sa première participation (après déclassement de Juan José Cobo, ndlr).

Thomas sur le Giro, le jeu de dupes

Pour Geraint Thomas en revanche, cette mise à l'écart est plus sujette à discussion. Deuxième derrière son coéquipier colombien l'été dernier sur les routes françaises, le Gallois a peiné a offrir des garanties sérieuses depuis la reprise pour s'inviter dans le groupe des huit hommes retenus. Un choix légitime fondé sur l'état de forme, donc. Mais c'est sur la justification que le jeu de dupes est plus difficile à comprendre.

"Geraint va viser le Tour d'Italie (3 au 25 octobre) et aura l'opportunité d'ajouter à sa victoire sur le Tour de France en 2018 un autre succès sur un grand Tour, dans l'objectif d'être le premier Gallois à le remporter", détaille Dave Brailsford dans le communiqué officiel de sa formation. Si ses explications sont tout à fait entendables, difficile pourtant de considérer le Giro comme LA priorité pour Ineos. Il s'agit bien d'une mise à l'écart sportive, où la formation décide d'envoyer un de ses leaders - initialement programmé pour participer au Tour de France, rappelons-le - chasser sa méforme sur un objectif "secondaire". En laissant de côté, aussi, l'expérience du coureur de 34 ans sur la Grande Boucle. "Ça va faire bizarre de ne pas l'avoir à mes côtés", confesse d'ailleurs Egan Bernal"mais je suis curieux de voir ce que Geraint va faire sur le Giro, c'est un bon tracé pour lui avec trois chronos."

Nouvelle génération, nouveaux leaders... Les rôles sont en pleine redistribution au sein de la formation britannique. Et le message envoyé à ses deux gloires d'antan on ne peut plus clair : l'heure de baisser le rideau se rapproche inévitablement.

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