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TOUR DE FRANCE | L'immense bonheur du camp français

Du jamais vu depuis 1984. Deux Français vont se retrouver sur le podium du 101e Tour de France ce dimanche, Jean-Christophe Péraud et Thibaut Pinot. Dans le camp français, le bonheur est total.
Article rédigé par Baptiste Schweitzer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Jean-Christophe Péraud termine deuxième du Tour © RF/BS)

Lorsqu'il a franchi la ligne d'arrivée, il s'est effondré derrière un camion, incapable de prononcer un mot, exténué par l'effort et comme groggy par cette deuxième place acquise à l'issue du contre-la-montre entre Bergerac et Périgueux. Et quand il reprend ses esprits, Jean-Christophe Péraud tombe dans les bras de son manager, Vincent Lavenu, en larmes. Chez l'équipe AG2R, l'émotion est totale.

Lorsqu'il prononce enfin ses premiers mots, le coureur Français, qui fait figure "d'ancien" du haut de ses 37 ans, fait part de son bonheur : "J'étais venu pour un top cinq mais malheureusement pour Contador et Froome ils sont tombés. Ça a ouvert le champ des possibles et au fur et à mesure des journées, je commençais à penser à cette deuxième place. "

"Au fur et à mesure des journées, je commençais à penser à cette deuxième place", explique Jean-Christophe Péraud

Comme une revanche pour lui qui a vécu à une histoire si particulière. L'an dernier, il était promis à une place dans les dix premiers du Tour avant de chuter lors du contre-la-montre entre Embrun et Chorges, obligé d'abandonner en raison d'une fracture de la clavicule. Cette deuxième place efface tout. "Jean-Christophe est un être exceptionnel ", témoigne Vincent Lavenu, le patron de l'équipe AG2R en embrassant son coureur :

"Il a des ressources physiques et mentales dignes d'un grand champion.

Thibaut Pinot, troisième du Tour

Mais le bonheur français ne s'arrête pas là. Car, déjouant les pronostics, Thibaut Pinot termine sur la troisième marche du podium en ayant résisté à Alejandro Valverde. L'Espagnol, que tout le monde voyait croquer le jeune Français, s'est effondré lors de ce contre-la-montre. Il finira demain quatrième de ce 101e Tour de France.

Thibaut Pinot, qui symbolise la relève du cyclisme français, n'arrive toujours pas à réaliser l'importance de cette troisième place attendant l'arrivée sur les Champs-Élysées pour laisser éclater sa joie : "Pour moi, une course elle finit quand on franchit la ligne d'arrivée. Il y a encore une étape donc j'ai du mal à savourer pleinement. Pour le moment, je suis troisième d'une course mais j'ai du mal à réaliser que c'est le Tour de France. "

"Pour le moment, je suis troisième d'une course mais j'ai du mal à réaliser que c'est le Tour de France", souffle Thibaut Pinot

Yvon Madiot, le directeur sportif du jeune Français, est lui plus prolixe. "Je me dis que Thibaut va être sur le podium, juste en face de l'Arc de Triomphe, et qu'il va y monter deux fois. Une fois pour le Top 3 et une fois pour son maillot blanc. " Car le coureur franc-comtois ramène aussi ce maillot de meilleur jeune, plein de promesses pour l'avenir.

Un suspense total

Tout au long des 54 kilomètres de contre-la-montre, le camp français aura retenu sa respiration, le cœur battant au rythme des coups de pédales de Thibaut Pinot et Jean-Christophe Péraud. Une course à suspense avec cette crevaison de Jean-Christophe Péraud au 33e kilomètre de la course. Sans dommage pour lui. Romain Bardet lui a eu moins de chance. Le coéquipier de Péraud à également crevé et pour le coup, cette mésaventure lui aura fait perdre sa cinquième place, devancé pour deux secondes par l'Américain Tejay Van Garderen.

"Trois semaines d'efforts ininterrompus ont été réduits à néant à deux kilomètres de l'arrivée... Pour deux secondes c'est vraiment rageant ", souffle Romain Bardet qui, philosophe, pense tout de même à son leader :

"L'essentiel c'est que Jean-Christophe soit deuxième. "

"Trois semaines d'efforts ininterrompus ont été réduits à néant à deux kilomètres de l'arrivée", explique Romain Bardet

Deux Français sur le podium, du jamais vu depuis 1984 avec – à l'époque – la première place de Laurent Fignon et la deuxième de Bernard Hinault. Et vu la qualité des jeunes coureurs français, on ne devrait sans doute pas attendre 30 ans pour revoir une telle image.  

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