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Tour de France : pari réussi pour la bulle sanitaire

Nombreux sont ceux qui doutaient mais le Tour de France 2020 a bel et bien réussi son pari. La Grande Boucle est arrivée à son terme sans aucune entrave liée à la crise de la Covid-19, prouvant l'efficacité sans faille du protocole sanitaire et la bulle mis en place. Seuls quatre membres du staff de quatre équipes différentes ont été testés positifs dans la "bulle course", réunissant coureurs et encadrement. Christian Prudhomme, directeur de l'épreuve, avait également été testé positif mais n'était pas membre de cette bulle. Retour sur cette réussite sanitaire qui devrait inspirer d'autres organisateurs d'événements sportifs.
Article rédigé par Vincent Daheron
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
  (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / POOL)

Mardi 25 août, l’équipe Bora-Hansgrohe se retire de la Bretagne Classic de Plouay à cause d’un cas positif - qui se révélera finalement négatif un peu plus tard. Cet épisode seulement quatre jours avant le début du Tour de France 2020 avait jeté le doute sur la tenue de l’épreuve. Les observateurs s’inquiétaient sérieusement de savoir si la Grande Boucle pourrait aller à son terme, d’autant plus que le protocole sanitaire avait été renforcé : deux cas positifs parmi les trente membres d’une équipe, staff et coureurs compris, et celle-ci prenait la porte.

Quatre cas seulement sur plus de 700 personnes dans la "bulle course"

Trois semaines plus tard, au lendemain de l’arrivée sur les Champs-Elysées, force est de constater que le Tour s'est déroulé sans embûche. "C’est une vraie réussite, une vraie satisfaction, se réjouit Pierre-Yves Thouault, directeur adjoint du Tour de France. Je ne vous cache pas que je suis très satisfait car le Tour est allé au bout." Dans le détail, la bulle course, "la plus sécurisée" précise Samuel Maraffi, médecin de l’équipe B&B Vital Concept, comprenait plus de 700 personnes dont 660 issues des vingt-deux équipes présentes sur l’épreuve, trente par équipe. Sur ces plus de 700 personnes, seulement quatre membres du staff provenant de quatre équipes différentes ont été testés positifs. C’était lors du premier test réalisé lors du premier jour de repos. Lundi dernier, pour le deuxième et dernier test, personne n’a été positif.

Pour réaliser ces tests, "un laboratoire itinérant avec des médecins, des biologistes pour pouvoir tester les suiveurs et les cyclistesavait été dépêché, nous explique Pierre-Yves Thouault. Les jours de tests, six et trois jours avant puis lors des deux journées de repos, le stress parcourait tous les hôtels des équipes en attendant les résultats, effrayées à l'idée de quitter le Tour précipitamment. "On avait vraiment peur, on passait des nuits blanches quand on passait nos tests, avoue Samuel Maraffi. C’est une épée de Damoclès, on est passifs, on attend les résultats comme quand on attend les résultats du bac ou du permis. C’était très anxiogène, pour les coureurs notamment." Le médecin nous confie une anecdote, preuve s’il en fallait de l’atmosphère particulière qui régnait dans les équipes pendant les jours de repos qui n’en avaient finalement que le nom. "Je ne passais pas dix minutes dans les couloirs sans que les membres du staff me demandent : 'alors t’as les résultats ?' Le premier jour de repos, quand on a eu les premiers tests, on s’est regardés avec Jérôme (Pineau, manageur général de l'équipe) et si on avait pu, on se serait enlacés".

Mais pour éviter ces fameux deux contrôles positifs qui auraient pu mettre fin au Tour probant des B&B Vital Concept, Samuel Maraffi a parfois dû jouer le mauvais rôle : "J’ai répété, rabâché de se laver les mains, de mettre le masque, mais c’était un travail de pédagogie et je suis content de mon staff. Je suis passé un peu pour le méchant, pour le père fouettard. Les gars ont joué le jeu."

700 000 masques et 2 tonnes de gel hydroalcoolique

Si la bulle sanitaire a été une franche réussite, c’est surtout grâce au "protocole draconien" mis en place par Pierre-Yves Thouault et son équipe. "700 000 masques et 2 tonnes de gel hydroalcoolique avaient été prévus, des voitures en amont et après la caravane publicitaire pour rappeler les consignes sanitaires aux spectateurs", détaille le directeur adjoint du Tour de France. "Du lever au coucher, on ne côtoie personne hors de la bulle, explique Samuel Maraffi. On avait des étages privatisés et des salles de repas privatisées dans les hôtels. Autour du bus ou des camions, on sécurisait le contact avec le public." Dans l’équipe B&B Vital Concept, les massages et les réparations mécaniques sur le matériel nécessitaient également le port du masque. "On n’enlevait le masque seulement quand on était enfin seul dans notre chambre", glisse le médecin de l’équipe bretonne depuis maintenant deux ans.

Pierre Rolland (B&B Vital Concept) avec son masque aux couleurs de son équipe. (FRANZ-RENAN JOLY)

Autre disposition mise en place par les organisateurs, les zones de départ et d’arrivée complètement vides. "On a sanctuarisé les zones de départ et d’arrivée", indique Pierre-Yves Thouault, pour éviter les attroupements habituellement légions autour des bus des équipes.

Quelques spectateurs inconscients

Finalement, la seule image dommageable à la bonne tenue du Tour de France dans son intégralité, ce sont ces quelques spectateurs, assez rares tout de même, sans masques et approchant de très près les coureurs sur le bords de route. "Sur certaines étapes, ça m’a stressé et un peu chagriné, confesse Samuel Maraffi. Quand on était en voiture au Col de la Loze, je leur faisais signe de mettre leur masque."

Mais les rares spectateurs dépourvus de civisme n’ont pas entravé la bonne marche du Tour de France 2020 qui a rallié, hier, Paris et les Champs-Elysées. Le pari est réussi haut la main.

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