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Tour de France : Pluie, nervosité, tracé... pourquoi autant de chutes lors de la 1re étape ?

La première conséquence du décalage du Tour de France à la fin du mois d'août s'est vue dès la 1re étape : la pluie a inondé les routes de l'arrière-pays niçois. Sur un tracé avec des descentes techniques, et où la nervosité du peloton était palpable, les chutes ont émaillé la journée, mettant notamment à terre Julian Alaphilippe (Deceuninck), Pavel Sivakov (Ineos Grenadier), Richie Porte (Trek), Miguel Angel Lopez (Astana), Pierre Latour (AG2R-La Mondiale), Nairo Quintana (Arkéa-Samsic) ou Sam Bennett (Deceuninck) et George Bennett (Jumbo-Visma). Thibaut Pinot (Groupama-FDJ) a chuté à 3km de l'arrivée, parmi tant d'autres.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
Kévin Ledanois (Arkéa-Samsic) au sol, l'image d'une 1re étape piégeuse (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP)

De la nervosité, il y en a toujours lors de la 1re étape du Tour de France. Dans les 2-3 premiers jours de course, les chutes sont souvent nombreuses, dûes au fait que chacun tente de se placer devant, jouant des coudes sur des routes pas extensibles. Les organisateurs avaient ajouté un piège supplémentaire avec un tracé dans l'arrière-pays niçois forcément montagneux et accidenté. Et le temps s'est invité à ce bal d'ouverture, faisant pleurer le ciel pour rendre l'asphalte aussi dangereuse qu'une patinoire. "Ça devient une loterie", se lamentait Laurent Jalabert, notre consultant France Télévisions. Devant ses yeux, les chutes s'enchaînaient, les coureurs allaient au sol sur un tracé en milieu urbain où l'huile, l'essence et les éléments gras de l'asphalte s'ajoutaient à cette pluie pour rendre le bitume aussi glissant qu'une toile cirée. "Ils ne sont plus habitués à rouler sur des routes mouillées, depuis deux mois", souligne Thomas Voeckler, consultant France Télévisions. Entre la nervosité habituelle, le tracé et le temps, il y avait trois facteurs pour expliquer cette cascade de chutes.

"Des plaques d'essence dans la descente finale"

"C'était une journée particulière", avouait Guillaume Martin (Cofidis), qui a évité de justesse une chute. "L'an dernier, on avait eu la grêle, là c'est une patinoire. Il y aura peut-être des polémiques sur le fait qu'il fallait ou pas neutraliser. Après un an et demi d'attente, tout le monde avait envie de spectacle. Mais c'était vraiment dangereux. Il y avait beaucoup de plaques d'essence dans la descente finale. Une 1re étape du Tour est toujours nerveuse. Avec ce contexte particulier, cette météo et ces routes glissantes... Tout le monde pouvait tout perdre aujourd'hui. Ça promet pour la suite." Bryan Coquard, le sprinteur de l'équipe BB Hotels Vital Concept racontait : "C'était une drôle de première journée. La route était super glissante. Je n'ai pas été gêné, je n'ai pas chuté mais c'était dangereux. Le peloton a décidé de faire les descentes tranquillement pour prendre le moins de risque possible".

Dans ce contexte, tous ont fait preuve de prudence, surtout dans les 100 derniers kilomètres, là où la route s'est trouvée la plus détrempée. Mais cela n'a pas suffi pour rester sur le vélo, même pour les plus acrobates des coureurs. Si le sprinteur Sam Bennett (DQS) a été l'un des premiers à goûter le bitume, il a rapidement été rejoint par d'autres.

A 104km de l'arrivée, Pierre Latour et Benoît Cosnefroy (AG2R-La Mondiale) chutaient dans un virage en compagnie de Christophe Laporte (Cofidis), Omar Fraile (Astana) ou encore Pavel Sivakov (Ineos). Le Russe, touché au bassin et au coude droit, avait toutes les peines du monde à refaire son retard, et lorsqu'il y parvenait, il retombait, pour cette fois être définitivement largué par le peloton principal.

Ineos Grenadier bien touché

Deuxième de la Route d'Occitanie, il pouvait être l'un des principaux lieutenants d'Egan Bernal sur la course, voire même être son premier suppléant en cas de défaillance, avec Richard Carapaz. Cette journée l'écarte d'un tel scénario. La formation britannique était, en outre, victime d'une autre chute avec Andrey Aamador, l'un des équipiers de luxe du Colombien. Il faudra bien suivre comment ces hommes récupéreront dans les jours à venir, car de leur sort pourrait dépendre l'avenir de Bernal, le tenant du titre. C'est en tout cas une mauvaise entame pour la formation de Dave Brailsford.

Un peu plus tard, victime d'un problème mécanique sur son frein à disque, Julian Alaphilippe (Deceuninck) devait lui aussi s'arrêter. Dans une descente technique  et donc rendue très dangereuse par ces conditions météorologiques, aucun équipier ne l'attendait. Le porteur du maillot jaune durant 14 jours en 2019 s'engageait donc tranquillement dans une remontée, pour recoller au groupe principal au profit de quelques kilomètres bien plats, menant à la Promenade des Anglais où une nouvelle chute avait lieu.

Dans une liste non-exhaustive, Richie Porte (Trek), Nairo Quintana (Arkéa-Samsic), Caleb Ewan (Lotto-Soudal) chutaient tous, parmi les leaders ou sprinteurs en quête de récompenses sur cette Grande Boucle 2020. 

Face à cette hécatombe, les coureurs décidaient alors de ne plus prendre de risques, et donc de mener un train plus tranquille, en neutralisant pratiquement la course pour éviter que d'autres congénères ne goûtent les affres des dérapages incontrôlés. Un dernier rappel à l'ordre intervenait à 46km de l'arrivée, avec le leader de l'équipe Astana, Miguel Angel Lopez, qui partait en totale glissade dans un virage alors que son équipe imprimait un certain rythme en descente. Il finissait sa course dans un panneau, vélo endommagé mais sans dommage majeur. Cela aurait pu être bien pire.

Roglic en patron

Primoz Roglic (Jumbo-Visma), en leader annoncé du peloton, venait rappeler à l'ordre les coureurs de l'équipe kazakhe pour qu'une telle mésaventure ne se reproduise pas. Le signe du patron ? Cela n'évitait pas la chute d'un de ses coéquipiers, le grimpeur George Bennett, plus loin, complétant un palmarès bien sombre. 

Pour beaucoup, cette première journée va déjà peser dans les organismes, et certaines chutes pourraient bien avoir des conséquences très négatives dans les jours prochains, à commencer par ce dimanche avec une étape et deux cols de première catégorie à gravir.

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