Tour de France : une 100e édition électrique
Que retenir de la Grande Boucle 2013 ? Des histoires de watts, un favori sur courant continu et pas mal de tension sur le bord de la route.
Que retenir de la 100e édition du Tour de France, qui s'est achevée dimanche 21 juillet sur les Champs-Elysées ? Outre la victoire attendue de Chris Froome, le bilan mitigé des coureurs français, l'affaire du bus coincé de l'équipe Orica Greenedge, et le retour en force du mankini chez les spectateurs en bord de route, il y a eu pas mal d'électricité dans l'air. La preuve.
Le grand vainqueur du Tour : les watts
On a parlé que de ça pendant trois semaines. La rapide prise de pouvoir de Chris Froome et ses accélérations, assis sur la selle dans l'ascension du mont Ventoux, ont tout de suite lancé le débat sur ses PPR.
Par PPR, comprenez "profil puissance record", soit le nombre maximal de watts développés par un coureur dans une ascension ou un contre-la-montre (L'Express a interrogé un chercheur qui détaille ces mesures). Plusieurs scientifiques ont fait leurs calculs : pour les uns, Christopher Froome est un mutant, chaînon manquant entre Superman et monsieur Tout-le-monde. Pour d'autres, comme le préparateur de l'équipe FDJ Fred Grappe, les performances du grimpeur britannique sont "cohérentes". Pour d'autres encore, la marge d'erreur des calculs est trop importante pour en tirer des conclusions.
Ai-je une seule fois évoqué le fait qu'il n'est pas dopé ? Les données analysées ne permet pas de le dire. Je dois rester très honnête...
— Fred Grappe (@fredgrappe) July 18, 2013
Sommée de s'expliquer, l'équipe Sky a transmis le PPR du grimpeur britannique au journal L'Equipe, qui l'a fait analyser par un expert. Là où le bât blesse, c'est que les données n'ont pas été publiées dans le journal, et qu'elles ne débutent qu'en septembre 2011, lorsqu'il s'est révélé sur le Tour d'Espagne. Personne ne peut encore expliquer comment ce coureur moyen, célèbre pour avoir heurté un commissaire lors du contre-la-montre des championnats du monde 2006, est devenu une machine à gagner.
Alberto Contador sur courant alternatif
Le principal animateur de ces trois semaines de Tour est sans conteste Alberto Contador. Le vainqueur déchu de 2010 à cause de l'affaire du steak au clenbutérol (expliquée à l'époque par Le Post) a perdu son coup de pédale meurtrier, mais s'est employé à essayer de dynamiter la course à chaque étape, avant de craquer dans les Alpes. Sur le plat, quand l'Espagnol a grapillé une minute à Chris Froome lors d'une bordure, où plusieurs coureurs lancent une brusque accélération en tête de peloton ; dans les descentes, où il a essayé de pousser à la faute le maillot jaune ; et dans les cols, même s'il est inférieur au Britannique dans cet exercice. "Je suis venu pour la victoire. Peu importe de finir deuxième ou dixième", avait prévenu l'Espagnol. C'est aussi grâce à lui que la course a été beaucoup plus animée qu'en 2012, où Bradley Wiggins et la Sky avaient anesthésié la compétition.
N'empêche : l'écart entre le premier et le deuxième à l'arrivée rappelle que Christopher Froome, lui, fonctionne sur courant continu.
Pas de jus pour les outsiders
On ne va pas revenir sur le cas des coureurs français Pierre Rolland et Thibaut Pinot, en panne de sensations dès la première semaine. Quant à Cadel Evans, vainqueur en 2011, il a traversé l'épreuve en touriste. Après son calamiteux contre-la-montre entre Embrun et Chorges qu'il a terminé 167e sur 177, mercredi 17 juillet, cet ancien spécialiste de l'exercice chronométré s'était permis de tweeter : "Contre-la-montre intéressant. J'y suis allé tranquille et j'ai pu profiter de l'atmosphère. Il y a des personnages intéressants dans le coin [sur le bord de la route]." C'est tout juste s'il ne s'est pas arrêté pour faire des photos...
Interesting TT; went easy and could actually enjoy the atmosphere. There are some amusing characters out there... #tdf #unique
— Cadel Evans (@CadelOfficial) July 17, 2013
D'autres candidats au podium, comme le Luxembourgeois Andy Schleck, n'ont rien fait pour se mettre sous les feux des projecteurs. Et certains favoris des parieurs, comme le coureur américain Tejay van Garderen (qui termine à la 45e place) ou le Belge Jurgen Van den Broeck (contraint rapidement à l'abandon), sont passés complément inaperçus.
De l'électricité dans l'air sur le bord de la route
Mark Cavendish (Omega Pharma) a payé cher son coup d'épaule à un concurrent, lors du sprint du 9 juillet. Il a été aspergé d'urine pendant le contre-la-montre du Mont-Saint-Michel. Mais c'est l'équipe Sky qui a réussi, comme l'US Postal des années Armstrong, à faire l'unanimité contre elle. On entendait nettement des spectateurs soupçonneux siffler en bord de route Chris Froome ou Richie Porte lors des ascensions.
Ce qui commence à devenir une tradition : Alberto Contador avait eu droit aux quolibets lors du Tour 2010, quand il avait ravi le maillot jaune sur incident mécanique. En, 2007, Michael Rasmussen, le squelettique grimpeur danois, avait été sifflé comme jamais. A l'époque, il avait eu cette phrase malheureuse, citée par Le Parisien : "Je comprends maintenant ce qu'a vécu Lance Armstrong pendant sept ans, et ça augmente le respect que j'ai pour lui." Heureusement pour lui, Chris Froome n'a pas osé la comparaison.
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