TOUR DE FRANCE | Vincenzo Nibali, le destin d'un vainqueur
De son tempérament d'attaquant parfois désordonné de ses années en amateur, Vincenzo Nibali a gardé le panache. À 29 ans, le requin de Messine continu de vouloir croquer ses adversaires. Il l'a montré lors de ce Tour de France en allant chercher quatre étapes, une en Angleterre et trois en montagne, une dans chaque massif traversé. Une fougue à l'opposé du très méthodique Christopher Froome, vainqueur l'an dernier, l'oeil toujours vissé sur son compteur à discuter en course avec ses directeurs sportifs.
Sa carrière professionnelle a débuté en 2005 et, rapidement, il fait montre de son talent. En 2010 il remporte le Tour d'Espagne puis en 2013 le Tour d'Italie. En remportant le Tour de France cette année, profitant notamment des abandons de Contador et Froome, Vincenzo Nibali rejoint les plus grands champions au panthéon de son sport en inscrivant son nom au palmarès des trois grands tours. Seuls Jacques Anquetil, Felice Gimondi, Eddy Merckx, Bernard Hinault et Alberto Contador avaient réussi une telle performance avant lui.
Et d'Hinault, d'Anquetil ou de Merckx, le Sicilien en a la trempe et le romantisme...Au point que - jeu de mot et hommage à son illustre prédécesseur belge - certains commencent à le surnommer le Canibali. Mais en Italie, Vincenzo Nibali marche dans les pas d'un autre coureur, au destin tragique lui : Marco Pantani. Dernier vainqueur italien du Tour en 1998 Pantani est décédé en 2004. Sa mère a donné à Nibali un maillot du "Pirate", il a promis de lui remettre l'un des siens.
Nibali et la question du dopage
Et comme tous les récents vainqueurs du Tour, Vincenzo Nibali doit faire face aux soupçons de dopage. Contrairement à ses adversaires, l'Italien n'a pas connu de baisse de régime sur ce Tour. Et surtout, il a rejoint en 2012 une équipe au passé trouble pour ne pas dire sulfureux : Astana. La formation kazakhe est dirigée par Alexandre Vinokourov, exclu du Tour en 2007. Scarponi, l'un de ses coéquipiers, a lui été suspendu pour dopage.
Reste que le requin n'a jamais été mêlé, ni de près ni de loin, à des affaires de dopages. Ses défenseurs diront aussi qu'au fil des années il a connu une progression constante, qu'il n'est pas arrivé au sommet d'un coup. "J'ai gagné une Vuelta, j'ai fait des podiums sur le Giro avant de le gagner, j'ai fait des places dans les grandes classiques en attaquant souvent même quand je n'étais pas au top ", explique l'Italien qui n'élude jamais cette question du dopage en interview.
Sur les Champs, Nibali est tombé dans les bras de sa femme et de sa fille et dans ceux de ses parents venus accueillir le vainqueur à Paris. Interrogé, aussi, sur cette question du dopage, son père a déclaré il y a quelques jours – en bon Sicilien : "De toute façon, si on apprenait quoi que ce soit de moche, s'il se dopait, il ne pourrait plus mettre les pieds à Messine, je le tuerais de mes propres mains. Et avant, je lui arracherais les yeux ! " Jusqu'à preuve du contraire, Vincenzo Nibali est un grand champion. Un grand champion particulièrement ému sur le podium au moment de son sacre :
"C'est le plus beau moment de ma vie. C'est comme un conte de fées ."
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