Adrien Petit, meilleur Français de l'Enfer du Nord
« J'fais 10 ou j'fais 11 ? » Adrien Petit, 25 ans, est allongé sur la pelouse du Vélodrome. Un rictus accapare son visage. Un mélange de souffrance, mais aussi de joie. Le sprinteur de la formation Direct Energie est le premier Français à franchir la ligne. Et ce, devant Peter Sagan. « Au micro on dit que tu fais dix », annonce Blaise, l'assistant de l'équipe. Le Nordiste a de quoi être heureux : cette place parmi les meilleurs, il la voulait.
« Au vu de mes sensations sur le Tour des Flandres la semaine dernière, j'avais envie de bien faire aujourd'hui, c'est sûr », avoue-t-il encore allongé dans l'herbe, marqué par l'effort. Pourtant, le sprinteur arrivé chez Direct Energie cette année a chuté deux fois, ce qui ne l'a pas empêché de rattraper à chaque fois le groupe Cancellara-Sagan : « J'ai laissé pas mal de cartouches à revenir. Je me suis toujours concentré pour être bien placé, mais quand Cancellara a attaqué, j'étais cuit. J'étais vraiment à bloc, alors j'ai pas réussi à y aller de suite. A chaque fois j'étais un peu à contre-temps du coup ».
"Je me suis refait la scène plusieurs fois hier soir"
Arrivent le final, et ce fameux dernier tour dans le Vélodrome. Un mythe, surtout quand on y joue les premières places. « J'avais des crampes dans le final, mais on me disait à l'oreillette que je faisais un super truc, alors j'ai tout donné ». Adrien Petit doit alors sprinter face à celui qui était considéré comme le grand favori du jour, Peter Sagan. Ce sprint, il y a pensé maintes et maintes fois : « Je savais juste que je devais lancer mon sprint au virage opposé, je le savais parce que je me suis refait la scène plusieurs fois hier soir dans mon lit. Je me suis dit 'si j'arrive pour une bonne place, je sais déjà où je vais faire mon sprint' ». Bien que préparé, le final a été « particulier » à négocier : « c'est toujours spécial car on sprinte vraiment avec l'énergie qui nous reste. Au moins j'ai fait ce que je pouvais ».
Depuis son arrivée au sein de Direct Energie, la carrière d'Adrien Petit prend une nouvelle dimension. Le jeune sprinteur de 25 ans, vice champion du monde espoirs en 2011 (derrière Démare), a souvent eu du mal à confirmer quand il évoluait dans les rangs de Cofidis. Mais cette saison, il s'est mué en sprinteur redoutable et a retrouvé le goût de la victoire, en remportant notamment trois étapes et le classement général de la Tropicale Amissa Bongo. Une bonne performance sur Paris-Roubaix, il en rêvait : « c'est la course la plus mythique, la plus belle. C'est la course qui me fait le plus rêver. Je suis à la maison ici, j'ai été très encouragé. Ça me tenait vraiment à coeur de faire un truc super. »
Un panneau surplombe le Vélodrome de Roubaix. Il y est écrit : « L'Enfer du Nord amène au paradis ». Allongé sur l'herbe à récupérer de sa journée, le meilleur Français de cette 114e édition de Paris-Roubaix y était presque, au paradis.
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