Deuxième de la Flèche Wallonne, Julian Alaphilippe outsider de Liège-Bastogne-Liège
Julian Alaphilippe et les Ardennaises, c’est une histoire d’amour. Il les avait découvertes en 2014 quand sur l’Amstel Gold Race, son équipe lui avait demandé de faire le boulot à 190 kilomètres de l’arrivée. Soixante-dix bornes à rouler seul devant le peloton lui avaient donné le sentiment du travail bien fait. La victoire de Philippe Gilbert ? Il l’avait regardée à la télévision. Souvenez-vous bien ce 21 avril 2014, c’est la première et dernière fois (jusqu'ici) que Julian Alaphilippe n’a pas accroché un top 10 (et même un top 7) sur le triptyque ardennais (Amstel Gold Race, Flèche Wallonne et Liège-Bastogne-Liège). Sur les terribles pourcentages du Mur de Huy, il n’a encore été battu que par le meilleur coureur de sa génération sur ces profils si particuliers, Alejandro Valverde.
Battu par le seul Valverde
L’ambition déborde par tous les pores de la peau du natif de Saint-Amand-Montrond. Son geste de rage – il a frappé son guidon – alors qu’il venait d’engloutir un peu plus d’un kilomètre de pente avec des passages dépassants 20% en dit long sur sa frustration et sa capacité à oublier la douleur. "Un geste de déception, incontrôlable... Mon premier sentiment était la frustration de passer à nouveau si près de la victoire", a confié le Français de chez Etixx-Quick Step à Huy. Si près et à la fois si loin tant il faut reconnaître la supériorité de Valverde mercredi. "Valverde a parfaitement lu notre tactique, a commenté Dan Martin, son coéquipier. J'avais décidé d'attaquer de loin (à 4-500 m) alors que Julian devait rester dans la roue de Valverde pour tenter de le sauter dans les derniers mètres. Mais l'Espagnol était vraiment trop fort". Une tactique bien rôdée qui n’a pas résisté à la force du désormais recordman de victoire sur la Flèche.
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La mononucléose à l'hiver
Et pourtant, à bien y regarder, il y a des raisons de se réjouir du nouveau podium d’Alaphilippe. La première, évidente, tient aux conditions dans lesquelles le Français a préparé sa saison. La mononucléose qui l’a terrassé est un ennemi bien plus que coriace que le Mur de Huy. "Mon début de saison a été difficile, a-t-il raconté en conférence de presse. J'ai peu couru et repris l'entraînement assez tard. Mais j'ai beaucoup travaillé pour arriver ici au meilleur de ma forme. J'ai vu sur la Flèche brabançonne (mercredi dernier, ndlr) et à l'Amstel (dimanche) que les jambes répondaient bien". La seconde, plus historique, en appelle au caractère même de la Flèche Wallonne qui ne s’offre qu’à des coureurs expérimentés. Depuis que son arrivée est jugée sur le Chemin des Chapelles (1983), seuls le Français Leclercq (1987), l’Allemand Gölz (88) et l’Américain de triste réputation, Armstrong (96) l’ont domptée avant leur 25e printemps. Alaphilippe n’en affiche que 23. Le talent n’attend pas et le coureur d’Etixx-Quick Step sera l’un des outsiders très sérieux à Liège dimanche.
Du "même bois" que Hinault
"La Flèche, c'est peut-être ennuyant car on ne se concentre que sur l'ascension finale. Mais c'est une explication à la pédale. Liège, c'est plus long. La météo sera compliquée, nous dit-on (froid et neige annoncés, ndlr). Il faudra rester bien placé et penser à conserver son énergie", a déclaré celui qui fut deuxième (une fois encore) de ce monument la saison passée. Un podium à Liège, ce qu’aucun Français n’avait réalisé depuis Laurent Jalabert en 1997 et 1998. La victoire d’un tricolore ? Il faut aller la chercher en 1980 avec un Bernard Hinault qui a laissé deux doigts dans les températures glaciales du printemps ardennais. "Bernard Hinault m'a dit que j'étais fait du même bois que lui", expliquait Alaphilippe suite à sa deuxième place à Liège en 2015. Puisque dimanche, la neige est encore annoncée, comme en 1981, l’occasion n’est-elle pas rêvée de boucler la boucle et d’offrir à la France un sixième succès sur la Doyenne ?
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