Offredo: "J’ai passé un très gros cap"
- Dans quelle condition abordez-vous Milan-San Remo ce dimanche ?
Yoann Offredo: "On a eu une préparation idéale. Presque pas de pluie, puisqu’on a commencé au Tour du Qatar, qui est une bonne course de préparation et qui nous a permis de retrouver nos points de repère après un hiver d’entraînement. On a retrouvé les premières sensations sur les pavés avec Het Nieuwsblad. C’était la première vraie explication et un bon week-end pour moi puisque j’étais présent dans l’échappée décisive. J’ai malheureusement chuté à une trentaine de kilomètres de l’arrivée, mais ça laissait présager de bonnes choses. Là, on sort de Tirreno-Adriatico, la course de référence en matière de préparation : tous les grands coureurs de classiques et de courses par étapes étaient là. Ça a aussi permis au groupe (de la FDJ.fr) de se rapprocher, de se souder."
- Votre dernière campagne de classiques est-elle toujours un "échec" à vos yeux ?
"Je prends davantage de recul par rapport à mes performances de l’année dernière. Finalement, ce n’était pas si mauvais que cela… Sur toutes les classiques auxquelles j’ai participé, j’ai terminé dans les 20 premiers alors que je sortais d’un an sans vélo (Offredo n'a pas couru en 2012, suspendu pour trois infractions aux règles de géo-localisation dans le cadre de la lutte antidopage, ndlr). Il me manquait de la puissance et des points de repères."
"La double peine"
- Avez-vous rattrapé le retard pris durant cette année de suspension ?
"Cette suspension, c'est la double peine. C’est un an de suspension, mais c’est aussi un an pour retrouver des sensations. J’ai énormément bossé cet hiver : j’ai travaillé en musculation, j’ai travaillé sur pignon fixe, je me suis beaucoup attaché aux reconnaissances… J’ai vraiment l’impression d’avoir passé un très gros cap. J’ai progressé. Aujourd’hui, je me sens mieux armé, beaucoup plus puissant, beaucoup fort qu’en 2011. Avant Milan-San Remo, je pense que j’ai toutes les cartes en main : physiques, avec le travail, mais aussi psychologiques, parce que je suis passé par des moments difficiles qui m’ont beaucoup apporté au final."
- Quels objectifs vous êtes-vous fixés sur les classiques à venir ?
"La saison des classiques va être assez courte pour moi : elle commencera à Milan dimanche et se terminera soit à Paris-Roubaix, soit à l’Amstel Gold Race, dans trois ou quatre semaines. Ça va passer très, très vite, mais je me sens assez serein. Mon objectif, c’est d’être parmi les dix, voire les cinq meilleurs sur les courses d’un jour. J’attends beaucoup de Milan-San Remo car c’est une course que j’aime bien, réservée à un registre de coureurs bien particuliers. Je me classe parmi ces coureurs-là."
- Vous commencez à avoir une expérience intéressante sur Milan-San Remo (trois Top 20, dont une 7e place en 2011)…
"Oui, c’est un gros plus dans la mesure où il s’agit d’une course d’économie. Il faut savoir bien gérer ses efforts et son mental car on passe par de nombreux états. Comme elle dure entre 7 et 8 heures, on peut être très bien à un moment et très, très mal à un autre. C’est une course vraiment atypique, très différente, et l’avoir courue plusieurs fois en étant dans le coup pour la gagne, ça donne forcément un avantage."
"Je compte être acteur de la course"
- Que pensez-vous du changement de parcours de dernière minute (retrait de la côte de la Pompeiana) ?
"J’ai un double avis sur la question. En tant que coureur qui aime le vélo, qui aime les parcours emblématiques, j’aime bien revenir au parcours traditionnel. A titre personnel et sportif, j’aurais bien aimé que le changement ait lieu, avec l’introduction de la Pompeiana à la fin. Ça aurait permis à des coureurs comme moi de m’exprimer davantage. Là, forcément, avec moins de difficulté, il y aura plus de coureurs dans le final."
- En 2010, vos dirigeants vous avaient reproché votre attaque dans la Cipressa. Comment aborderez-vous le final cette année ?
"J’ai l’habitude de courir au feeling. Dimanche, j’essayerai de courir en calculant la force de mes adversaires, tout en continuant à faire confiance à mes sensations. En tout cas, je compte être acteur de la course."
- Comment va s'organiser la FDJ.fr avec trois coureurs (Offredo, Démare et Vichot) qui peuvent espérer un bon résultat ?
"Nous sommes trois coureurs complètement différents. Arnaud (Démare) va vite au sprint, Arthur (Vichot) grimpe bien les bosses quand ça monte très vite, et il y a moi qui affectionne les courses longues, usantes. Et le mauvais temps. Même s’il m’arrive souvent de tomber, j’aime les chaussées glissantes et les conditions difficiles. On a trois atouts qu’on va jouer en fonction des circonstances de course. Arnaud n’hésitera pas à courir pour moi s’il voit que c’est une tournure spécifique. Par contre, si la Cipressa ne monte pas vite et qu’on risque d’arriver avec un groupe de 40, certains n’hésiteront pas à tout miser sur le sprint d’Arnaud."
"Je tiens à faire le Tour de France cette année"
- Vous n’avez encore jamais couru le Tour de France. En faites-vous un objectif prioritaire cette année ?
"Une fois passée la saison des classiques, j’avais pour habitude de relâcher la pression pour remonter la barre sur les courses de fin de saison. Cette année, j’ai su évoluer : maintenant, j’estime que pour être un "vrai coureur", il faut tenir trois semaines et courir le Tour de France. Cette année, je tiens vraiment à le faire. J’ai mis une option et j’en ai parlé avec mes dirigeants. Ça me motive d’autant plus que l’équipe est très sympa. On a cette mentalité qui fait qu’on court tout le temps devant. On pourra donc apporter quelque chose, même aux grimpeurs comme Thibaut Pinot qui a du mal à courir aux avant-postes. Et puis, ça sera un Tour atypique avec une première semaine houleuse. Je peux apporter quelque chose."
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