Paris-Nice: Un peu d'histoire
C’est en 1933 que Paris-Nice voit le jour. Volonté d’un homme, un homme de presse comme souvent, Albert Lejeune. Dans les années 30, il dirige Le Petit Journal basé à Paris et Le Petit Niçois. Aussi a-t-il l’idée de créer une course cycliste reliant Paris et Nice pour promouvoir ses deux journaux. Une idée de génie qui permet à Paris-Nice de voir le jour et d’occuper une place de choix dans le calendrier mondial 80 ans plus tard.
Placé en tout début de saison, même si avec l’apparition des courses en Asie et dans l’hémisphère sud c’est moins le cas aujourd’hui, Paris-Nice n’a jamais eu à souffrir de cette position. Si certains coureurs comme Bernard Hinault ou Lance Armstrong ont souvent boudé la course, ce n’est pas le cas des autres grands noms de l’histoire du cyclisme. Ainsi, Bobet, Anquetil, Janssen, Merckx, Poulidor, Zoetemelk, Kelly, Indurain et Contador ont tous remporté « la course au soleil ». En termes de qualité du plateau, l’édition 1969 supplante même toutes les autres par une concurrence incroyable.
69, année magnifique
Cette année-là, ce sont deux mondes qui vont s’entrechoquer. Maître incontesté de la décennie 60, Jacques Anquetil rencontre celui qui allait devenir plus tard, « le Cannibale ». Qui d’autre que Raymond Poulidor pouvait arbitre ce duel entre deux monstres sacrés de l’histoire du cyclisme ? Le combat entre Anquetil, rouleur incroyable, Merckx qui avait remporté le Giro l’année précédente et Poulidor, encouragé par des milliers de supporteurs au son des « Poupou » dans le Col d’Eze a tenu toutes ses promesses. Comme ça allait devenir une habitude pendant une dizaine d’années, c’est Merckx qui s’est imposé devant Poulidor et un Anquetil au crépuscule de sa carrière. C’est ce genre d’affrontements qui a permis à Paris-Nice d’acquérir ses lettres de noblesse.
Mais Paris-Nice est aussi et surtout la course de coureurs capables de briller sur une semaine mais limités sur trois, ce qui rend souvent l’épreuve débridée jusqu’au bout et rares sont ceux qui sont parvenus à la dompter à plusieurs reprises. Néanmoins, un coureur a réussi à associer son nom à la course à tout jamais : Sean Kelly
Sean Kelly, « Monsieur Paris-Nice »
Vainqueur sept fois consécutivement entre 1982 et 19888, Sean Kelly est évidemment le recordman de victoire sur cette épreuve, loin très loin devant les quatre victoires de Jacques Anquetil. Sprinter, reconverti en puncheur chasseur de classiques, l’Irlandais trouvait sur Paris-Nice un terrain de jeu idéel pour exprimer ses qualités. Vainqueur du Tour d’Espagne en 1988, Kelly n’a jamais pu faire mieux que 4e sur la Grande Boucle. Grimpeur moyen, Kelly profitait du fait que la course évite les Alpes pour concentrer les difficultés sur l’arrière-pays niçois. Sur des côtes pentues certes, à l’image du Mont Faron mais surtout beaucoup moins longues que les cols alpestres. Ce parcours, moins difficile que celui de Tirreno-Adriatico, l’autre course d’une semaine de début mars, a souvent offert la possibilité à des jeunes coureurs de faire leurs premières classes.
Ainsi, Stephen Roche a remporté sa première grande course à étapes sur Paris-Nice en 1981, pareil pour Kelly en 1982 ou pour Indurain en 1989 voire Contador en 2007. Malheureusement, « la course au soleil » a aussi connu ses heures noires.
Paris-Nice ce sont aussi des images restées dans la mémoire collective. Celle d’un Bernard Hinault frappant un manifestant en 1984. Et une autre plus cruelle. Le 11 mars 2003 d’Andrei Kivilev, tombé, sans casque, dans une descente, décède sur les routes menant à Saint-Etienne. Deux jours plus tard, son compatriote et ami, Alexandre Vinokourov remporte l’étape du Mont Faron et brandit une photo de son ami décédé. De ces images terribles qui font aussi rentrer une course dans l’histoire.
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