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Paris-Roubaix : un plateau très ouvert derrière la méforme de Sagan

Rarement l'issue de Paris-Roubaix n'a été aussi indécise. Dimanche, aucun coureur ne se rendra sur la ligne de départ avec la pancarte de grand favori. Peter Sagan, le tenant du titre, n'est pas en pleine possession de ses moyens, et derrière la meute s'agite. Etat des lieux des forces en présence.
Article rédigé par Andréa La Perna
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
  (JEFF PACHOUD / POOL)

Cette année, pas d'homme à craindre, ni à abattre sur Paris-Roubaix. Pas même Peter Sagan (Bora-Hansgrohe) qui avait levé les bras sur le vélodrome de Roubaix l'an passé. Le Slovaque est méconnaissable depuis le début de la saison. Souvent placé, il n'a remporté qu'une seule course, sur le Tour Down Under mi-janvier. Après un Tirreno-Adriatico très mitigé, il n'a pas décroché le moindre podium sur les classiques auxquelles il a pris part. Son meilleur résultat est une quatrième place sur Milan-San Remo.

C'est encore moins reluisant sur les terres flandriennes, pourtant habituées à son hégémonie. 11e sur le Tour des Flandres dimanche, il avait terminé plus loin sur E3 (17e) et Gand-Wevelgem (32e). Son état de forme interroge. Malade cet hiver et récemment divorcé, le triple champion du monde aurait perdu près de 4 kg par rapport à la saison passée. Est-ce une stratégie volontaire pour viser les Ardennaises ? Rien n'a été confirmé. Dans tous les cas, sa vélocité dans l'emballement final n'est pas la même. 

S'il y a des doutes le concernant, c'est aussi le cas pour un autre poids lourd des classiques pavées : Greg van Avermaet. Désormais sous les couleurs de la CCC, le champion olympique n'a pas donné l'image d'un coureur conquérant ces dernières semaines. Deuxième sur le Het Nieuwsblad, troisième sur le Grand Prix E3, il s'est souvent montré impatient. Physiquement, le vainqueur de Paris-Roubaix 2017 est pourtant présent. Il est au niveau, mais il lui manque quelque chose pour enfin exulter.

Les favoris habituels en délicatesse

Même l'armée bleue de la Deceuninck-Quick Step, systématiquement dominatrice, ne pourra pas jouer une carte à coup sûr. Battue sur les trois dernières classiques majeures (Gand-Wevelgem, A travers la Flandre, Tour des Flandres), la formation de Patrick Lefévère se présentera avec trois têtes d'affiche sur la reine des classiques. L'atout numéro 1 devrait être Zdenek Stybar. Le Tchèque s'est affranchi de son rôle de coéquipier modèle en remportant ses deux premières classiques à l'âge de 33 ans (Het Nieuswblad et Grand Prix E3). Son profil de cyclo-crossman sera un atout indéniable, mais il a montré des signes de faiblesse sur le Tour des Flandres, sa dernière sortie.

Quant à Philippe Gilbert, il reste sur deux abandons à cause d'une maladie. Le champion du monde 2012 a boudé les pavés du Nord pendant 11 années, avant d'y revenir l'an passé pour une correcte 15e place (son meilleur résultat). Dimanche, il ne participera qu'à son troisième Paris-Roubaix. La Deceuninck-Quick Step pourrait donc se tourner vers une autre option. Yves Lampaert a été discret jusqu'à présent. Alors pourquoi ne pas donner carte blanche à Kasper Asgreen ? Le jeune danois a fait forte impression sur le Ronde, empochant une magnifique deuxième place dimanche. Il découvrira l'Enfer du Nord pour la première fois.

Derrière, les prétendants sont nombreux et certains ont les dents très longues. Tellement nombreux, qu'une sélection doit être faite. Nous avons retenus trois gros outsiders. Parmi eux, l'ex-champion du monde de cyclo-cross Wout Van Aert (Jumbo-Visma). Arrivé 13e pour sa première participation l'an passé, il a fait preuve d'une grande régularité cette saison. 3e des Strade Bianche, 6e à Milan-San Remo et 2e sur le Grand Prix E3, le coureur de 24 ans ne restera pas inactif.

Un autre champion de régularité mérite d'être mentionné, en l'occurrence Oliver Naesen (AG2R La Mondiale). Presque anonyme sur le Tour de France, tant il doit assurer la garde rapprochée de Romain Bardet, le Belge de 28 ans fait partie des cadors sur les classiques. Pourtant, il n'a jamais levé les bras sur les terres flandriennes. 3e sur Gand-Wevelgem, il a signé une belle 7e place sur le Tour des Flandres malgré une bronchite. La deuxième place inattendue de son coéquipier Silvan Dillier en 2018 pourrait lui donner des idées.

Attention également à Alexander Kristoff (UAE). Le sprinteur n'avait pas forcément vu d'un bon œil sa cohabitation avec la recrue Fernando Gaviria. Mais ça ne l'a pas plombé sur les classiques. Au contraire, le musculeux norvégien s'est montré à son avantage avec une victoire sur Gand-Wevelgem, et il n'a jamais été à moins d'une minute de la gagne mis à part sur le Grand Prix E3. Solide donc, mais le tracé de Paris-Roubaix ne l'a jamais vu briller en neuf participations. Son meilleur résultat est une 9e place en 2013.

Nos favoris pour Paris-Roubaix 2019 :

★★★★ Van Avermaet, Stybar, Sagan
★★★ Van Aert, Naesen, Kristoff
★★ Benoot, Vanmarcke, Gilbert, Degenkolb
★ Lampaert, Asgreen, Politt, Trentin, Démare, Van Baarle
     

Un tracé quasiment inchangé

Globalement, rien n'a vraiment changé par rapport au parcours de l'édition 2018. La distance totale est la même (257 km), comme celle de la surface pavée (54.5km répartis). Du secteur 23 au Vélodrome de Roubaix, c'est exactement le même tracé qu'en 2018. L'organisation de course a cependant opéré quelques retouches dans le Cambrésis. Les secteurs de Quiévy (n°26) et de Saint-Python (n°25) seront empruntés dans le sens inverse et le secteur de Vertain (n°24) fait son retour après une année d'absence.

Encore une fois, l'Enfer du Nord devrait échapper aux torrents et à la boue. Les coureurs craindront au pire quelques gouttes d'eau, ce qui n'enlève rien à la difficulté de la course et à la malchance aléatoire présente dans son ADN. 

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