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Tour de Lombardie : L'heure pour David Gaudu d'entrer dans la cour des grands ?

Flamboyant dans son rôle d'équipier en montagne lors du dernier Tour de France, David Gaudu sera le leader de la Groupama-FDJ sur le Tour de Lombardie samedi. Deux jours après son 23e anniversaire, il défendra le titre de Thibaut Pinot, qui a mis un terme à sa saison. Aussi discret que talentueux, le grimpeur breton a été méticuleusement couvé par Marc Madiot, mais il pourrait franchir un sacré cap sur le monument italien.
Article rédigé par Andréa La Perna
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
 

Ce n'est pas le nom le plus clinquant du peloton, ni le coureur qui attire le plus de lumière, mais son talent n'est un secret pour personne. Plus jeune vainqueur du Tour de l'Avenir des 45 dernières années, David Gaudu est annoncé depuis 2016 comme la prochaine grande chance française sur les grands Tours. Précieusement couvé par l'écurie de Marc Madiot les trois dernières années, le natif de Quimper a constamment progressé, sans jamais brûler les étapes. Samedi, sur le Tour de Lombardie, il a sûrement décroché son premier grand rôle.

Récemment, c'est dans la peau d'équipier de luxe que le jeune grimpeur a crevé l'écran. Lors du dernier Tour de France, il avait malmené les meilleurs grimpeurs sur les pentes du mythique Tourmalet pour lancer idéalement Thibaut Pinot vers la victoire. Ce dernier disait alors de Gaudu qu'il allait "apprendre à devenir leader, et si ça l'intéresse, il pourra exercer ce rôle. Pourquoi pas dès l'année prochaine (2020) ?". Finalement, l'occasion se présente un peu plus tôt, en raison du forfait de Pinot, qui a préféré arrêter sa saison. L'histoire serait belle si David Gaudu venait à défendre le titre de son mentor et exemple, dans la peau d'un outsider et deux jours après avoir fêté ses 23 printemps.

Le jeune breton s'est déjà vu confier le leadership à plusieurs reprises cette saison sur des tours d'une semaine. Globalement, à chaque fois qu'il était attendu, il a répondu présent. Troisième du général de l'UAE Tour fin février, il a surtout signé sa première victoire en World Tour sur le Tour de Romandie en mai, épreuve terminée à la 5e place en dépit de deux contre-la-montre. Et puis, mine de rien, Gaudu a terminé à une très belle 6e place sur la Doyenne des Classiques, Liège-Bastogne-Liège, au milieu des classicmen et grimpeurs les plus chevronnés. S'il a brillé sur un tel monument, pourquoi ne pas le voir jouer la gagne en Lombardie samedi, d'autant que le profil lui convient encore mieux ?

La discrétion ne contredit pas les ambitions

Ses performances sur les courses italiennes, une semaine en amont, sont en tout cas prometteuses. Après une 4e place sur le GP Bruno Beghelli, sa 5e position sur Milan-Turin mercredi a montré que la pépite de la Groupama-FDJ était dans une forme ascendante. Offensif dans le final, il n'a terminé qu'à 10 secondes de Michael Woods. "C'est de bon augure. J'étais parmi les meilleurs. La chose positive du jour, c'est que je suis en forme et j'espère accrocher un bon résultat samedi au Tour de Lombardie", a réagi David Gaudu en tentant de passer outre un fort sentiment de frustration.

Lui, le discret, le grimpeur au visage de poupon, a la réputation d'être discret et timide. Libération s'était attardé en juillet sur l'amour inconditionnel qu'il porte à sa chienne Houna, l'égérie aux yeux vairons de son compte Instagram. Sur Liège-Bastogne-Liège, elle s'était agitée sur le bord de la route quand son maître escaladait la côte de la Redoute. David Gaudu est un homme aux goûts simples, mais il n'en reste pas moins un compétiteur. Lui-même se définit comme un "faux-calme". C'est un ambitieux. Il veut gagner et gagner avec panache, et c'est peut-être cette fougue qui l'empêche, pour l'instant, de faire une entrée définitive dans la cour des grands.

Philippe Mauduit l'a rappelé à l'arrivée de Milan-Turin mercredi. "Il le sait, à la pédale il peut faire péter tous les costauds. Pour gagner, il aurait fallu qu'il reste tranquille dans le groupe des cinq avant de faire l'effort à la flamme rouge", a expliqué le directeur sportif de la Groupama-FDJ. Alors présent dans le groupe des meilleurs, Gaudu a multiplié les attaques dans l'ascension finale, ce qui lui a sûrement coûté la victoire. Michael Woods était plus frais et, comme le Canadien a placé son effort au moment opportun, il a raflé la mise devant Alejandro Valverde, quand Gaudu a coupé la ligne en 5e position.

Sur le Tour de Lombardie samedi, le grimpeur breton suscite quelques attentes. Pour la première fois, son équipe n'a pas voulu éteindre le feu avant qu'il ne prenne. "Il est bien et il a cette classique dans la tête", a déclaré Mauduit. On est loin de la levée de bouclier de Marc Madiot après Liège-Bastogne-Liège. Le chef de file de la formation française avait demandé à ce qu'on lui laisse "deux ans". En Lombardie, David Gaudu tient une belle occasion de changer de dimension, mais il n'a pas vraiment de pression sur les épaules. Même s'il ne réussit pas à se mêler à l'emballage final, nul doute qu'on le reverra dans la peau d'un leader en 2020, que ce soit sur une classique ou même sur un grand Tour.

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