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Une descente qui fait jaser

Tous ceux qui l’avaient reconnu savaient à quoi s’attendre. La descente de la côte de Pramartino, avec ses passages à plus de 10 % sans visibilité, a soulevé le cœur de plus d’un coureur. Mais selon qu’on aime prendre tous les risques ou qu’on descende comme une caisse à savon, les avis divergent.
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
 

Une chose est sûre, il fallait reconnaître le parcours pour se lancer à corps perdu dans cette petite route boisée et très rapide. « J’ai fait la reconnaissance deux fois, raconte Jérôme Coppel (Saur-Sojasun), présent dans le groupe des leaders mais retardé par la mauvaise descente de Basso. Je priais hier soir pour ne pas qu’il pleuve sinon je ne sais pas s’il y aurait eu beaucoup de monde en bas sur le vélo. Même sous le beau temps, c’était dangereux. » On allait vite s’en rendre compte avec les premiers ennuis de Jonathan Hivert, toujours en lice pour la victoire d’étape au sommet de la côte de Pramartino, puis ceux du maillot jaune Thomas Voeckler au même endroit. En bas, ce n’était plus du tout la même affaire. Entre temps, le coureur de Saur-Sojasun était parti trois fois à la faute. « J’ai fait n’importe quoi à l’arrivée, pestait-il. Je ne bascule pas loin de Boassen mais je n’étais pas trop rassuré. J’ai pris une gamelle, j’ai filé tout droit, enfin… ça aurait pu être une belle journée. Je suis vraiment désolé pour l’équipe. Je fais 10e ou 12 alors qu’on pouvait peut-être envisager une victoire. »

La descente, Hivert n’est pas vraiment un adepte. Pas plus que les Schleck. Surpris hier à Gap et distancé avant Pinerolo, Andy a toutefois réussi à revenir sur Alberto Contador sur le plat. Mais il n’a pas apprécié ce nouveau numéro de figures imposées. « C’est une descente finale encore très dangereuse, expliquait-il quelques minutes après l’arrivée. J’étais plus confort aujourd’hui. Je la connaissais. Mais comme hier, ce n’est pas un bon final selon moi. » Un avais partagé par un Hubert Dupont, bien plus virulent. Pour le grimpeur d’AG2R-La Mondiale, c’est faire prendre trop de risques aux coureurs. « On me dit que les descentes du Giro sont difficiles mais là c’était pire, râlait Hubert Dupont. Sur le Tour d’Italie, on fait des descentes dangereuses mais pas à des moments stratégiques de la course. Là, le bas de la descente est à 3 km de l’arrivée, ce n’est pas raisonnable, surtout sachant ce qu’il s’est passé au mois de mai (ndlr : la mort accidentelle de Wouter Weylandt sur le Giro). Des fois, on se plaint qu’il y ait des drames sur les courses mais on ne fait rien pour que ça ne se passe pas. »

Les reproches concernaient surtout la visibilité et le revêtement. « Je me suis fait peur deux ou trois fois. Au niveau freinage, le goudron n’accroche pas comme en France, expliquait Dupont. On a plus tendance à glisser et il faut plus de distance pour freiner. » Maître dans l’exercice de la descente, Philippe Gilbert (Omega Pharma Lotto) n’avait pas pris le loisir de reconnaître ce final délicat et n’a donc pas pris de risque. « On est en Italie, on sait comment les routes sont, indiquait-il. Je n’étais pas dans une configuration d’attaque mais j’imagine que si on est devant à défendre une place au général, c’était dangereux. Celui qui veut gagner le Tour est venu reconnaître la descente. » Finalement, l’un des moins véhément est bien Anthony Roux (FDJ). Même s’il n’est pas à l’aise dans l’exercice, il reconnaît qu’il en faut pour tout le monde. « C’est le jeu. Si c’était moi, je n’aurai pas choisi cette descente car je suis un mauvais descendeur mais il en faut pour tout le monde. S’il n’y en a qu’une comme ça dans le Tour, ça va. » Que ceux qui ont eu « chaud » se rassurent, demain il fera froid et l’arrivée est en montée…

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