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Vers un Tour de France 2020 All-Star ?

Reprogrammé du 29 août au 20 septembre prochain, le Tour de France 2020 a éloigné mardi la menace d'une annulation, crainte par l'intégralité du peloton. Alors qu'il était le gros point d'ombre, le sujet de spéculation des dernières semaines, le Tour est devenu du jour au lendemain la seule certitude d'un calendrier cycliste amené à faire des concessions. Certains leaders, qui avaient initialement coché le Giro et la Vuelta, pourraient se reporter sur la Grande Boucle et densifier un peu plus un plateau déjà très relevé.
Article rédigé par Andréa La Perna
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
 

Huis-clos, annulation, maintien... Les interrogations ont enfin pris fin. Le Tour de France 2020 aura lieu du 29 août au 20 septembre prochain. Bonne nouvelle pour un peloton très inquiet vis-à-vis de son équilibre économique. La plus grande vitrine du cyclisme mondial ne fera pas rideau cette année. Le public aura droit à une édition inédite. Certes, la Grande Boucle ne fera sans doute pas le plein sur le bord des routes, faute de vacances scolaires, mais elle attirera à coup sûr la convoitise de tous les leaders du peloton.

Seule certitude du moment

Car, à l’heure actuelle, le Tour est paradoxalement la seule certitude d’un calendrier toujours aussi flou. Toutes les courses prévues entre début mars et début juillet ont été reportées et attendent toujours d’avoir des dates. Le Tour de France est le seul des trois grands tours sur lequel les coureurs peuvent se projeter. C’est silence radio du côté du Giro et les nouvelles dates de la Grande Boucle rendent la tenue de la Vuelta impossible aux dates initialement prévues (du 14 août au 6 septembre).

Habituellement, les leaders sont répartis très en amont par leur équipe sur les trois épreuves, ce qui empêche un embouteillage des ego sur un unique grand tour. Cette année, le Tour de France pourrait être le seul à avoir lieu et donc concentrer toutes les ambitions. Dans tous les cas, la tenue d’un Giro ET d’une Vuelta, dans un format habituel, après le Tour paraît déjà très compromise (et impossible avant). Il y aura forcément des déçus et la tendance actuelle n’est pas favorable aux Espagnols, et ce même si la saison est prolongée jusqu’au début du mois de novembre.

 

La Vuelta sacrifiée ?

Tout simplement parce qu'après le Tour de France, tout le calendrier cycliste pourra s'étendre sur un maximum de sept week-ends (jusqu'au 8 novembre). Le premier est dévolu aux Mondiaux que l'UCI organise à domicile, en Suisse. On peut compter sur Mauro Vegni pour se battre bec et ongles afin que son Giro ait lieu en octobre. Comme un grand tour a besoin de s'étendre sur quatre week-ends, le Tour d'Italie pourrait s'accaparer quatre des six restants. Tout chevauchement avec la Vuelta est impensable, pour des questions de droits tv notamment. Il n’y aura guère que le mois de novembre pour sauver le Tour d’Espagne, un mois habituellement synonyme de trêve internationale... Difficile donc de trouver un créneau, d'autant que des monuments comme le Tour des Flandres ou Paris-Roubaix attendent aussi leur tour.

Le report du Tour de France sur son créneau est un nouveau symbole qui vient confirmer l'importance minime du Tour d'Espagne dans l'économie du vélo. Amaury Sport Organisation (ASO), qui possède les droits des deux courses, sait que l'annulation d'une Vuelta n'est pas un enjeu vital pour le sport. “Sans le Tour de France, c’est le modèle du cyclisme qui pourrait s’effondrer”, rappelait Patrick Lefévère dans les colonnes du Het Nieuswblad fin mars. Pourtant, le patron de la formation Deceuninck-Quick Step n’est pas du genre à être du côté d’ASO. Si le sacrifice de la Vuelta, ou la réduction de sa longueur, venait à être confirmée, les leaders qui avaient prévu de se battre en Espagne pourraient décider de se reporter sur le Tour de France.

Embouteillage à prévoir

S’il avait d’autres projets pour 2020, on imagine mal un Romain Bardet ne pas être au départ de la Grande Boucle, à Nice le 29 août prochain. Le patron d'AG2R La Mondiale, Vincent Lavenu, a d'ailleurs annoncé que le Français visera une participation au Tour. La question se posera aussi pour d’autres coureurs qui, comme Bardet, avaient coché le Giro et la Vuelta en début d’année. Vincenzo Nibali fait partie de ceux-là. Primoz Roglic, Tom Dumoulin, Steven Kruijswijk, Nairo Quintana, Mikel Landa, Alejandro Valverde, Enric Mas, Egan Bernal, Geraint Thomas, Tadej Pogacar, Miguel Angel Lopez, Emanuel Buchmann et Thibaut Pinot (et d’autres) avaient, eux, déjà le Tour dans le viseur avant même le début de la saison. Et la liste n'est pas complète.

Le fait d’avoir décalé le Tour de France deux mois après ses dates initiales permettra aussi à des coureurs comme Chris Froome d’avoir un peu plus de temps pour se refaire une santé. Les blessés ne seront pas légion au moment de reprendre la compétition, probablement sur le Critérium du Dauphiné début août. Et si tout le monde, ou presque, sera disponible pour se mesurer aux 21 étapes du Tour de France 2020, il s’agira aussi d’être prêt pour la course en ligne des Mondiaux sur route, toujours prévue le 27 septembre, soit une semaine après l’arrivée du Tour (et le tracé est montagneux).

Attendez-vous donc à un plateau encore plus relevé qu'à l'accoutumée cette année. Pour l'anecdote, Ineos pourrait décider d'aligner quatre vainqueurs de grand tour sur la Grande Boucle (Froome, Thomas, Carapaz et Bernal). Alors, oui, l'accumulation de talents n'est pas gage de réussite sur le Tour. Le cas de la Movistar et de son trio Valverde-Quintana-Landa l'a bien montré l'an passé. Mais la lutte sera féroce, au sein de chaque équipe pour avoir une des huit places pour participer au Tour, et donc sur la route entre une myriade de leaders. Reste à savoir si la coupure liée à la pandémie de Covid-19 n'entame pas trop leur préparation.

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