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Cyclisme : Bernal, Evenepoel, Pogacar, la prise de pouvoir des jeunes

Cette année a définitivement marqué l'éclosion et la confirmation de jeunes talents du cyclisme au premier plan : Egan Bernal vainqueur du Tour de France, Remco Evenepoel sur la Clasica San Sebastian ou Tadej Pogacar en Californie. Ce dernier sera jeté à 20 ans dans le grand bain sur le Tour d'Espagne samedi. Le cyclisme voit l'arrivée d'une génération florissante qui n'est plus simplement là pour apprendre mais pour gagner.
Article rédigé par Charles-Antoine Nora
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
 

Ils étaient inconnus ou presque il y a quelques mois, ils sont aujourd'hui sur le devant de la scène. Marc Hirschi 20 ans, 3e de la Clasica et jouant les premiers rôles avec les meilleurs sur le BinckBank Tour mi-août. Tadej Pogacar, vainqueur à 20 ans du Tour de Californie, épreuve World Tour, sera l'attraction de cette génération à suivre sur le prochain Tour d'Espagne. Dans la continuité des Pavel Sivakov, Egan Bernal et Remco Evenepoel qui ont explosé cette saison, le coureur d'UAE-Team Emirates incarne le futur d'un cyclisme en plein bouleversement générationnel. 

Génération dorée

Les jeunes gagnent et n'ont rien à envier à leurs aînés. Un constat qui ne choque plus. Après l'exploit d'Egan Bernal sur le Tour de France à 22 ans en juillet dernier, Remco Evenepoel (19 ans) a fait la Une début août en remportant la Clasica San Sebastian On connaissait certes les qualités du jeune Belge mais le voir s'imposer sur une grande classique World Tour, a définitivement entériné l'arrivée de la"Next Gen" du cyclisme au premier plan. Quelques jours plus tard sur un tout autre terrain, il remporte le contre-la-montre des championnats d'Europe devant des cadors de la discipline. Mais comment expliquer l'explosion au haut niveau de coureurs si jeunes ? "Difficile de trouver une explication rationnelle, on a des jeunes qui sont gâtés par la nature et on fait face à une génération dorée", nous confie Thomas Voeckler, sélectionneur de l'équipe de France. "On pense également à Mathieu Van der Poel (24 ans) ou Wout van Aert (24 ans). Ils ont un talent fou". Deux autres phénomènes de la saison. 

Mais dans un sport où une certaine maturité physique est requise pour réussir au plus haut niveau, cette nouvelle génération ne se contente pas d'un rôle d'apprenti. Si aujourd'hui la patience est une vertu, les directeurs sportifs n'ont plus peur d'envoyer leurs jeunes pépites dans le grand bain dès le plus jeune âge. Pavel Sivakov a découvert le Giro en mai dernier et à seulement 21 ans, le jeune franco-russe a été à la barre du navire Ineos. Vainqueur du Tour des Alpes quelques semaines auparavant, il a joué la gagne avec les meilleurs sur le Tour d'Italie pour finir à une 9e place convaincante. Plus qu'une confirmation. Début août, il s'est même permis de remporter le Tour de Pologne, épreuve World Tour par étape du calendrier. Et au sein de la formation britannique, les pépites courent très tôt avec les grands. Ivan Sosa, 21 ans et déjà double vainqueur du Tour de Burgos, frappe lui aussi à la porte. Ces moins de 23 ans qui pourraient encore courir en espoir n'ont plus rien de juvénile.

Evolution du cyclisme moderne

L'avènement de jeunes prodiges a changé la donne et mis la lumière sur la formation et l'amélioration des techniques d'entrainement. Des méthodes qui permettent aux jeunes de découvrir le haut niveau plus tôt selon Thomas Voeckler. "A mon époque nous n'avions pas toute la technique et la technologie que les coureurs possèdent aujourd'hui. Ce qui est sûr c'est que par rapport à avant il est clair que les techniques d'entraînement sont beaucoup plus pointues et les jeunes d'aujourd'hui ont grandi avec ". On parle ici de capteurs de puissance, de chiffres, de suivi et de planification d'entraînement. Les jeunes sont très bien entourés et suivis dès le plus jeune âge, ce qui favorise logiquement leur entrée dans le haut niveau. Les directeurs sportifs possèdent toutes les données physiques des coureurs et sont parfaitement capables de savoir si ils sont prêts. 

Mais pour l'ancien maillot jaune, il faut rester prudent. "Il faut encore voir sur la durée ce qu'ils vont donner. Avoir trop de qualités au début n'est pas forcément un gage de réussite sur le long terme, il faut confirmer. On parle de 4, 5 jeunes coureurs qui sont au dessus de la mêlée mais il y en a d'autres qui progressent à leur rythme et qui peuvent atteindre le très haut niveau un peu plus tard". Surtout qu'une carrière cycliste est longue et nombreux sont les exemples qui ont implosé en plein vol. 

  (LUIS FORRA / LUSA)

"Vuelta, épreuve idéale pour se révéler"

Les courses de 3 semaines ne sont pas forcément le pinacle de la difficulté auquel on s'attend. "La Vuelta c'est  l'épreuve idéale pour se révéler" affirme Thomas Voeckler. "Il y a moins de pression que sur le Tour de France par exemple. Le format est différent, c'est une course dynamique qui laisse énormément d'opportunités, pas d'obligation de résultat et avec souvent des étapes plus courtes". Kenny Elissonde (22 ans) en 2013, Lilian Calmejane (23 ans) et Pierre Latour (22 ans) en 2016 ont eux-mêmes fait leurs gammes sur le Tour d'Espagne. 

Pour l'ancien champion de France, faire un Grand Tour à cet âge-là, "n'est pas très compliqué. Il y a beaucoup de jours où l'on peut rester en retrait, des temps morts qui permettent aux jeunes de se reposer. Regardez la campagne de classiques que je trouve beaucoup plus dure qu'un Grand Tour. Il n'y a pas la même exigence, les coureurs sont soumis à des conditions compliquées et des courses de mouvement qui épuisent."

Pogacar, vainqueur également du Tour d'Algarve et meilleur jeune du Tour du Pays Basque cette saison, devrait avoir les opportunités pour s’illustrer aux côtés des expérimentés Fabio Aru et Sergio Henao notamment. Et la réussite de certains donnent des idées aux autres. L'émulation d'autres jeunes talents est une suite logique. Pogacar ne sera pas la seule tête d'affiche de la "Next Gen" présente sur les routes espagnoles. Les Colombiens Daniel Felipe Martinez (EF Education First) 23 ans depuis avril, vainqueur de l'étape reine de Paris-Nice cette saison et Sergio Higuita (EF Education First) qui vient de souffler ses 21 bougies, auront les moyens de s'exprimer en montagne. Fabio Jakobsen (Deceuninck-Quick Step) 22 ans,  devrait lui jouer les premiers rôles sur les arrivées massives. Une jeune garde qui ravive un parfum de jeunesse sur le peloton à la veille du dernier Grand Tour de la saison.

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