La renaissance du Tour d'Espagne
Depuis quelques années, le rituel était toujours le même. En avril, pour le Giro, on retrouvait les Evans, Vinokourov et compagnie, qui avaient le niveau pour un podium sur le Tour… Mais aussi Contador, vainqueur de l’épreuve en 2008, 2011 et 2015. En juillet, l’ensemble des cadors étaient réunis sur la Grande Boucle pour se livrer bataille sur la plus grande course du monde. Et à la fin du mois d’août, seuls les quelques déçus du Tour venaient se jouer la victoire sur la Vuelta. Sauf que depuis deux ans maintenant, la tendance s’inverse. Aujourd’hui, les grands noms du peloton débarquent en Espagne, et avec des ambitions.
Le renouveau en 2012
L’an passé, Nairo Quintana, Chris Froome et Alberto Contador étaient au départ de la Vuelta. Un plateau exceptionnel pour ce Grand Tour, qui a toujours souffert du succès de ses rivaux français et italiens. Le premier y a participé pour venir enrichir son palmarès, déjà fort du Tour d’Italie de la même année. Quant aux deux autres, ils avaient dû quitter précipitamment les routes du Tour quelques semaines auparavant. L’un à cause de nombreuses chutes, l’autre pour guérir de sa fracture du tibia. Au final, El Pistolero l’avait emporté en conclusion d’une des plus belles Vueltas de l’histoire. Contador vainqueur du Tour d’Espagne, cela avait quand même plus d’allure que le vainqueur précédent : Chris Horner, 41 ans, qui avait pour meilleur classement sur le Tour une… neuvième place (2010). Et ce, même si le quadragénaire l'avait emporté devant Nibali, Valverde, Rodriguez... Tous déjà monté sur le podium de la Grande Boucle.
Cette saison, la raison de la venue d’autant de cadors est tout autre. La Vuelta est devenue un objectif à part entière, et non une session de rattrapage. Froome et Quintana auraient très bien pu se contenter de leur excellent Tour de France (1e et 2e), et pourtant ils seront au départ. L’envie d’en débattre une nouvelle fois, sur les pentes rudes espagnoles. Il en est de même pour Valverde, vainqueur en 2008, mais tout juste remis de sa troisième place sur la Grande Boucle. Vincenzo Nibali et Tejay Van Garderen sont eux-aussi de la partie. De quoi ravir les organisateurs, mais aussi les supporters.
Le profil de la Vuelta ressemble de plus en plus à celui du Giro. Spectaculaire, ses deux premières semaines concentrent la plupart des difficultés, avec neufs arrivées de programmées en côte ou au sommet. Il faudra faire attention au contre-la-montre individuel de Burgos (39 km), programmé à quatre jours de l’arrivée finale à Madrid.
L’exemple du Giro
Son alter ego italien, le Giro, attire lui aussi de plus en plus de monde. «La plus dure course au monde dans le plus bel endroit du monde» (c’est son slogan) créée chaque année de nouvelles polémiques quand au trop-plein de difficultés sur le parcours, mais intéresse de plus en plus les cadors du peloton. La preuve, les trois derniers vainqueurs du Tour d’Italie ont soit remporté la Grande Boucle (Nibali et Contador), soit terminé deuxième (Quintana). Qu’il paraît loin le temps où la victoire au général paraissait être une quête italienne, comme en témoigne le palmarès : entre 1997 et 2007, que des victoires italiennes (Basso, Pantani, Di Luca…).
Avec ses étapes difficiles, et son scénario toujours spectaculaire, le Giro plaît de plus en plus au peloton, mais aussi aux médias. De quoi réjouir l’organisateur Mauro Vegni, qui déclarait ceci : « On ne conteste pas la position du Tour. Mais nous réduisons depuis dix ans l’écart qui sépare le Tour et le Giro. Il reste encore beaucoup de travail à faire, mais on ne souffre d’aucun complexe ».
Sans complexe, avec l’envie de venir concurrencer un peu plus le Tour, le Giro et la Vuelta proposent des courses plus spectaculaires, et qui attirent donc plus de monde. Oleg Tinkov avait fait la tentative de faire courir à Quintana, Contador, Froome et Nibali les trois grands Tours dans l’année, pour la somme d’un million d’euros. Le but était bien entendu d’attirer les gros poissons du peloton dans d’autres eaux que celles du Tour. Finalement, il n’y a pas eu besoin d’un aussi gros pactole pour convaincre ces champions. Contador a participé (et gagné) le Giro, avant de finir la Grande Boucle. Les trois autres se sont livrés bataille sur le Tour, et s’apprêtent à prendre leur revanche sur la Vuelta, dont le plateau est tout simplement exceptionnel. Reste à ce que ça dure, et que cette renaissance ne soit pas un coup de fumée.
De moins en moins de coureurs à doubler sur les Grands Tours
Coureurs qui doublent grands tours | Create infographics
En 2010, ils étaient 124 coureurs à avoir participé à au moins deux Grands Tours dans la saison. Quatre ans plus tard, ils étaient 20. Les équipes alignent de moins en moins leurs hommes sur deux Grands Tours ; la tendance se vérifie surtout pour le Giro, où ils sont deux fois moins qu'en 2010 à se risquer à doubler le Tour d'Italie et la Grande Boucle. Néanmoins, si la quantité est moindre, en revanche il y a plus de têtes d'affiche à risquer ce pari.
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