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Que risque Froome aprĂšs son contrĂŽle antidopage anormal ?

Suspension lors des prochains Giro et Tour de France, perte de son titre sur la Vuelta... s'il ne parvient pas Ă  justifier son contrĂŽle antidopage anormal en raison d'une concentration trop Ă©levĂ©e de salbutamol, Chris Froome risque un coup d'arrĂȘt Ă  sa carriĂšre.
Article rédigé par franceinfo: sport avec AFP
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3 min
Chris Froome avec le maillot rouge du leader du Tour d'Espagne

Q: Que dit l'Agence mondiale antidopage ?
R: Le salbutamol, un bronchodilatateur utilisé dans le traitement de l'asthme -- c'est le composant de la ventoline -- fait partie de la liste des interdictions de l'Agence mondiale antidopage (AMA) mais avec des aménagements. Inhalé, il est autorisé jusqu'à 1.600 microgrammes/24 heures, sans excéder 800 microgrammes par 12h. Pour donner une idée, une inhalation de ventoline correspond à 100 microgrammes. Ce produit est interdit par les autres voies, en comprimés ou intraveineuses par exemple. Jusqu'en 2011, le salbutamol n'était autorisé qu'avec une autorisation d'usage thérapeutique (AUT). "L'asthme d'effort est trÚs fréquent chez les sportifs. Et dans les seuils fixés aujourd'hui, les études sont assez claires pour dire que ça (le salbutamol) n'a pas d'effet sur la performance", explique à l'AFP le professeur Xavier Bigard, conseiller scientifique à l'Agence française de lutte contre le dopage (Afld).

Q: Que dit le contrĂŽle de Froome ?
R: Le coureur britannique a subi un contrĂŽle antidopage anormal le 7 septembre lors de la 18e Ă©tape de la Vuelta, oĂč il avait confortĂ© son statut de leader en grappillant 21 secondes sur son dauphin Vicenzo Nibali. D'aprĂšs son Ă©quipe, Sky, "les analyses indiquent la prĂ©sence de salbutamol Ă  une concentration de 2.000 nanogrammes par millilitre" d'urine. L'Ă©chantillon B a confirmĂ© le A. Or, au-dessus de 1.000 nanogrammes, l'AMA considĂšre que ça ne relĂšve plus de "l'utilisation thĂ©rapeutique intentionnelle". Sauf si "le sportif prouve par une Ă©tude de pharmacocinĂ©tique contrĂŽlĂ©e que ce rĂ©sultat anormal est bien la consĂ©quence de l'usage d'une dose thĂ©rapeutique (par inhalation) jusqu'Ă  la dose maximale" autorisĂ©e. "Au-dessus de cette valeur, on peut craindre un mode d'administration par voie gĂ©nĂ©rale", explique Xavier Bigard. Dans ce cas, le salbutamol peut avoir des effets anabolisants, c'est-Ă -dire une augmentation de la masse musculaire.

Q: Comment Froome peut-il se défendre ?
R: "C'est au quadruple vainqueur du Tour de France qu'il appartient de démontrer à l'UCI que cette concentration de salbutamol dans ses urines, deux fois supérieure au seuil autorisé, n'est pas due à une prise prohibée. Une étude de pharmacocinétique permet de déterminer ce que devient une substance active dans l'organisme. Selon Sky, "de nombreuses données montrent qu'il y a des variations importantes et imprévisibles dans la maniÚre dont le salbutamol est métabolisé et excrété". L'équipe énumÚre plusieurs paramÚtres, comme "l'interaction entre le salbutamol et l'alimentation ou d'autres médicaments, la déshydratation et le temps écoulé entre la prise du produit et le contrÎle". "Mon asthme s'est accentué durant la Vuelta, donc j'ai suivi les conseils du médecin de l'équipe pour augmenter mes doses de salbutamol. Comme toujours, j'ai pris les plus grandes précautions pour faire en sorte de ne pas dépasser la dose permise", assure Froome. A l'UCI de dire si ces explications sont convaincantes.

Q: Que risque Froome?
R: Le Britannique n'est pas suspendu dans l'immĂ©diat, le rĂšglement antidopage de l'UCI n'imposant pas de suspension provisoire pendant la procĂ©dure d'enquĂȘte pour le salbutamol. Si l'UCI considĂšre au terme de son enquĂȘte qu'une infraction a Ă©tĂ© commise, le dossier sera transmis Ă  son tribunal antidopage qui dira si le coureur est coupable ou non et fixera l'Ă©ventuelle sanction. De fait, il sera privĂ© de son titre sur la Vuelta 2017, une peine automatique. D'aprĂšs le rĂšglement de l'UCI, pour une substance comme le salbutamol, la suspension est de deux ans, sauf s'il est dĂ©montrĂ© que le coureur a trichĂ© intentionnellement, ce qui porte la durĂ©e Ă  quatre ans. En revanche, si le coureur dĂ©montre l'absence de faute ou de nĂ©gligence, la pĂ©riode de suspension peut ĂȘtre rĂ©duite, voire nulle. En principe, la suspension dĂ©marre au moment oĂč elle est prononcĂ©e, ce qui peut priver Froome du Giro et du Tour de France 2018. Il pourrait faire appel devant le tribunal arbitral du sport (TAS) et demander que la sanction soit suspendue, sans garantie.

Q: Y'a-t-il des précédents ?
R: ContrÎlé positif sur le Giro en 2014, l'Italien Diego Ulissi avait écopé de neuf mois de suspension. Le niveau de salbutamol s'élevait pour lui à 1900 ng/ml, un peu moins que Froome. Un autre italien, Alessandro Petacchi, contrÎlé positif sur le Giro 2007, avait écopé d'un an de suspension devant le TAS un an plus tard. Son niveau s'élevait à 1320 ng/ml. Le tribunal avait tenu compte de l'absence de "faute significative ou négligence".

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