Vuelta 2023 : avec Lenny Martinez et Romain Grégoire, la classe biberon de la Groupama-FDJ fait ses dents sur son premier grand Tour
Avec 23,5 ans de moyenne d’âge, la Groupama-FDJ est, de loin, l’équipe la plus jeune au départ du Tour d’Espagne, samedi 26 août, devant la DSM-Firmenich (25 ans). La formation française a décidé de faire confiance à ses espoirs Lenny Martinez et Romain Grégoire, entourés par trois autres novices en Grand Tour, avec pour objectif d’apprendre à devenir de grands leaders pour le futur.
"Certains s’attendaient à ce qu’on recrute des leaders, mais les leaders, on les a déjà ! Ils sont déjà chez nous, et ils vont monter en gamme". Interrogé début août sur le mercato de la Groupama-FDJ, Marc Madiot, le manageur, dessinait un avenir clair pour ses jeunes espoirs Lenny Martinez et Romain Grégoire. Intégrés cette saison dans l’équipe World Tour (le premier échelon du cyclisme mondial), les deux coureurs de 20 ans vont ainsi être mis dans le grand bain de leur premier grand Tour sur la Vuelta. "C’est le bon moment de les lancer. On sent qu’ils sont en capacité de le faire, confie à franceinfo: sport Benoit Vaugrenard, directeur sportif. Il faut être honnête, on n’emmènerait jamais une équipe si jeune sur un Tour de France, il y a trop de pression, et ça peut être compliqué aussi sur un Giro où la météo n’est pas toujours clémente et les étapes sont longues".
La Vuelta en septembre, une possibilité d'engranger de l'expérience sur le début de saison
C’est donc en Espagne que les deux jeunes coureurs de 20 ans vont pouvoir faire leurs armes, après s’être testés sur des courses à étapes plus tôt dans la saison. "Le fait que ça soit en septembre, ça permet de prendre de la caisse et de la force sur le début d’année", explique Lenny Martinez, le benjamin de la Vuelta, à 20 ans et 46 jours au départ de la course. De la force et de l’expérience, le grimpeur cannois, issu d'une famille de cyclistes, en a ainsi engrangé tout au long de la saison, en s’imposant sur le Mont Ventoux dénivelé challenge, et en terminant douzième au classement général des tours de Catalogne et de Pologne. Romain Grégoire, lui, a remporté les 4 jours de Dunkerque, le Tour du Limousin et a terminé 8e des Strade Bianche en avril.
"On va désormais voir comment ils se comportent sur trois semaines, comment ils récupèrent. Certains auront peut-être du mal avec la chaleur en début de Grand Tour, donc il faudra peut-être travailler là-dessus si le coureur veut faire le Tour de France. Il y a aussi le placement, la récupération sur le vélo et le repos…", énumère Benoit Vaugrenard, qui place cette Vuelta sous le signe de l’apprentissage. Pour cela, les jeunes coureurs de la Groupama-FDJ pourront compter sur l’expérience de Michael Storer, double vainqueur d’étape sur le Tour d’Espagne, et de Rudy Molard, qui a déjà porté le maillot rouge de leader de la Vuelta.
Apprendre des meilleurs pour devenir des leaders
Avec une start-list de gala, et la présence de Jonas Vingegaard, Primoz Roglic ou encore Remco Evenepoel, les jeunes pousses de la Groupama-FDJ auront aussi pour mission d’observer les meilleurs coureurs présents sur la course pour s’en inspirer. "Pour Lenny, l’objectif c’est d’accompagner ces coureurs le plus loin possible, voir comment ils courent, comment ils se comportent, et pas de prendre 10 minutes d’avance dans une échappée ou en poursuite pour aller chercher une étape, fixe Benoit Vaugrenard. C’est un grimpeur, donc je ne me fais pas de soucis pour la montagne, mais il va falloir aussi qu’il apprenne à gérer les étapes de transition, pour éviter les pièges comme les bordures".
Le puncheur Romain Grégoire, lui, espère passer un cap, et aura sa carte à jouer pour une victoire d’étape. "Il a gagné des courses françaises, il a validé pas mal de choses, on sent qu’il maîtrise. Mais en World Tour, il lui reste des éléments à valider, comme sa vitesse dans le final. On va travailler là-dessus, explique son directeur sportif. Et généralement, le premier grand Tour fait du bien, on y prend de la force, donc avec cette Vuelta fin août-début septembre, on sentira les bienfaits dès l’hiver et pour la saison suivante".
Chefs de file de l’équipe sur cette Vuelta, les deux coureurs issus de l’équipe Continentale, sorte de centre de formation de la Groupama-FDJ, devront aussi apprendre à se mettre dans la peau d’un leader. "Lenny n’avait jamais vraiment été mis en situation de coureur protégé avant l’année dernière. Sur ses premières courses avec ce statut dans l’équipe Conti, ça a été un peu difficile dans la gestion des émotions. Mais cette année, il a progressé, il arrive à tenir son rang, et la Vuelta doit encore aider à cela", assure Benoit Vaugrenard.
"On a souvent vu des équipes freiner les jeunes et attendre quelques années pour les lancer sur les Grands tours, alors que pour nous, la Groupama-FDJ a fait le choix de nous aligner dès cette année, savoure Romain Grégoire. C’est vraiment une marque de confiance de leur part et le projet d’avenir de l’équipe est clairement dessiné."
Et si la maturité des meilleurs coureurs cyclistes est de plus en plus précoce, à l’image de Juan Ayuso, 3e de la Vuelta 2022 à 19 ans, Tadej Pogacar, qui comptait déjà deux Tours de France à son palmarès à 22 ans, ou Remco Evenepoel, vainqueur de la Vuelta à 22 ans, Benoit Vaugrenard ne veut pas dresser de comparaisons. "Il y aura des choses acquises sur ce Tour d’Espagne et d’autres qui ne le seront pas et sur lesquelles on travaillera cet hiver. Le bilan, on ne le fera pas à la fin de la Vuelta, mais dans 5-6 ans. C’est là qu’on verra si on a réussi à les faire évoluer", se projette le directeur sportif.
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