Vuelta 2024 : sacré pour la quatrième fois, le maudit Primoz Roglic entre dans la légende

Le Slovène a remporté sa quatrième Vuelta, dimanche, après celles de 2019, 2020 et 2021, et devient co-recordman de l'épreuve avec l'Espagnol Roberto Heras.
Article rédigé par Adrien Hémard Dohain
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
Le Slovène Primoz Roglic avec le maillot rouge de leader du Tour d'Espagne, le 20 août 2024. (SPRINT CYCLING AGENCY)

Plus que jamais, la Slovénie domine le cyclisme mondial. Après le doublé Giro-Tour de France de Tadej Pogacar, c'est un autre Slovène, Primoz Roglic, qui a fait main basse sur le troisième et dernier grand tour de la saison 2024. A l'issue d'un dernier contre-la-montre dans les rues de Madrid, qui relevait de la formalité pour le champion olympique 2021 de la discipline, le leader de la Red Bull-Bora-Hansgrohe a inscrit une quatrième fois son nom au palmarès de l'épreuve, dimanche 8 septembre.

Avec désormais quatre victoires (2019, 2020, 2021 et 2024), Primoz Roglic devient ainsi le co-recordman de l'épreuve, aux côtés de l'Espagnol Roberto Heras. Autre chiffre qui témoigne de son aisance sur les routes espagnoles : Primoz Roglic a passé 42 journées avec le maillot rouge de leader, soit le deuxième meilleur total de l'Histoire derrière le Suisse Alex Zülle (48 jours en rouge). Le tout à 34 ans, après une saison marquée – comme souvent pour lui – par de nombreux épisodes de malchance.

Les malheurs français, le bonheur espagnol

S'il totalise aujourd'hui cinq grands Tours (ses quatre Vuelta et le Giro 2023), Primoz Roglic aurait un palmarès encore plus garni si le destin ne lui avait pas si souvent joué de mauvais tours. Sans entrer dans la liste exhaustive des malheurs qui l'ont frappé, on se souvient ainsi de sa chute lors du dernier Tour du Pays basque, ou de son abandon au matin de la 13e étape du dernier Tour de France, le troisième d'affilée sur la Grande boucle.

Or, sans cet abandon, le Slovène n'aurait sûrement pas pris le départ du Tour d'Espagne. Car en rejoignant la Red Bull-Bora-Hansgrohe l'hiver dernier, Primoz Roglic n'avait qu'un objectif : redevenir leader d'une équipe pour mettre fin à son histoire incomplète avec le Tour (4e en 2018, 2e en 2020). Sa deuxième place sur le Critérium du Dauphiné, quelques semaines après sa chute sur le Tour du Pays basque, laissait ainsi espérer le Slovène.

C'était sans compter sur le destin. Primoz Roglic s'est donc aligné de nouveau sur sa Vuelta fétiche, une course dont il a remporté quatre des six dernières éditions, un an après sa troisième place derrière ses coéquipiers de l'époque, Sepp Kuss et Jonas Vingegaard, et deux ans après avoir abandonné au soir de la 16e étape, alors qu'il revenait sur le futur vainqueur Remco Evenepoel. Ainsi va la vie du Slovène.

Au départ de cette 79e édition, Primoz Roglic s'avançait donc comme un favori légitime, malgré le plateau relevé de cette édition 2024. Et d'autant plus après s'être emparé du maillot rouge au soir de la 4e étape. Pourtant, deux jours plus tard et à l'instar des autres favoris, Primoz Roglic a laissé Ben O'Connor s'envoler lors de la 8e étape. A l'arrivée, l'addition était salée puisque le maillot rouge filait sur les épaules de l'Australien avec plus de cinq minutes d'avance.

Deux semaines de remontada

Malgré sa supériorité physique évidente sur cette Vuelta, le Slovène a alors dû s'employer pour détricoter jour après jour le maillot de leader de Ben O'Connor, en ne lui laissant aucun répit. Vainqueur de la 8e étape, et souvent à l'attaque, Primoz Roglic a marqué les esprits dans le mythique Cuitu Negru, en reprenant 37 secondes sur l'Australien. Problème, le Slovène recevait dans la foulée une pénalité de 20 secondes pour s'être un peu trop caché dans les voitures après un changement de vélo.

"C'est sûr que je ne suis pas content de perdre vingt secondes comme ça, ce n'est jamais bon", soufflait alors Roglic. Mais les cols espagnols et leurs raidards à forts pourcentages sont taillés sur mesure pour les qualités de puncheur du grimpeur slovène. Malgré sa minute de retard à l'entame de la dernière semaine, l'ex-sauteur à ski a profité des reliefs pour grignoter son retard, jusqu'à la bascule de la 19e étape. Vainqueur au sommet de l'Alto de Moncalvillo (8,6 km à 6,9%), Primoz Roglic signait une troisième victoire d'étape tout en reprenant presque deux minutes d'avance sur Ben O'Connor.

Epuisé par ces deux semaines de résistance, l'Australien rendait les armes et ne pensait alors plus qu'à préserver sa place sur le podium, "boire des bières et [se] reposer". Le lendemain, malgré un terrain montagneux propice aux attaques, personne n'a osé défier Primoz Roglic, pas même Enric Mas. Pourtant fringant dans cette Vuelta, l'Espagnol se savait hors course et plaçait Primoz Roglic dans la même cour que Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard : "Très peu de coureurs dans le monde peuvent faire ce genre d'effort. Nous autres devons nous gérer un peu mieux."

Le mauvais sort n'étant jamais loin lorsque l'on évoque Primoz Roglic, une intoxication alimentaire avait pourtant décimé son équipe sur cette même 20e étape. Passé entre les gouttes, le Slovène pouvait lui se diriger sereinement vers Madrid pour un dernier contre-la-montre sans enjeu. A l'arrivée, et au bout d'une saison une nouvelle fois en forme de montagnes russes, le Slovène a remporté sa quatrième Vuelta avec plus de deux minutes d'avance, le tout devant un top 10 assez dense (Enric Mas, Richard Carapaz, David Gaudu, Mattias Skjelmose...) qui donne encore un peu plus de relief à ce nouveau sacre de l'ancien sauteur à ski.

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