Dans un an, la Coupe du monde
C'est tout simplement le plus grand évènement jamais organisé au "pays du long nuage blanc". Quand l'IRB a confié le Mondial 2011 à la Nouvelle-Zélande, toute la planète ou presque (le Japon, qui pensait bien l'obtenir, avait été très déçu) s'est réjoui de retourner, 24 ans après, sur les terres de l'Ovalie. Une Coupe du monde de rugby en Nouvelle-Zélande, c'est un peu comme un Mondial de foot au Brésil. Sur le papier, il n'y a pas mieux. Après, le plus difficile commence avec tous les problèmes liés au poids économique et démographique du pays. Comment 4 millions d'habitants peuvent-ils accueillir des supporters adverses dans de bonnes conditions de confort ?
Plusieurs problèmes ont été soulevés en particulier celui de l'hébergement. En plus des hôtels (les traditionnels et les construits spécialement pour l'occasion), de nombreux couchages seront installés dans des ferries installés dans le port de Wellington et dans la baie d'Auckland. Les chambres d'hôtes, les auberges de jeunesse voire des campings (dans l'île du Nord où il fera plus chaud) sont également prévus. Malgré la crise économique, les stades seront terminés à temps mais ils ne dépasseront pas des capacités d'accueil raisonnables. Pour la dernière fois peut-être, un seul stade bénéficiera d'une capacité de plus de 50 000 places (l'Eden Park d'Auckland, qui accueillera notamment le match d'ouverture, les demi-finales et la finale, avec 65 000 places). Les autres seront de taille modeste comparée aux canons actuels et si l'on se réfère à la Coupe du monde de football qui vient de se tenir en Afrique du Sud. Les enceintes de Wellington et Christchurch pourront contenir un peu plus de 40 000 personnes, Dunedin 35 000 et les autres encore moins. Il n'y aura donc pas de tickets pour tout le monde et notamment les supporters britanniques et australiens qui devraient être les plus nombreux. La beauté des paysages et le sens de l'hospitalité des autochtones devraient inciter de nombreux fans à venir en touristes. Et comme on ne fait pas 24 heures d'avion pour rester une semaine
Mais pour que cette Coupe du monde 2011 soit une réussite, encore faut-il que les All Blacks réussissent leur compétition. Meilleure équipe entre deux rendez-vous planétaires, la Nouvelle-Zélande a tendance a ne pas résister à la pression inhérente à ce gros évènement. Titrée en 1987 à domicile, la sélection à la Fougère reste sur cinq échecs consécutifs depuis (deux défaites contre l'Australie en demi-finale (1991 et 2003), deux échecs face à la France en quarts et en demie (2007 et 1999) et une finale perdue en Afrique du Sud en 1995). Rien n'est moins attendu qu'un nouveau sacre mondial aux Antipodes. Tout autre résultat serait considéré comme un couac. Pour ce faire, les organisateurs ont mis toutes leurs chances de leur côté, aménageant un calendrier sur mesure à leurs "chouchou". Les All Blacks joueront donc le match d'ouverture face au Tonga afin d'éviter un match périlleux d'entrée contre le XV de France. Favoris pour terminer en tête du groupe, les coéquipiers de Richie McCaw devraient logiquement finit premiers et retrouver ensuite l'Ecosse ou l'Argentine en quarts puis l'Afrique du Sud en demie avant d'affronter idéalement le voisin australien dans un derby final palpitant (à moins que l'Angleterre ou les Bleus ne réussissent à dominer les Wallabies avant). Pour que le scenario idéal se réalise, il faudra toutefois que les Blacks évitent les blessures graves d'ici-là. Les deux pièces maîtresses, cap'tain McCaw et Dan Carter, seront évidemment couvés comme le lait sur le feu d'ici un an. Afin que ce Mondial s'avère un succès total sur et en dehors du terrain.
Bernard Lapasset: "en faire une fête nationale
La Nouvelle-Zélande, choisie en vertu d'une stratégie "non uniquement commerciale", possède "un dispositif extrêmement solide" pour organiser le Mondial-2011 et en faire une "fête nationale" qui "reflète les valeurs du rugby", estime le président de l'International Board, Bernard Lapasset.
Q: A un an de l'ouverture du Mondial, où en est l'organisation ?
R: "Le dispositif en place est extrêmement solide. Il y a eu un changement de gouvernement entre le moment (2005, NDLR) où la Nouvelle-Zélande a obtenu l'organisation et aujourd'hui mais le nouveau Premier ministre a non seulement confirmé les choix de son prédécesseur a en plus appuyé certaines propositions et pris certaines décisions qui ont renforcé les liens avec le Comité d'organisation et le pays tout entier. A l'échelle de la Nouvelle-Zélande c'est une Coupe du monde qui intéresse l'ensemble du pays et le gouvernement est totalement impliqué dans le dispositif. On a des engagements sur à peu près tous les dossiers, à commencer par la construction des stades. On a aujourd'hui la certitude que tous les stades seront terminés à temps utile."
Q: Où en est la billetterie ?
R: "On a connu une explosion des ventes. On est entré, à partir du 7 septembre, dans la dernière phase: la vente de billets à l'unité. La capacité maximale est de 1,6 million de spectateurs. J'espère qu'on va tenir le pari de remplir les stades. La seule inconnue, c'était le climat économique incertain, notamment sur l'Europe. Aujourd'hui, l'activité repart. Ce ne sera pas à l'échelle de la France (en 2007, NDLR), bien sûr, mais on est dans un rapport d'équilibre avec un pays de 3,8 millions d'habitants et sa capacité d'accueillir des visiteurs internationaux en nombre. On est sur le pari de remplir les stades à 90, 95%."
Q: Le dispositif d'hébergement suscitait de nombreuses inquiétudes...
R: "Il faut rester vigilant. Le gouvernement a mobilisé tout une possibilité d'actions pour mettre à contribution les établissements publics. Le gouvernement a également déplacé l'année scolaire pour libérer les établissements et permettre des hébergements particuliers dans les écoles. Nous, on a réservé deux bateaux de croisière qui seront basés à Auckland et un autre qui sera à Wellington, dans des conditions fiscales particulières."
Q: Les organisateurs prévoient une Coupe du monde déficitaire...
R: "En ce qui concerne l'IRB, le contrat financier sera tenu par le gouvernement néo-zélandais qui s'est engagé à résorber tous les déficits qui pourraient se présenter. On a la garantie d'avoir un revenu qui ne sera pas à hauteur de la France (en 2007) mais qui représente un solide investissement, qui permettra à l'IRB de conforter son engagement dans les quatre ans qui viennent. En ce qui concerne les investissements pris par la Nouvelle-Zélande, il y aura certes des arbitrages à faire entre eux pour boucler le dossier. Il y aura certainement une partie de la charge qui sera prise par le gouvernement."
Q: Petit pays, petit budget: cette Coupe du monde ne sera-t-elle pas la dernière du genre, avant l'Angleterre en 2015 et le Japon en 2019 ?
R: "On a misé sur un système différent en attribuant simultanément les deux prochaines Coupes du monde pour sécuriser des partenariats sur le long terme et ne plus miser uniquement sur la taille du pays, sa capacité à organiser. C'est le cas du Japon, par exemple. C'est l'environnement économique qui a pesé sur cette décision, plus que l'environnement sportif. La Nouvelle-Zélande a été un choix de stratégie voulu par mon prédécesseur. Elle a énormément contribué à renforcer l'image de marque du rugby international. On a souhaité organiser une Coupe du monde dans ce pays pour en faire une fête nationale. On ne l'a pas fait en se basant sur des stratégies uniquement commerciales. C'est un choix basé sur la mise en oeuvre des valeurs du rugby, porté dans un pays qui a toujours contribué à renforcer le lien social entre les populations. On le voit bien avec la composition de l'équipe des All Blacks."
Avec AFP
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