"Eux, ce qu’ils ont dans la tête, c’est rentrer" : les danseurs du Grand Ballet de Kiev, en tournée en France, s'apprêtent à retourner en Pologne et en Ukraine en bus
Après 48 spectacles joués dans toute la France, le Grand Ballet de Kiev achève sa tournée ce mercredi. Face à la situation en Ukraine, le retour des danseurs au pays s’avère plus compliqué que prévu. Interview du producteur du spectacle en France, Philippe Montabrut.
En tournée depuis le 3 janvier, le Grand Ballet de Kiev interprétera "Le lac des cygnes" de Piotr Ilitch Tchaïkovski lors de deux dernières représentations, mardi 1er mars à Rouillac et mercredi 2 mars à La Teste-de-Buch. Et ce, alors même que l'Ukraine est en pleine guerre avec la Russie. Après l'annulation de leur vol, leur retour au pays est des plus incertains.
Franceinfo culture : Le début de l’invasion en Ukraine, il y a six jours, a-t-il eu un impact sur la tournée du Grand Ballet de Kiev ?
Philippe Montabrut : Les danseurs sont inquiets, mais ce sont eux qui ont voulu finir la tournée. Je ne leur ai rien imposé. Il restait quatre spectacles. Ils prennent tous les jours des nouvelles de leur famille, et pour l’instant il n’y a pas eu de dégât de leur côté. Un couple est reparti parce qu’il avait un enfant de six mois en Ukraine. Au niveau de la fréquentation, je ne peux pas dire s’il y a eu un afflux par rapport aux événements. Par contre, il y a eu beaucoup de témoignages de solidarité. Samedi, à Moulins, la troupe a reçu une médaille d’honneur de la ville, délivrée par le Maire.
A la fin de la tournée, qu’envisagent les danseurs ? Rentrer en Ukraine, rester en France ?
Normalement, ils devaient partir en avion, mais l’espace aérien est fermé. Je travaille depuis des années avec une société de transport polonaise. Nous avons pris nos dispositions avec une association en Pologne, au niveau de la frontière, qui devrait les accueillir. Nous les amènerons là-bas en bus. Ils partiront le vendredi 4 mars, à 4h du matin. Deux tiers resteront à la frontière polonaise, l’autre partie repartira en Ukraine. Lors d’une représentation à Colmar, des Français ont proposé de les accueillir, les danseurs ont gardé leurs coordonnées. Eux, ce qu’ils ont dans la tête, c’est rentrer.
Comment imaginez-vous la suite pour la compagnie du Grand Ballet de Kiev?
Ça dépendra de combien de temps ça dure, on ne peut pas savoir. Le directeur du Ballet National d’Ukraine m’a dit que Kiev était assez calme. En 2008, en Géorgie, ça a duré neuf jours. Je souhaite que ça s’arrête le plus vite possible. C’est mauvais pour tout le monde, les civils, l’armée. Et la culture. Entre le Covid et la guerre, nous n’avions pas besoin de ça.
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