Denis Masseglia, président du CNOSF : "Pour le sport amateur, le problème sera l'après-confinement"
Le Premier ministre Jean Castex l'a annoncé ce jeudi : les sportifs professionnels pourront continuer compétitions et entraînements. Pensez-vous que les modalités de ce deuxième confinement parviennent à limiter les dégâts pour le monde du sport ?
Denis Masseglia : "On peut dire que c'est un moindre mal, par rapport au premier confinement. Mais il y a deux choses. D'abord, la majorité des clubs de sport n'entrent pas dans ces critères. Donc la majorité des clubs va devoir fermer. Ce sont souvent des petites structures, de quelques salariés, qui vont pâtir. Ce sont eux qui m'inquiètent.
Ensuite, pour les clubs qui restent ouverts, qui sont a priori des grosses structures, cela se fera clairement à perte. Car ils vont devoir engager les frais pour le bon fonctionnement du club, sans les revenus habituels. Car l'essentiel des pratiquants se situe dans les couches d'âges supérieures, ou hors de ces populations spécifiques que sont les athlètes de haut niveau ou les personnes pratiquant du sport sur ordonnance".
Le ministère des Sports avait déjà mis en place un plan d'aide de 30 millions d'euros pour les clubs et les fédérations après le premier confinement. Faudra-t-il des aides supplémentaires pour cette nouvelle période de confinement ?
DM : "On aura surtout besoin d'une vraie politique de "réanimation". Le problème numéro 1 pour les clubs et les associations de sport, ce sera l'après-confinement. Certes, il y aura des pertes de recettes. Mais il y a surtout la crainte que les membres ne reviennent pas une fois le confinement terminé, qu'ils trouvent une autre forme d'activité. Il faudrait donc trouver un moyen d'anticiper cela, une méthode pour encourager les gens à reprendre le sport.
Pour la culture, ils avaient mis en place un Passeport culture et ce, même avant pour le premier confinement. Quelque chose de similaire serait plus que bienvenu pour le sport. Par exemple une allocation sportive de reprise, ou quelque chose du genre, destinée aux famille pour les inciter à s'investir dans une activité sportive une fois le confinement terminé."
Comment s'est passée la reprise de l'activité après le premier confinement, et vous attendez-vous à une reprise similaire après ce 2e confinement ?
DM : "Aujourd'hui nous avons des chiffres, mais ce ne sont que des estimations. Il y a eu une embellie dans les premiers jours de septembre, mais ça s'est de nouveau tassé à partir des premières mesures restrictives. Cette embellie doit cependant être nuancée : nous étions en septembre, c'est la période traditionnelle pour se mettre à un sport. Ça risque d'être plus compliqué si le confinement s'arrête en décembre ou en janvier."
Dans une lettre envoyée au Président ce lundi, le CNOSF s'est associé aux clubs et fédérations pour exprimer le désarroi du monde du sport. Vous pointez du doigt une stigmatisation du sport par rapport à d'autres secteurs. Ce nouveau confinement va-t-il accentuer cette stigmatisation ? Et que faut-il faire d'après vous pour qu'il y ait une prise de conscience de l'enjeu du sport dans la société ?
DM : "Il y a d'abord un manque de données concrètes pour mesurer le désarroi des clubs. Nous avons envoyé une enquête à toutes les fédérations et les clubs, pour qu'ils nous fassent remonter leur volume d'activité et leur nombre de membres en ce début de confinement. On fera la même enquête dans un mois, puis encore dans deux mois : comme cela nous aurons des chiffres concrets pour que tout le monde prenne conscience du réel danger auquel font face nos clubs.
Il faut dire par ailleurs que la lettre du mouvement sportif au président semble avoir déclenché quelque chose. J'ai eu un nombre incalculable de retours des clubs et des fédérations, qui me disent : "enfin, on avait besoin d'un signal, on cédait au découragement". Ensuite, on a reçu un certain nombre de messages positifs de la part du ministère depuis cette lettre, pour travailler ensemble sur une aide, pour la reprise de l'activité des clubs amateurs".
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